Henri Jungels, le père de Bob, occupe une mission de conseiller informel auprès de son fils. À l’heure d’envisager la reconduction, ou non, de contrat du champion national avec Deceuninck, il explique son rôle.
Depuis l’intervention de Patrick Lefevere, samedi, dans les colonnes du quotidien flamand Het Nieuwsblad, le nom de Bob Jungels est revenu en force sur le marché des transferts. Dès janvier, lors de la présentation de l’équipe Deceuninck-Quick Step, Patrick Lefevere, manager de l’équipe avait indiqué que, le moment venu, il lui faudrait engager des discussions avec le principal intéressé, le coureur luxembourgeois de 27 ans, et son père Henri. Une manière implicite d’inclure ce dernier dans les tractations, et non en vertu d’une simple autorité paternelle…
La question est désormais de savoir si Bob Jungels va prolonger à partir de 2021 sa collaboration, qui en est à sa cinquième année, avec la prolifique formation belge. Pour rappel, dans sa chronique, Lefevere avait ainsi évoqué les quatre reconductions (Bob Jungels, Yves Lampaert, Iljo Keisse et Dries Devenyns) qu’il espérait voir aboutir : «Je jouerai avec une carte ouverte. Ne change jamais une équipe gagnante (…) Je préfère garder les quatre. Keisse et Devenyns peuvent prolonger d’un an dans les mêmes conditions. Iljo est de la vieille école qui négocie sans agent.»
S’il a déjà évoqué le sujet avec Lampaert, il avait ajouté au sujet des deux leaders pour les classiques flamandes : «Ils veulent rester, nous voulons les garder. Mais ce sont de bons coureurs pour qui une offre importante peut venir d’une autre équipe. Ensuite, nous devons le faire ou non, c’est toujours la question.»
«On vit ensemble cette histoire»
En clair, les négociations vont pouvoir commencer. Si en règle générale les négociations avec les leaders s’opèrent fin mai-début juin, cette fois-ci, c’est juste décalé de quelques semaines. Et en cette année 2020 particulière, ce ne peut être pénalisant (nerveusement parlant) pour les leaders, car aucune course n’est en vue, la reprise étant programmée en août.
Alors quel rôle exact pour Henri Jungels dans ce contexte? «Attention, rectifie rapidement Henri, l’agent de Bob reste Andrew McQuaid. Maintenant, Bob et moi vivons ensemble cette histoire, mais moi, je n’ai pas les clés pour contacter les managers d’équipe.»
C’est pourtant un dialogue constant et harmonieux sur ce sujet brûlant qui anime le père et le fils. «Bob est assez grand pour savoir ce qu’il veut et c’est à lui de faire son choix», explique Henri Jungels, pour qui les possibilités sont grandes. «Pour le moment, une demi-douzaine d’équipes se sont montrées intéressées. Ce qui n’était pas forcément évident avec la crise sanitaire. Beaucoup d’équipes du World Tour se trouvent en difficulté et cela a forcément un effet sur le marché», confirme l’ancien président de l’UC Dippach.
Concernant son fils, il résume parfaitement les données de la problématique : «Bob est content de son équipe, ce qui pourrait le pousser à poursuivre, mais d’un autre côté, il est également content de savoir que d’autres équipes veulent s’attacher ses services.»
«Ouvert à toutes les propositions»
C’est au fil des discussions père-fils, ou fils-père, que les choses avancent doucement mais sûrement. Rien ne presse encore, même si chacun aura bien compris à travers l’intervention médiatique de Patrick Lefevere, légitime lorsqu’on est patron d’une équipe, que le boss met doucement la pression, son budget 2021 étant déjà calé.
Henri Jungels : «La nature du contrat proposé et les choix sportifs seront la priorité. C’est de ça que Bob et Patrick Lefevere vont discuter. Bob est devenu très mature, mais il reste un compétiteur affirmé. Il a l’objectif d’évoluer encore dans ce sport, de continuer à progresser. Il n’aime pas perdre et il sait ce qu’il vaut, il me le répète souvent. Il n’a pas peur de l’afficher : il veut être le meilleur. En sport, c’est plutôt une qualité, je trouve…»
Dans le choix qui finira pas s’opérer naturellement au bout de la réflexion qui reste à poursuivre, Henri Jungels n’interviendra donc pas au final. «Je ne veux pas me mêler du choix final. Bob sait ce qu’il veut et il est assez expérimenté. Il avait hâte de montrer sa valeur en 2020. La situation fait que les courses ont été reportées. Il est rassuré de voir qu’on s’intéresse à lui. Pour le moment, il reste ouvert à toutes les propositions», conclut-il.
Denis Bastien