Après son joli succès dans le Grand Prix de La Marseillaise, Kevin Geniets se lancera dès mercredi sur l’Étoile de Bessèges avec les mêmes ambitions.
Les amis d’abord. Ce sont eux, c’est-à-dire ses potes d’Annecy qui tombèrent les premiers dans les bras d’un Kevin Geniets, hébété, ivre de bonheur, déambulant dans l’aire d’arrivée, devant le stade Vélodrome, boulevard Michelet. Puis vinrent ses coéquipiers, mécaniciens et autres assistants de Groupama-FDJ.
Loin de Marseille, du côté du volcan Teide à Tenerife, Valentin Madouas et Stefan Küng plongèrent dans la même allégresse. Preuve qu’ils s’attendaient à ce premier succès de Kevin Geniets, l’équipe française publiait peu de temps après une vidéo.
Où on voyait les stagiaires en survêtement absorbés par le final et le sprint de leur pote luxembourgeois, surnommé au choix «le Grand» ou «la Girafe», eu égard à son mètre quatre-vingt-treize. La scène, une fois le succès de Kevin Geniets acquis pour de bon, vaut le détour.
«Je me suis rendu compte en venant dans cette nouvelle équipe pour moi que Kevin (Geniets) était quelqu’un de très apprécié, que ce soit des coureurs ou du staff. Cela m’a frappé, tout le monde, absolument tout le monde était très, très heureux», nous explique, 24 heures plus tard, son directeur sportif, Yvon Caër.
Kevin Geniets a remporté sa première course professionnelle pour sa première course de la saison 2024. Yvon Caër qui officiait auparavant comme directeur sportif chez Arkéa, a commencé lui aussi sa saison chez Groupama-FDJ par un succès, celui de Kevin Geniets, ceci conformément au plan établi au petit matin du 28 janvier et de ce Grand Prix de La Marseillaise. Ça crée des liens…
L’effusion, les frissons ont donc été retentissants. Impressionnants. Mais la suite a été plus paisible. Il faut dire que ce n’est que deux heures plus tard, après que l’intéressé a satisfait aux besoins du banal contrôle antidopage, que ses équipiers ont pu retrouver un Kevin Geniets enfin apaisé. «Il a remercié chacun, eut un mot pour tout le monde, mais ensuite il est resté simple et humble», raconte Yvon Caër.
«Ça va lui donner une impulsion»
Simplicité. Humilité. Des qualités appréciées par son entourage personnel, mais aussi professionnel. La base pour que ce garçon de 27 ans puisse continuer son ascension. «Je le découvre, poursuit Yvon Caër. Dimanche, il était vraiment heureux, mais aussi réservé. Je pense que ça peut le débloquer pour la suite de saison et de sa carrière. L’image que j’avais de lui avant, c’est celle d’un équipier de luxe, qui ne rechigne jamais à la tâche, mais qui a un vrai niveau World Tour. Et c’est sans doute ce qui a fait la différence à la fin de la course. Du coup, cela va lui donner une confiance et une crédibilité. Ça va lui donner une impulsion…»
Lui-même avait souligné sa légitime frustration des années précédentes où, souvent, il n’avait pas manqué grand-chose pour en claquer une belle. «Je m’étais dit, que peut-être que je ne savais pas gagner. Six ans, c’est long. Dans les rêves, tu te vois parfois gagner, mais, même lorsqu’il s’agit d’une course plus petite, quand c’est là, il faut savourer ce moment», se rappelait-il alors.
Son sacre marseillais a le don d’effacer bien des désillusions, quand bien même Kevin Geniets a toujours donné l’illusion de grandir, saison après saison. Cette fois, il fut décidé dès le stage de décembre de changer son approche.
Pour ce début de saison avec, dans l’ordre, Grand Prix de La Marseillaise, Étoile de Bessèges de demain à dimanche, puis la Classic Var, le Tour des Alpes-Maritimes (anciennement Tour du Haut-Var, remporté en 2015 par Ben Gastauer), puis enfin les classiques de l’Ardèche et de la Drôme, Kevin Genbiets change de statut.
«Il s’est préparé pour ces premières courses en étant convaincu qu’en faisant un peu plus, il pouvait arriver à être au top tout de suite. Il s’est s’est donné les moyens cet hiver en allant une semaine seul à Teide, avant d’être rejoint par d’autres coureurs comme Valentin Madouas. Il est revenu directement ici. Il enchaîne avec Bessèges. En termes d’investissement, ce n’est pas rien. Qu’il soit récompensé, c’est très bien pour lui et son environnement. Il s’est donné les moyens pour réussir», reprend Yvon Caër.
«À Bessèges, il peut encore jouer la gagne»
Quatrième de l’Étoile de Bessèges 2020 et du Tour des Alpes-Maritimes 2023, le Schifflangeois aura des armes. «Pour l’Étoile de Bessèges, s’il est un poil mieux que les années passées, on peut viser plus haut. Il y aura un plateau un peu plus relevé avec EF Education et Lidl-Trek en plus. Mais avec son niveau et le moral qui sera bon, il peut jouer la gagne très clairement. Celui qui gagne La Marseillaise n’est généralement pas à côté de ses pompes sur l’Étoile de Bessèges», souligne son directeur sportif français.
Toujours est-il que cette année, Kevin Geniets fera l’impasse sur les classiques flandriennes, là où il a souffert de problèmes d’allergie l’an passé. «Avant, il enchaînait flandriennes et ardennaises. Il trouvait ça dur, et effectivement, ce n’est pas facile. Là, il a donc prévu un pic de forme d’entrée avec La Marseillaise et Bessèges. Du coup, pour la période qui est plus compliquée pour lui, vers la mi-mars, il aura une activité plus light pour bien préparer les Ardennaises qui seront son deuxième pic de forme. Il aura deux pics, alors qu’avant, il était axé sur les flandriennnes», souligne encore Yvon Caer.
Si ce succès inaugural dans le Grand Prix de La Marseillaise devrait opérer comme le déclic attendu, comme Kevin Geniets le suggérait le soir même de son succès («Gagner va me faire du bien et cette journée restera importante dans ma carrière»), nul doute que l’intéressé saura reprendre son rôle d’équiper pour les grandes occasions, que ce soient les Ardennaises ou le Tour de France en juillet.
«Il avait besoin d’un truc personnel», prolonge Yvon Caër en écho aux propos tenus dans nos colonnes par son entraîneur, un certain Julien Pinot, à l’occasion d’un portrait paru le 30 mars 2023. «Il cherche la confirmation avec une victoire, nous expliquait-il alors. C’est un perfectionniste. Il a confiance en son physique, mais il a besoin de résultats pour le démontrer et lui donner de la légitimité. Il en est très proche. Ce n’est qu’une simple question de temps.»
Maintenant, place à la suite!