Christine Majerus, qui a prolongé son contrat de deux ans à SD Worx, donne de ses nouvelles, près de trois semaines après son opération.
Voici déjà presque trois semaines que Christine Majerus a été opérée pour une luxation sterno-claviculaire postérieure nécessitant une intervention chirurgicale, après sa lourde chute survenue sur la première étape du Simac Ladies Tour. Une opération bien plus lourde qu’attendu de prime abord, comme elle l’explique ici plus en détail. Après l’immobilisation va venir le temps de la rééducation, puis celui de la reprise de l’entraînement, qu’elle espère rapide étant donné que la multiple championne nationale de 35 ans vient de prolonger de deux ans le contrat qui la lie à SD Worx.
SA CONVALESCENCE
«Pour le moment, il n’y a pas encore de rééducation en fait, car j’avais trois semaines d’immobilisation. J’ai encore le bras en écharpe jusqu’à ce vendredi. Ensuite, je pourrai commencer à faire de la kinésithérapie pour mobiliser mon épaule. Ensuite, j’aurai encore trois semaines avant de pouvoir lever mon bras. Pendant tout ce temps, je suis interdite de rouler sur la route afin d’éviter le suraccident. En cas de chute, ce serait fatal. Depuis ma chute (le 30 août), je n’ai donc pas fait de sport. C’est ennuyeux, d’autant plus que j’ai souffert de douleurs extrêmes dans la nuque et dans le dos. Cela m’a handicapée pas mal dans la petite vie que je menais (rire). Mais cela fait quelques jours que cela va un peu mieux. Je viens de me faire ôter les fils, pour surveiller la cicatrisation, et je suis revenue au Luxembourg pour consulter. Je surveille, je ne veux pas prendre de risques.»
Le corps médical que j’ai croisé n’avait pas encore rencontré ce genre de pathologie et la littérature médicale sur le sujet est pauvre
SA BLESSURE
«Ce n’était pas une luxation courante de l’épaule, sinon cela se serait remis facilement. S’il a fallu intervenir chirurgicalement, c’est que c’était grave. L’articulation entre la clavicule et le sternum était touchée. Cette luxation-là n’est pas rare, elle n’est pas rare en avant. Là, c’était vers l’arrière et c’est rare. Le corps médical que j’ai croisé n’avait pas encore rencontré ce genre de pathologie et la littérature médicale sur le sujet est pauvre. Du coup, les médecins ne pouvaient pas se prononcer sur le délai de guérison nécessaire. Mais c’était nécessaire d’opérer afin de ramener la clavicule vers l’avant. C’était même obligatoire, car cela faisait pression sur les tissus mous de l’arrière. Par rapport à la trachée, cela pouvait être dangereux. C’est pour ça qu’à Maastricht, une fois le diagnostic posé, les médecins ne voulaient pas me laisser partir, cela pouvait porter atteinte aux tissus mous.
SA SAISON HIVERNALE
À partir de mon opération, il était clair que ma saison 2022 était finie. Je dois juste espérer que je ne devrais pas retarder ma préparation pour la saison prochaine. J’espère également que je ne souffrirai pas de séquelles à long terme. C’est ennuyeux, car on ne voit pas souvent cela. Cela m’empêche de me projeter. J’espère surtout que cela restera stable et que, par la suite, je n’aurai pas peur de rechuter dessus. Il faut donner du temps aux ligaments qui étaient arrachés pour se reconstituer. D’où l’immobilité des trois semaines. Pour repartir sur un bon pied. Car l’articulation est fixée. Les médecins ont percé dans la clavicule et le sternum avec une sorte de liaison. Comme c’est une articulation, ils ne pouvaient pas fixer une plaque. Pour le moment, je ne me projette pas. Je reste juste dans l’idée de faire quelques cyclo-cross en fin d’année si tout se passe bien. Je suis partie dans le trip de ne pas faire de plan. Si jamais je peux m’entraîner un peu et si j’ai un peu d’assurance, ce qui serait bien dans la tête, pourquoi pas? C’est sûr que le cross n’est pas forcément là où on est le plus en confiance, mais je ne ferme pas de portes. C’est le corps qui va dicter sa loi, je n’ai pas mon mot à dire (rire). Mais une reprise en cross ne pourrait pas se faire avant novembre. Car j’ai pas mal d’obligations en novembre avec l’équipe (SD Worx).
SA RÉÉDUCATION
J’ai une rééducation à faire et je vais repartir de zéro. J’essaie de marcher pour ne pas être complètement fatiguée, mais cela ne remplace pas l’entraînement. Du coup, je vais devoir refaire une bonne base, ce que je n’avais pas forcément à faire les hivers précédents. Je faisais une pause, mais je ne repartais jamais de zéro. Ce sera une première pour moi. Il faut que je prenne mon temps. La saison de route qui suit est importante et il ne faudra pas que je me loupe. Cela m’embête, car nous sommes en fin de saison. Je venais juste de reprendre confiance. J’avais bien récupéré du Tour de France et j’étais venue sur cette course avec de bonnes valeurs à l’entraînement. Et quelques ambitions. Quand j’ai vu le résultat final, je me dis que je n’aurais peut-être pas gagné, mais que j’aurais pu avoir de bons résultats.
Je ne chute pas beaucoup dans une saison et, généralement, j’ai la chance de chuter plutôt bien. C’est vrai que là, c’était de la m…
SES PRÉCÉDENTS
On est toujours un peu blessé dans une carrière. Je me suis fracturé une fois la main. C’était également en fin de saison, mais je n’étais pas au même stade de ma carrière. Personne ne l’a su. Avec les grosses blessures, j’avais plutôt été épargnée jusque-là. Il y a une part de chance et de malchance dans les chutes. Je ne chute pas beaucoup dans une saison et, généralement, j’ai la chance de chuter plutôt bien. C’est vrai que là, c’était de la m… Un peu tout en même temps. La façon dont j’ai chuté. La vitesse à laquelle j’ai chuté. La forme de ma clavicule a aussi joué, car lorsque je débutais, je me l’étais cassée, cela avait guéri de façon naturelle. Comme cela se passe généralement. Mais ma clavicule a alors pris une forme particulière suivant l’angle de la chute. C’était une mauvaise journée. En plus, dans le premier hôpital où j’ai été admise, on m’a renvoyée en me disant que je n’avais rien… Je me suis alors rendu compte que je ne pouvais pas bouger. Ce n’était pas un simple hématome. Au deuxième hôpital, c’était assez clair… Avant, j’avais eu de la chance et je suis contente d’en avoir eu…
J’ai signé deux ans de plus (avec SD Worx), car j’ai envie d’aller aux Jeux olympiques 2024 à Paris. Les qualifications se feront l’an prochain
SA PROLONGATION DE CONTRAT
J’ai signé deux ans de plus (avec SD Worx), car j’ai envie d’aller aux Jeux olympiques 2024 à Paris. Les qualifications se feront l’an prochain. Si je ne réussis pas, alors je n’aurai pas réussi cet objectif. Sans bonne année en 2023, je n’atteindrai pas le dernier objectif, sans doute, de ma carrière. Ce serait dommage. Il faut savoir se fixer des priorités. La première est de se remettre de la blessure, puis de reconstruire une bonne base pour la saison de route. Tout ce que je peux prendre en supplément pour le cross, je le prends, mais ce n’est pas prioritaire.
SES SENTIMENTS
C’est frustrant de louper les Mondiaux qui se déroulent actuellement en Australie, mais en même temps, je me dis que c’est mieux que cela m’arrive en fin de saison plutôt qu’au début. J’ai pu rouler en 2022, accumuler les charges de travail. Cela me servira en 2023. Il faut juste savoir l’accepter. J’espère que j’ai passé le pire. J’ai bon espoir que cela ira de mieux en mieux. Après six semaines sans vélo, j’aimerais pouvoir recommencer sur la route…»