Le Slovène Tadej Pogacar apparaît en grand favori à la poursuite d’un triplé ardennais inédit depuis 2011 et Philippe Gilbert, ce mercredi à la Flèche Wallonne.
Au moins, soyons sûr d’une chose. La voiture de Christian Prudhomme, patron de l’organisation chez ASO, ne traînera pas autour de Tadej Pogacar sur le final, ni avant d’ailleurs, si le Slovène a le bon goût de réaliser un nouvel exploit et de s’y présenter seul, ce qui paraît impossible à réaliser. Si, bien sûr, le Slovène se retrouve en passe de remporter mercredi à Huy sa première Flèche Wallonne.
Les images de Léo van Vliet, encadrant au mieux le futur vainqueur de l’Amstel Gold Race, disputée dimanche, sont repassées en boucle sur les réseaux sociaux ces deux derniers jours. On y voit le directeur de l’organisation aspirer le Slovène sur plusieurs centaines de mètres alors que l’Irlandais Ben Healy se trouvait à ses trousses.
Après l’analyse de cette conduite assez extravagante de la part d’un patron de course (qui n’en était pas à son coup d’essai puisqu’en 2019, Van Vliet, toujours dans le final de l’Amstel, fut assez largement suspecté d’avoir favorisé les desseins de Mathieu Van der Poel aux dépens de Julian Alaphilippe et Jakob Fuglsang, qui allaient se faire reprendre au bout d’un scénario «hitchcockien»), les meilleurs experts de l’aérodynamisme conviennent qu’il a littéralement aspiré le prodige slovène. Lequel n’avait franchement pas vraiment besoin de ça. D’où son attitude pour le moins gênée lorsque la question lui a été posée dès dimanche soir.
La loi du plus fort
Bref, ce genre de polémique ne risque pas d’arriver cet après-midi en haut du célèbre Mur de Huy où, depuis 2003 et le succès de l’ancien champion du monde espagnol Igor Astarloa, alors échappé avec un faire-valoir, tous les vainqueurs ont attendu l’ascension finale pour s’extraire des griffes d’un peloton étiré.
Cela fait donc vingt ans que le même scénario repasse avec plus ou moins d’intensité, de suspense. C’est quasiment toujours lors du dernier virage que les vainqueurs se dégagent en force, il n’y a plus moyen de faire autrement et c’est un peu du sauve-qui-peut, mais le plus vite possible, pour ceux qui nourrissent l’espoir de monter sur le podium de cette classique unique, destinée aux grimpeurs-puncheurs, ce qui permet d’entretenir de nombreux espoirs pour de simples outsiders.
Mais bien sûr, un seul et même favori parcourt les lèvres des suiveurs. Avec la même intensité que la veille de l’Amstel. On ne voit pas bien comment le double vainqueur du Tour de France, récent lauréat du Tour des Flandres et, donc, de la classique néerlandaise, pourrait s’y prendre pour lâcher cette nouvelle prise.
Certes, sa douzième place l’an passé, sa neuvième deux ans plus tôt ne lui ont pas (encore) permis de se retrouver en position de l’emporter, alors que dans l’approche du Mur de Huy, cette expérience, ce tâtonnement ont permis à des coureurs comme Alejandro Valverde et Julian Alaphilippe de procéder à une jolie collection de succès.
Pogacar : «J’irai à la Flèche avec ambition»
Mais voilà, pas besoin d’insister plus longtemps, «Pogi» est si impressionnant qu’à moins de donner le succès à l’un des siens (ce qui paraît improbable alors que la perspective de signer un triplé Amstel-Flèche-Liège comme Philippe Gilbert il y a douze ans apparaît à sa portée), il reste le favori numéro un.
«J’irai à la Flèche avec ambition, même si je n’ai jamais obtenu de très bons résultats au sommet du Mur de Huy. C’est une course difficile pour moi. Mais la forme est bonne, alors il devrait être possible de changer cela, et puis à Liège, dimanche, je devrai me mesurer à Remco Evenepoel», avait expliqué l’intéressé dimanche après l’Amstel.
Si le dernier vainqueur de Liège-Bastogne-Liège est absent sur la Flèche, toute une cohorte de grimpeurs arrivent sur la Flèche Wallonne avant de s’aligner dimanche sur la Doyenne. À voir ce qu’Enric Mas, Ion Izaguirre, Guillaume Martin, Romain Bardet, Mauro Schmid, pour ne citer qu’eux, seront capables de proposer ou plutôt d’opposer à l’équipe UAE Emirates.
Dimanche, Ben Healy, Tom Pidcock, Andreas Kron ou encore Alexey Lutsenko ont subi la loi du Slovène. On ne voit pas comment les choses pourraient s’inverser. En haut du Mur de Huy, plus de contestation possible. Avec ou sans aspiration…