Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le Luxembourgeois de l’équipe Bora-Hansgrohe va démarrer sa saison mercredi avec le Tour de Valence. Il évoque du haut de ses trente ans sa nouvelle équipe, Bora-Hansgrohe et ses nouveaux objectifs.
C’est demain que Bob Jungels (30 ans) va étrenner sa nouvelle tenue Bora-Hansgrohe en compétition. Depuis une dizaine de jours, après son stage passé aux Grandes Canaries, il a retrouvé à l’entraînement la dureté des frimas luxembourgeois. C’est donc avec un peu de soulagement que Bob Jungels va retrouver le soleil de la région de Valence.
Vous reprenez la compétition demain avec le Tour de Valence. Comment vous sentez-vous sous vos nouvelles couleurs au moment de la reprise?
Bob Jungels : Tout va bien. Je suis rentré le 23 janvier de stage en altitude. La préparation s’est plutôt bien passée. Après le stage de décembre à Majorque, j’étais revenu une dizaine de jours au Luxembourg. Puis, après les fêtes, je suis donc reparti deux semaines en stage aux Grandes Canaries où j’ai pu bien m’entraîner sur de longues montagnes. La forme est là. Le poids est bon. Je suis plutôt très motivé et très optimiste.
Vous avez déjà de bonnes sensations?
Depuis quelques années, c’est le premier hiver où je vois que les chiffres (NDLR : ses données) sont déjà là et cela donne de la confiance.
Pour ce Tour de Valence, il s’agira pour vous d’une reprise en douceur ou bien vous comptez déjà vous étalonner?
Je pense qu’on va prendre cette course de reprise, jour par jour. Cela va correspondre également aux aspirations de l’équipe. Nous évoluerons avec Aleksandr Vlasov, Lennard Kämna. Il n’y a pas vraiment de pression. Mais bien sûr, s’il y a quelque chose à faire, je vais essayer de me montrer.
Dans votre nouvelle équipe Bora-Hansgrohe, qu’appréciez-vous de particulier?
J’apprécie beaucoup la vision de l’équipe qui se rapproche de la mienne en ce qui concerne la performance, le matériel, les stages. C’est très bien structuré avec une vision pour évoluer au fil du temps. C’est une équipe qui a des buts à court terme, mais aussi à long terme. C’est du standing des équipes du Word Tour. On retrouve un fil rouge par rapport au futur. C’est mon fonctionnement également et je le retrouve dans cette équipe, ce qui est très agréable. À côté de cela, il y a une très bonne atmosphère. Il y a une ambiance telle que tout le monde a envie de travailler. Le staff et les coureurs ont compris que c’est une chance de travailler pour cette équipe.
Je pense d’ailleurs que l’équipe recherchait un coureur de mon profil, avec mon caractère, pour guider un peu, transmettre son expérience
Vous aurez un directeur sportif attitré sur cette saison?
Oui, c’est Enrico Gasparotto, un directeur sportif que je connais un peu déjà (l’Italien, âgé de 40 ans, ancien double vainqueur de l’Amstel Gold Race, a couru jusqu’en 2020) pour l’avoir côtoyé dans le peloton lorsqu’il était coureur. Il a une façon de fonctionner assez direct. Il dit les choses et je trouve que c’est important. J’ai 30 ans, si je fais de la m…, c’est bien qu’on te le dise directement et de l’autre côté, si tu as bien travaillé, on te le dit aussi.
À 30 ans, justement, vous êtes désormais un coureur d’expérience…
Oui, c’est ça. J’ai couru dans pas mal d’équipes (Trek, Quick-Step, AG2R-Citroën et désormais, Bora-Hansgrohe). J’ai couru beaucoup de courses différentes. Je pense d’ailleurs que l’équipe recherchait un coureur de mon profil, avec mon caractère, pour guider un peu, transmettre son expérience. Notamment pour les grands tours où on a un coureur comme Jai (Hindley, vainqueur du dernier Tour d’Italie et avec qui Bob Jungels devrait disputer le prochain Tour de France), un coureur habitué aux podiums. Je connais la pression des grands tours et je sais comment l’appréhender. Et puis je pense que mon équipe sait aussi que j’ai des ambitions personnelles, c’est ce qui est vraiment bien.
C’est ce qui avait été rappelé lors de votre recrutement. Il y avait d’un côté un rôle de capitaine de route sur les grands tours mais aussi la possibilité de vous voir remporter des courses…
Je suis convaincu que pour moi, les victoires, ce n’est pas fini. Mon équipe a également la même optique. C’est plutôt pas mal.
Au départ, il semblait que le Giro soit à votre programme. Mais désormais, c’est bien sur le Tour qu’on devrait vous revoir, c’est bien ça?
Oui, au début, on avait discuté de la possibilité de m’aligner sur le Giro où il y avait plus de chrono que sur le Tour de France. On pouvait penser que je puisse réaliser un bon classement sur le Giro mais après discussion avec l’équipe, on a convenu qu’il faudrait entourer Jai (Hindley) sur le Tour, car ce Tour de France 2023 sera compliqué.
Quelles seront les grandes lignes de votre saison?
Je débute avec ce Tour de Valence. Ensuite, je serai en stage en altitude de trois semaines à Tenerife sur le volcan Teide. Ce sera la première fois pour moi, cela va faire du bien de changer un peu. Après, je m’alignerai sur Paris-Nice (5-12 mars), le Grand Prix E3 (24 mars), Gand-Wevelgem (26 mars), le Tour des Flandres (2 avril), les trois classiques ardennaises – l’Amstel Gold Race (16 avril), la Flèche Wallonne (19 avril), Liège-Bastogne-Liège (23 avril) –, avant de couper un peu. Ensuite, je reprendrai au Dauphiné (4-11 juin) puis il y aura les championnats nationaux (21 et 25 juin) et le Tour de France (1er-23 juillet).
Le Tour des Flandres reste un monument que j’ai en tête. Je pense que j’ai les capacités pour y faire un bon résultat. C’est donc clairement une course que j’ai cochée
C’est un schéma de programme que vous avez déjà sensiblement expérimenté par le passé…
Oui, j’ai déjà fait toutes ces courses. Il y a un peu de tout, mais surtout beaucoup de possibilités pour moi de me montrer. C’est ça qui est très intéressant pour moi.
On vous verra ambitieux dès Paris-Nice ou alors votre équipe aura un autre leader?
Normalement, Paris-Nice sera un premier but pour moi avec un parcours qui me convient pas mal normalement, mais on a aussi Maximilian Schachmann qui l’a déjà gagné deux fois (2020 et 2021). Ce sera intéressant avec le chrono par équipes. Nous aurons également une belle équipe autour de Sam Bennett pour les premières étapes.
Justement, ce chrono par équipes sur Paris-Nice, avec ce nouveau règlement, il vous inspire quoi?
Je pense avoir compris le principe. Mais voilà, je pense que cela sera bizarre de prendre le temps du premier coureur sur la ligne…
Si vous regardez votre calendrier de courses, pouvez-vous fixer une date où vous établissez clairement un objectif personnel?
Les classiques seront importantes et le Tour des Flandres reste un monument que j’ai en tête. Je pense que j’ai les capacités pour y faire un bon résultat. C’est donc clairement une course que j’ai cochée. Après, on sait très bien qu’une course gagnée est une course gagnée. Que ce soit le Grand Prix E3, ou Gand-Wevelgem, ça vaut quand même beaucoup. Pendant toutes les classiques, je chercherai à gagner.
Par rapport à vos équipes antérieures, la façon de courir sera-t-elle différente?
Surtout pour les classiques, car chez Bora, sur les Flandriennes, il n’y a pas un leader qui se détache. Il y a une grosse base avec, par exemple, Nils Politt, Danny Van Poppel et d’autres. On sera solide, mais personne qui entre automatiquement dans le final. Il y a une belle opportunité pour moi si la forme est bonne. Je pense que je vais retrouver un peu la manière de courir comme chez Quick-Step. Généralement, Bora-Hansgrohe est une équipe qui prend les choses en main, qui anticipe. Qui essaie de faire bouger les lignes. C’est la façon de courir que j’aime. Je pense que ça va bien me convenir. C’est important aujourd’hui de jouer sur l’anticipation. Si on attend que les Van der Poel et Van Aert bougent, cela peut être compliqué, je pense. On va retrouver pas mal de monde sur les Flandriennes, ce sera intéressant.
