Si Marta Bastianelli, la dernière lauréate, revient samedi au Ceratizit Festival Elsy Jacobs, l’Italienne est l’une des rares têtes d’affiche. Avec Christine Majerus, bien sûr !
Un mal pour un bien? D’un côté, on comprend l’exaspération des organisateurs. Leur montée en gamme au niveau de la division Pro Series, voici plusieurs années déjà, devait leur garantir un plateau homogène. D’ailleurs, c’était parfaitement le cas ces dernières années. Puis, d’un coup, le déplacement du Tour d’Espagne au 1er mai, c’est-à-dire au lendemain du Festival Elsy Jacobs, a un effet d’aspiration en ce qui concerne les stars du peloton féminin. Par conséquent, les grosses équipes qui n’ont pas l’effectif nécessaire pour mettre deux groupes de front (hormis la formation UAE de la tenante du titre, Marta Bastianelli!) seront bien à Torrevieja, lundi, pour le départ de la Vuelta. Mais sont absentes de la liste des engagées du Festival Elsy Jacobs…
Comme le rappelait Christine Majerus dans notre édition de vendredi, si elle-même n’avait pas eu la possibilité d’intégrer la sélection nationale, alors il n’y aurait eu aucune Luxembourgeoise de la fameuse SD Worx, puisque Marie Schreiber va s’élancer dans le Tour d’Espagne. Oui, les organisateurs ont de quoi pester contre cette concurrence déloyale, étant donné qu’au moment de la dernière réforme des calendriers, la création de la catégorie Pro Series, et toutes les nouvelles contingences qui allaient avec, devait leur garantir une protection qui leur fait défaut aujourd’hui.
«La Vuelta est une nouvelle concurrence pour nous. Certaines équipes du World Tour qui devaient venir ont annulé. Cela ne nous fait pas plaisir. Aussi, pour rester dans cette catégorie Pro Series, on doit avoir au départ au moins quatre formations du World Tour. Or nous n’en avons plus que trois. Nous avons donc écrit à l’UCI (NDLR : Union cycliste internationale) pour qu’on ne soit pas sanctionné sur ce point», explique Claude Losch, directeur de course et président du club organisateur (le SAF Cessange).
Il poursuit : «Voici de cela quelques années, nous étions en concurrence avec le Tour des Fjords (NDLR : une épreuve norvégienne alors organisée par ASO, l’organisateur du Tour de France), qui offrait des primes alléchantes. Mais on avait discuté avec eux et cela s’était arrangé.» Aujourd’hui, le Tour des Fjords femmes a disparu du calendrier. Pas le Festival Elsy Jacobs, qui souffle justement ses quinze bougies.
«Nous sommes flexibles pour une autre date»
Dans ce contexte, hormis une forte équipe UAE avec Marta Bastianelli qui remet son succès en jeu, hormis Christine Majerus, forcément esseulée à la tête de la sélection nationale, il faudra regarder vers l’équipe Ceratizit de l’épatante Nina Berton (avec la Polonaise Marta Lach, sixième de Paris-Roubaix, ou Cédrine Kerbaol, récente vainqueure du Tour de Normandie et 16e de Liège-Bastogne-Liège). Pour le reste, le peloton du Ceratizit Festival Elsy Jacobs sera constitué de beaucoup d’espoirs. Et de pas mal d’inconnues…
Même si les organisateurs devraient intervenir au niveau de la fédération internationale afin d’obtenir un changement de date pour éviter cette concurrence de la Vuelta qui serait préjudiciable à moyen terme si cela devait se répéter dans le temps («Nous sommes flexibles et pouvons trouver une autre date», précise Claude Losch), il reste cette édition à disputer. Avec ces deux étapes joliment redessinées.
«Il me faudra courir intelligemment»
Au regard du plateau, forcément, la cote de Christine Majerus, qui trouvera un bon moyen d’empocher de précieux points dans sa quête de sélection pour les Jeux olympiques de Paris, remonte considérablement. «Je suis contente que l’équipe nationale fasse l’effort de réunir une équipe pour que je sois au départ et pour essayer de défendre un peu mes chances. Certes, cela sera un peu compliqué de courir pour la gagne. Mais j’espère ne pas être loin pour viser un podium sur une étape. Et on verra alors ce que ça peut donner au général (…) Je calquerai ma course sur les autres. Je ne suis pas en position de pouvoir dicter quoi que ce soit (…) Il me faudra courir intelligemment et calquer ma course sur les équipes qui, potentiellement, peuvent prendre la course en main. Et je pense notamment à l’équipe Ceratizit, qui se trouve dans une bonne configuration (…) Personnellement, je ne pense pas prendre d’initiative, à moins d’avoir des jambes de feu. Mais ça, on ne le sait pas encore…», nous explique la championne nationale.
C’est le vrai bon côté des choses. Les Luxembourgeoises, Christine Majerus mais aussi sans doute Nina Berton, sont appelées à jouer un rôle dans cette édition particulière. Et ça, ce n’est pour déplaire ni au public ni aux organisateurs! Il y a de l’ouverture dans l’air…