Kevin Geniets, le valeureux coureur luxembourgeois de l’équipe Groupama-FDJ s’annonce, à juste titre, sagement ambitieux pour la saison 2023.
Juste de retour au Luxembourg pour les fêtes de fin d’année, Kevin Geniets (il aura 26 ans le 9 janvier prochain) sort du stage de décembre effectué avec son équipe Groupama-FDJ du côté de Calpe. Il ne tardera pas à repartir sous de meilleurs horizons pour effectuer une bonne préparation de la prochaine saison.
Comment s’est passé votre stage à Calpe ?
Kevin Geniets : J’ai été légèrement malade à mi-stage, mais globalement, cela s’est très bien passé. Pour le reste, on a réalisé des blocs corrects. Un peu comme tous les ans. Cela se ressemble à chaque fois. Donc c’était un bon stage.
Est-ce l’occasion pour vous d’évaluer où vous en êtes physiquement?
Oui, le dernier jour, on a fait des exercices. Je suis là où il faut.
On imagine que vous reprenez le même programme que celui qui vous avait réussi l’an passé…
Oui, ce sera bien le même programme. Début janvier, je vais rejoindre Arnaud Démare et quelques coureurs de l’équipe à Nice pour rouler dans de bonnes conditions. Il s’agit d’une initiative privée. Puis du 22 janvier jusqu’au 8 février, je serai avec Stefan Kung en stage d’altitude à Tenerife pendant dix jours. Ensuite, on fera une semaine de chambre hypoxique.
Vous reprenez votre saison comme l’an passé sur le Tour du Var et des Alpes Maritimes?
Oui, c’est là où je vais reprendre (NDLR : ensuite, il devrait enchaîner le Het Nieuwsblad, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, Paris-Nice, Milan-Sanremo, les grandes classiques flamandes, puis les classiques ardennaises. Ensuite, il pourrait être question du Dauphiné et du Tour de France…).
Vous concernant, avec votre expérience et le recul que vous avez pu avoir sur vos performances, vos ambitions personnelles ont-elles évolué?
Clairement. Je vois également que le point de vue de l’équipe me concernant a également évolué. Avant, le but était surtout d’aider Stefan (Kung), de faire le boulot avant le final, de chercher à anticiper. Désormais, je ressens que l’équipe a confiance en moi. À moi de savoir attendre le bon moment, d’affiner ma tactique. Pourquoi ne pas faire des résultats moi aussi? J’ai senti que le discours de mon équipe avait changé en ce sens. J’aurai plus de liberté dans les courses et il y aura aussi plus d’attente. Tout le monde a vu que j’avais progressé, cela s’est confirmé en fin de saison sur les championnats du monde (21e après une très belle course sur le final). Je n’étais pas loin des meilleurs au monde. Pour moi, c’est la grosse motivation cette année. C’est mon objectif d’être plus performant sur les classiques en jouant plus finement sur le final. Le but sera bien de faire des résultats pour l’équipe.
C’est facile de parler, il faut continuer à s’entraîner et espérer que tout se passe bien.
On vous verra attaquer moins souvent, mais plus fortement?
Je pense, c’est un peu le but. Si je retrouve le niveau que j’avais en fin de saison, je peux clairement attendre le final. Maintenant, cela reste du sport. C’est facile de parler, il faut continuer à s’entraîner et espérer que tout se passe bien. J’ai un état d’esprit un peu différent et mon équipe aussi. Donc j’ai hâte de voir ce que ça va donner.
Vous aurez plusieurs armes sur les classiques flandriennes…
Oui, avec Valentin Madouas et Stefan Kung, il y aura de quoi faire. Les classiques, on le sait. Il y a tellement de choses qui s’y passent, d’ouvertures possibles. Si tu as la bonne patte, tu es devant, sinon…
Et comme l’an passé, vous poursuivrez sur les classiques ardennaises?
Oui, cela reste l’idée, comme l’an passé. Je devrais sauter Paris-Roubaix pour avoir deux semaines de répit (après le Tour de Flandres), afin de reprendre avec l’Amstel, puis la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège. C’est le plan.
Paris-Roubaix, cela ne vous fait pas rêver?
Je n’y ai jamais participé et c’est vrai que cela ne me fait pas rêver. Sans doute à cause de mes caractéristiques. Je suis plus à l’aise sur les Ardennaises. Pour Roubaix, il faut avoir du poids, environ 80 kilos. Moi, avec 73-74 kilos, je n’ai pas la force d’un Stefan (Kung) par exemple. Les efforts en côte et courts me conviennent mieux.
Si je retourne sur le Tour, ce sera 100 % pour être équipier, et ça me va complètement. Ce que nous avons fait sur le dernier Tour autour de David, c’était énorme.
Vous avez eu le temps cet hiver de repenser à votre premier Tour de France où vous vous êtes placé au service de David Gaudu (4e)?
Oui, on en a beaucoup reparlé avec les équipiers. Ce fut un super moment, des super souvenirs. J’ai cette énorme motivation d’y aller à nouveau et d’y aller avec le meilleur niveau possible comme ce fut le cas cette année. Après, nous en sommes encore loin. Tout dépendra de la stratégie d’équipe, si Arnaud (Démare) est au départ. Moi, je sais que je peux bosser pour David, comme pour Arnaud. Si j’y retourne, ce sera 100 % pour être équipier, et ça me va complètement. Ce que nous avons fait sur le dernier Tour autour de David, c’était énorme. La perspective de le refaire est très motivante.
Pour la saison prochaine, on relève une forme de stabilité dans votre équipe en terme d’effectif…
Oui, mais il y a quand même beaucoup de nouveaux jeunes coureurs qui sont arrivés, ce qui donne une dynamique. Sinon, c’est vrai qu’il n’y a pas de grand changement. L’équipe est en train d’évoluer, d’avancer constamment, de rechercher à s’améliorer. Dans les différentes réunions en stage, on nous l’a expliqué.
Cela se matérialise sur quels secteurs de la performance?
Sur beaucoup de secteurs, comme la nutrition par exemple. Sur le matériel également. On fait souvent des tests en soufflerie. Là, je viens de recevoir un nouveau guidon de chrono si, dans les courses un peu plus petites, je suis placé au classement général…
Votre compatriote Alex Kirsch nous indiquait récemment que le cyclisme avait beaucoup évolué ces dernières années, notamment sur le plan de la nutrition. C’est aussi votre constat?
Oui, il y a une grosse évolution en peu d’années. Avant, nous avions des bidons également dosés de produits énergétiques sur toutes les courses. Aujourd’hui, on a par exemple des bidons de tant de grammes de glucide, et cela évolue en fonction de la course, du parcours. On s’alimente de façon rigoureuse en suivant des plans. À la maison, on fait des tests de glycémie. Cela a effectivement beaucoup changé depuis trois, quatre ans.
Mais ce n’est pas trop difficile à appliquer lorsqu’on est coureur professionnel?
Il faut le faire au bon moment. Moi, je ne pourrai pas suivre ça toute l’année. Pendant l’hiver, j’essaie de manger équilibré, normalement. Si j’ai envie de me faire plaisir une ou deux fois par semaine, il n’y aucun souci. En pleine saison, lorsqu’on prépare un grand objectif ou sur le Tour, tout est calculé. On pèse parfois les pâtes, non pas pour en manger le moins possible, mais aussi pour être sûr qu’on en mange assez. Cela peut être prise de tête et il ne faudrait pas que cette prise de tête dure trop longtemps. Mais on sait pourquoi on le fait. Et on voit la différence.
Pour vous le poids n’a jamais été un problème…
Mais ce n’est pas juste pour le poids, c’est aussi pour que l’organisme marche bien, pour optimiser la performance.
Durant cette période de Noël, il s’agit donc pour vous d’un dernier relâchement?
Oui, c’est surtout le moment de retrouver la famille. Avec notre métier, on part souvent durant la saison. Quand on rentre, on est fatigué. Là, c’est Noël, il n’y aucune prise de tête. On essaie juste d’être des gens normaux. On mange bien, on boit un petit verre de vin et on profite. Je continue de m’entraîner, je vais repartir le 2 janvier…