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[Cyclisme] Kluckers et Tudor signent une copie parfaite


Arthur Kluckers signe, à 25 ans, son premier titre de champion national élite.

L’équipe Tudor a déroulé son plan avec brio dimanche à Mertzig pour permettre à Arthur Kluckers, déjà vainqueur l’an passé du chrono, de remporter son premier titre élite de champion national de course en ligne.

Ce n’est pas le plus expansif, pas le plus grand bavard et il fallait bien suivre Arthur Kluckers pas à pas dans l’aire d’arrivée pour saisir l’émotion qui saisissait le Mosellan.

Il venait de triompher en solitaire, conformément au plan déroulé par l’équipe Tudor quelques heures plus tôt. Avec Luc Wirtgen, le puncheur, Arthur Kluckers, le rouleur, et Arno Wallenborn, le grimpeur espoir, l’équipe suisse avait trois éléments qui ont tous joué leur rôle à fond dans la touffeur du circuit de Mertzig.

On ne peut pas dire pour autant que les Tudor aient cuit à l’étouffée tous leurs rivaux, tant le kilométrage limité (mais suffisant) a fait de ce championnat national une course remplie de suspense.

Mais ils ont fort bien joué leur coup et, à vrai dire, il s’agit d’un succès amplement mérité, patiemment construit. «Avoir le maillot est quelque chose de spécial», répéta, fortement ému, le nouveau champion qui ne sait pas encore où il étrennera son nouveau tricot.

Alors, il n’était pas étonnant de voir Arthur Kluckers accueillir bras grands ouverts Luc Wirtgen, deuxième sur la ligne, puis Arno Wallenborn, cinquième. Si Alexandre Kess, 21 ans, et, pardonnez du peu, déjà par trois fois troisième (2022, 2024 et 2025), est venu troubler cette domination numérique, alors que Larry Valvasori, qui n’a rien d’un amateur, comme en 2021 à Harlange, croquait dans le titre de champion sans contrat, ce n’est pas le fruit du hasard.

Lorsque la version définitive de ces championnats nationaux largement disputés par les professionnels a pris corps, nous n’en étions qu’au troisième des sept tours de circuit à couvrir.

Mais déjà, avec les trois coureurs de Tudor, Bob Jungels (Ineos Grenadiers), Alex Kirsch (Lidl-Trek), Alexandre Kess (Lotto Kern-Haus) et Larry Valvasori (AC Bisontine), le bon coup était parti, du moins on le pressentait fortement.

Car si, derrière, Kevin Geniets (Groupama-FDJ) avait du mal à se remettre de son entame musclée («Mais j’ai surchauffé», regrettait celui qui, seigneur, a mis un point d’honneur à finir «par respect pour la course et le public»), Michel Ries (Arkéa-B&B Hotels) et Mats Wenzel (Equipo Kern Pharma), comme le reste des coureurs des équipes continentales, unissaient leurs forces, mais rien n’y faisait. L’évidence s’étalait devant les yeux du public. Le vainqueur était devant. Oui, d’accord, mais qui allait finir par sortir du lot ?

Wirtgen : «Une victoire collective»

Les Tudor avaient la course en main et la supériorité du nombre. Mais Bob Jungels paraissait fort. Tant et si bien qu’Alex Kirsch attaqua au pied de la dernière bosse. «J’ai tenté et préféré ne pas attendre le sprint», résumera-t-il, la conscience tranquille.

C’est le jeune Arno Wallenborn qui lui a remis la main sur le paletot. Tout le monde était prévenu, il restait à finaliser le plan. «J’ai refermé le trou sur Alex (Kirsch), j’avais le rôle d’équipier, l’idée était de rester ensemble.

Alex Kess, qui était super fort, a attaqué, et cela s’est encore regroupé. Arthur a attaqué dans le faux plat descendant. Bob (Jungels) n’a pas réagi directement, on savait qu’il fallait creuser l’écart. Après, c’était fini. Le but pour nous était de décrocher le maillot, on fait un et deux, c’est très bien», expliquait après coup avec clarté ce même Arno Wallenborn.

Arthur Kluckers filait vers le succès qui ne pouvait plus lui échapper. Luc Wirtgen, qui sortait d’un long stage de trois semaines en Sierra Nevada avec un certain Julian Alaphilippe en prévision du Tour de France, filait à son tour prendre la deuxième place.

«Avec trois coureurs de ce calibre, c’est normal, on ne devait pas se rater. Tout s’est passé comme prévu avant la course. C’était clair que je devais faire le sprint s’il y en avait un, alors qu’Arthur (Kluckers) et Arno (Wallenborn) devaient attaquer. C’est ce qu’on a fait, comme sur le papier. Bob (Jungels) reste un champion. Arthur l’emporte, mais c’est une victoire collective», résumait parfaitement Luc Wirtgen.

Alexandre Kess (à d.) a accompagné Arthur Kluckers et Luc Wirtgen sur ce podium inédit des championnats nationaux. Photos : luis mangorrinha