Hier soir, depuis sa chambre d’hôtel où il récupérait de ses efforts de la 2e étape du Tour de Grande-Bretagne, Jempy Drucker a pris le temps de revenir sur l’annonce de son transfert chez Bora-Hansgrohe. Le jour même de son 32e anniversaire!
L’équipe Bora-Hansgrohe a officialisé votre signature le jour de votre anniversaire…
Jempy Drucker : (Il rit) Oui, c’est assez drôle! Je pense que c’est juste le fruit du hasard. Les dirigeants voulaient le faire lors de la première journée de repos sur la Vuelta (NDLR : hier) et, finalement, ils l’ont fait le jour de mon anniversaire.
La « rumeur » évoquée dans notre édition du 10 août était donc plus que fondée?
Comme toujours, où il y a de la fumée, il y a du feu… À ce moment-là, je ne pouvais encore rien dire de concret. Maintenant, c’est officiel.
À quand remontent vos premiers contacts avec Bora-Hansgrohe?
Les premiers coups de téléphone remontent juste après le Giro. J’avais un bon sentiment concernant l’équipe mais aussi leur philosophie et le rôle qu’ils me proposaient. Ça m’a bien plu. Par la suite, tout est devenu plus concret et cela s’est fait assez vite et naturellement.
C’est une équipe qui n’a cessé de progresser ces dernières années
Qu’est-ce qui vous a séduit dans le discours des dirigeants?
Leur manière de voir les choses. Ils sont très professionnels et ils ont du bon matériel. Ce qui est aussi très important, notamment en vue des classiques flandriennes. Chez BMC, c’était très bien et je voulais rester sur ce niveau-là. Et là, avec Specialized, c’est très bien. Et puis, c’est une équipe qui n’a cessé de progresser ces dernières années. Dans l’équipe, évidemment il y a Sagan, mais tout ne repose pas uniquement sur lui, d’autres coureurs sont capables de gagner des courses et ça aussi, c’est important.
Dans le communiqué, les dirigeants font clairement état de votre recrutement afin d’épauler Peter Sagan lors des classiques de printemps…
Bien sûr, je suis là pour l’aider. Cette année, il était parfois isolé dans le final de certaines courses. Il avait juste Daniel Oss avec lui. Ma mission sera donc de l’épauler le plus loin possible et essayer de le conduire au succès.
Les présences de Daniel Oss et Marcus Burghardt, vos anciens équipiers, ont-elle joué un rôle dans votre prise de décision?
Indirectement oui… Je m’entends très bien avec Daniel. On faisait chambre commune chez BMC et on s’est toujours très bien entendu. Alors, bien sûr, quand les discussions sont devenues plus concrètes avec Bora-Hansgrohe, je lui ai demandé son avis. Je voulais savoir comment il se sentait dans l’équipe car il connaît aussi la façon de travailler de chez BMC. Il m’a dit qu’il était vraiment bien, que tout était très professionnel.
c’est beau de voir que mon travail est respecté
Que représente ce transfert : un nouveau palier ou une autre direction?
Je ne veux pas dire que je franchis un cap… Je ne suis pas quelqu’un qui gagne beaucoup de courses, mais je suis toujours présent. Par le passé, j’ai fait beaucoup de travail pour mes leaders, notamment pour Greg (Van Avermaet) et c’est beau de voir que mon travail est respecté. Pas uniquement au sein de chez BMC mais aussi à l’extérieur. Si une équipe avec un coureur comme Sagan te contacte pour se renforcer dans les courses où tu te sens le mieux, c’est une grande satisfaction. C’est une vraie preuve de reconnaissance.
Est-ce Sagan qui vous a contacté directement?
Non. C’était le manager de l’équipe. Ce n’était pas Peter lui-même (il rit)…
Quelle relation avez-vous avec lui?
Je le connais? Juste « bonjour » et « comment ça va »… Ça s’explique peut-être aussi du fait que j’étais dans l’équipe de l’un de ses plus grands rivaux (NDLR : Greg Van Avermaet), on s’est toujours salué mais on n’a jamais réellement discuté. C’est un grand personnage du cyclisme. Ça fait quand même plaisir d’imaginer rouler aux côtés d’un coureur qui a un tel palmarès que le sien. Il est quand même triple champion du monde.
On a évoqué votre rôle d’équipier lors des classiques, qu’en sera-t-il lors des sprints?
Bora a de bons sprinteurs : Sam Benett a gagné trois étapes au Giro; il y a le jeune champion d’Allemagne Ackermann qui gagne plein de courses en ce moment; et il y a donc Sagan… Moi, je me vois bien être un élément de leur train. Les aider le plus possible. C’est sûr qu’à l’avenir j’aurais moins de possibilités de m’exprimer dans les sprints. Mais à bien y regarder, c’est frustrant de finir un sprint et de se dire qu’avec un peu d’aide, j’aurais pu faire mieux… Du coup, je préfère aider quelqu’un qui peut gagner. Ça me donne plus de satisfaction que de finir 5e ou 7e…
Pourriez-vous être le poisson pilote de Sagan?
Oh là! C’est sûr que dans les sprints, je sais bien me débrouiller. Surtout dans le dernier kilomètre. Après, poisson pilote, je ne sais pas. On verra.
il faudra voir comment je vais me retrouver dans le train des sprinteurs
Avez-vous l’impression de laisser de côté le sprint et prendre un nouveau virage?
Je ne pense pas. On voit que l’équipe progresse et développe bien les coureurs. J’espère progresser aussi dans le domaine du sprint. À la fin de l’histoire, il faudra voir comment je vais me retrouver dans le train des sprinteurs. Mais comme je l’ai dit, je n’ai aucun problème à travailler pour un autre.
Vous regrettiez, chez BMC, de ne pas avoir pu disputer le Tour de France. Qu’en sera-t-il chez Bora?
On n’a pas encore parlé de ça… On en est encore assez loin. On discutera de ça durant l’hiver et les premiers stages d’entraînement.
Auriez-vous pu rester chez BMC?
Greg (Van Avermaet) voulait surtout me garder. Mais bon, après les classiques, je sentais qu’il était temps pour moi de changer. J’avais besoin d’un nouvel environnement. Je ne dis pas que la question de rester ne s’est pas posée, mais je voulais vraiment voir et découvrir autre chose.
Votre autre actualité, c’est le Tour de Grande Bretagne. Comment vous sentez-vous?
Après le Binck Bank Tour, je suis tombé malade et je ne suis pas à 100 %. Je cours derrière un peu ma forme. Aujourd’hui, ça allait déjà un peu mieux.
Comment sentez-vous Bob Jungels?
Très bien. Il a l’air facile dans les bosses et aussi affûté. Je le vois bien faire un joli numéro et, même, pourquoi pas, gagner le général.
Recueilli par Charles Michel