La 3e étape avec l’arrivée à Diekirch, vendredi, a tenu toutes ses promesses avec un final de toute beauté. C’est le Belge Mauri Vansevenant (Soudal-Quick Step) qui s’est imposé, prenant du même coup le maillot jaune de leader. L’Italien Davide Formolo (Movistar) a pris la deuxième place, mais a été disqualifié pour avoir adopté une position interdite en descente.
Avec son accent flamand qui châtie un peu son français qu’il maîtrise parfaitement, et sa voix fluette, Mauri Vansevenant se racontait en long, vendredi, dans l’aire d’arrivée à Diekirch où venait de se dérouler une troisième étape aussi sublime qu’imaginée.
C’est ce Belge de 25 ans, au style un peu dégingandé, puisque dès qu’il se met en danseuse au plus dur de la pente, il secoue son vélo de droite à gauche avec un style particulier qui n’appartient qu’à lui. Pas forcément académique. Mais terriblement efficace. Le fils de Wim, professionnel de 1994 à 2008 principalement chez Lotto, n’avait plus gagné de course depuis le Tour d’Oman, l’an passé, mais s’est souvent fait remarquer pour ses qualités de grimpeur. À 25 ans, il a encore toute une carrière à construire.
Impossible de prédire, à ce stade de la course, s’il sera en mesure de résister à Mathieu Van der Poel. Le champion du monde néerlandais a beau répéter, depuis son succès initial dans la première étape à Luxembourg, qu’il n’est ici que pour préparer la défense de son titre, le 29 septembre à Zurich, il ne s’est pas privé de remporter le sprint des poursuivants et prendre les quatre secondes de bonification offertes au troisième, ce qui le laisse en très bonne place au classement général. Après la disqualification de Davide Foromolo, l’Italien s’étant assis sur son cadre en descente, ce qui est strictement interdit par les règlements de l’UCI, ces quatre secondes sont devenues six…
Mathieu Van der Poel, deuxième donc du classement général, à seulement 32 secondes de Mauri Vansevenant, reste donc parfaitement en place pour reprendre le maillot jaune. Car si le Néerlandais n’est pas un vrai spécialiste du chrono, qui peut douter de ses capacités lorsqu’il se trouve en position de défendre un classement général? Il ne s’est livré que deux fois cette saison, sur le Tour de France où il n’avait rien à gagner (81e du chrono de Gevrey-Chambertin au cours de la 7e étape puis 42e du chrono terminal à Nice). Mais l’an passé, «MVDP» avait par exemple réussi à terminer quatrième du contre-la-montre du Tour de Belgique, long de quinze kilomètres…
Avantage Van der Poel
Mauri Vansevenant, au gabarit de grimpeur (1,75 m pour 60 kilos) n’a pas ces références. Reste à voir si le col de l’Europe qui figure au menu du contre-la-montre de Differdange aura, ou non, une réelle influence…
D’ailleurs, Marc Hirschi, qui coche toutes les cases, ne se trouve ce samedi qu’à 45 secondes. L’an passé à Pétange, le Suisse qui n’est pas parvenu à larguer Mathieu Van der Poel, un moment décroché au plus dur de la pente, mais qui est revenu au métier, au courage et surtout avec la classe qu’on lui connaît, s’était classé septième. Lui aussi peut donc continuer à lorgner le succès final et un éventuel doublé… Le suspense demeure donc entier!
Vous l’aurez saisi, cette 3e étape avec l’arrivée à Diekirch a tenu toutes ses promesses avec un final de toute beauté. La bataille de Diekirch a bien eu lieu. Elle promettait beaucoup sur le papier. Elle n’a pas déçu puisqu’une fois arrivés sur le circuit final et une fois les derniers échappés avalés par le peloton, les attaques se sont succédé à un rythme effréné.
Et si Mathieu Van der Poel a perdu son maillot jaune, on peut convenir que le champion du monde néerlandais resta toujours dans le coup, s’offrant même le luxe de contrer le Suisse Marc Hirschi qui est passé à l’action, mais sans doute un poil trop tard.
Épatant Mats Wenzel
Devant, le duo composé du Belge Mauri Vansevenant (Soudal Quick-Step) et de l’Italien Davide Formolo (Movistar) qui avaient attaqué à l’entrée du circuit final, récupérant les derniers rescapés de la première échappée, ne faiblissait pas. Vansevenant lâchait Formolo au pied de la dernière difficulté, la dure montée de Haemerich, et filait vers le succès.
«Gagner de cette façon est très bien, surtout que je ne me sentais pas très bien depuis le début de cette épreuve. J’étais fatigué et je manquais de fraîcheur après avoir fait le Tour d’Espagne, mais j’ai continué à y croire car je sentais que j’avais encore de la force. L’équipe voulait gagner une étape ici, donc c’est super pour nous», confessait Vansevenant sans savoir que Formolo allait être disqualifié.
Côté luxembourgeois, on a vu Kevin Geniets préparer le terrain à l’offensive de David Gaudu. On a vu Bob Jungels lancer un contre avec Bart Lemmen et Nicolas Prodhomme, avant de les laisser filer. Mais le coup de pédale revient! Quant à Mats Wenzel, il a terminé dans le groupe Van der Poel avec les cadors placés derrière le duo Vansevenant-Formolo. Ça dit tout!
Les classements :
3e étape : 1. Mauri Vansevenant (BEL/Soudal – Quick Step), les 201,3 km en 4h53’34; 2. Mathieu Van der Poel (NED/Alpecin-Deceuninck) 41; 3. Marc Hirschi (SUI/UAE); 4. David Gaudu (FRA/Groupama-FDJ); 5. Bart Lemmen (NED/Visma); 6. Nicolas Prodhomme (Decathlon); 7. Andreas Kron (NOR/Lotto Dstny); 8. Wilco Keldermann (NED/Visma); 9. Juan Ayuso (ESP/UAE); 10. Antonio Tiberi (ITA/Bahrain); 11. Mats Wenzel (Luxembourg); 12. Jordan Jegat (FRA/TotaleEnergies); 13. Davide Piganzoli (ITA/Polti Kometa); 14. Harry Sweeny (AUS/EF Education) tmt; 15. Archie Ryan (IRL/EF Education) 44; 16. Michael Storer (AUS/Tudor) 48; 17. Pelayo Sanchez (ESP/Movistar) mt; 18. Quinn Simmons (USA/Lidl-Trek) 50; 19. Christian Eiking (NOR/Uno-X) 55… 38. Bob Jungels (Luxembourg) 2’35… 41. Arno Wallenborn (luxembourg) 2’52…
Classement général : 1. Mauri Vansevenant (BEL/Soudal – Quick Step) 12h21″16; 2. Mathieu Van der Poel (NED/Alpecin-Deceuninck) 32; 3. Marc Hirschi (SUI/UAE) 49; 4. Andreas Kron (NOR/Lotto Dstny) 50… 13. Mats Wenzel (Luxembourg) 54…