Ancien médaillé de bronze des Mondiaux de cyclo-cross à Munich en 1985, Claude Michely est décédé subitement mercredi matin lors d’une sortie à vélo.
C’est une effroyable nouvelle qui a traversé hier le monde du sport luxembourgeois et, plus particulièrement, le cyclisme luxembourgeois. Avec la disparition subite de Claude Michely, le choc est considérable.
En matière de cyclo-cross, il n’avait pas d’équivalent au pays. Car bien sûr, jusqu’ici, sa troisième place obtenue dans les championnats du monde 1985, sur le terrain enneigé et verglacé du stade olympique de Munich, derrière l’Allemand Klaus Peter Thaler et le Néerlandais Adrie van der Poel (le papa de Mathieu), n’a jamais été égalée dans cette discipline hivernale.
Claude Michely est ainis décédé à 64 ans, près de chez lui, au retour d’une sortie à vélo, qu’il continuait à pratiquer assidûment. Appelés sur les lieux, les secours n’ont pu le réanimer.
Il n’était pas rare de le croiser dans les environs de Belvaux, où il résidait. D’une discrétion à toute épreuve, il n’était pas du genre à afficher son palmarès, et pourtant, on ne pouvait pas faire mieux au pays.
Récemment encore et pas plus tard qu’au récent cyclo-cross de Kayl, le 15 octobre, Claude Michely aidait en tant que bénévole à l’organisation du CT Kayldall, club présidé par son beau-frère Marco Lux. L’occasion de le saluer. «Je pratique un peu moins régulièrement le cyclisme qu’avant, mais lorsqu’il fait beau, je n’hésite pas», nous disait-il alors en souriant. Comme toujours.
L’homme, mariée à Viviane et père de Kim et Max qui, longtemps, firent carrière jusque chez les espoirs sous les couleurs du LC Tétange, était toujours d’humeur égale. Magnanime. Jamais bavard, toujours à l’écoute.
Retraité après une carrière d’employé à la commune d’Esch-sur-Alzette, il restait humble et modeste. Ainsi, pour les Mondiaux de Belval qui étaient organisés à juste un kilomètre de son domicile, il avait décliné pudiquement la possibilité d’entrer dans le comité d’organisation. Il n’avait pourtant pas manqué l’occasion d’aller saluer son ancien rival, Adrie van der Poel. Sans jamais reparler des Mondiaux de Munich. Des Mondiaux qu’il n’avait «d’ailleurs revus que trois ou quatre fois sur cassette», selon ses dires. «Il faudra quand même que je pense à faire une copie», poursuivait-il dans un clin d’œil. Le culte de la personnalité, très peu pour lui…
À Munich, je termine à deux secondes du deuxième, Van der Poel, qui lui-même est deux secondes derrière le vainqueur, Thaler. J’ai lutté jusqu’au bout pour le titre, mais je ne dis pas non plus que j’aurais pu l’emporter…
Pourtant, sa performance de 1985 reste inégalée à ce jour. Il avait alors 25 ans. «Munich, c’était un jour spécial pour moi. Je me souviens que, les jours précédents, j’étais sur place. Et comme les conditions météorologiques étaient particulières, je me suis dit que j’avais un coup à jouer. J’ai alors multiplié les reconnaissances du circuit dans le moindre détail. Du matin au soir. Et j’étais confiant, alors que jusque-là, ma saison n’avait pas été terrible. Mais dans les deux semaines précédentes, la forme venait (…) Dans la course, je suis resté un tour en tête et Thaler est revenu. Les deux favoris, le Néerlandais Hennie Stamsnijder et le Belge Roland Liboton, avaient progressivement disparu. Sur la fin, Adrie Van der Poel est revenu, alors on a fait le match à trois jusqu’à la fin. On peut finir troisième des Mondiaux et finir à deux minutes. Moi, je termine à deux secondes du deuxième, Van der Poel, qui lui-même est deux secondes derrière le vainqueur, Thaler. J’ai lutté jusqu’au bout pour le titre, mais je ne dis pas non plus que j’aurais pu l’emporter…», nous racontait-il lorsqu’on lui consacra un portrait (le 26 janvier 2017), juste avant les Mondiaux de Belvaux.
Professionnel en cyclo-cross pendant une décennie, de 1982 à 1992, Claude Michely, qui était venu au cyclisme par son père (Johny Michely, trois fois champion national de cyclo-cross, en 1969, 1973 et 1975), a longtemps dominé la scène locale. Il fut douze fois champion national de cyclo-cross, mais il disputait surtout le calendrier suisse, très huppé à l’époque.
Comme c’était presque la règle dans les années 80, il ne s’est que peu aventuré sur route, même s’il a participé à un Dauphiné et une Vuelta. Cela ne lui avait laissé «aucun regret». Sa vie de cycliste et de cyclo-cross l’avait, de son propre aveu, «passionné».
C’est tout naturellement, et comme l’avait fait son père, qu’il avait transmis sa passion à ses deux fils, Max et Kim, deux coureurs de style qu’on a longtemps vus courir jusque chez les espoirs au LC Tétange. Sur chaque épreuve, Claude Michely enfilait alors consciencieusement sa tenue de mécanicien dans la zone de dépannage. «Mes fils ont ensuite privilégié leur carrière professionnelle et c’est le plus important à mes yeux», rappelait-il.
Mercredi, le cyclisme luxembourgeois a perdu un grand champion doté d’une personnalité remarquable.
À Viviane, son épouse, et à ses deux fils, Max et Kim, Le Quotidien présente ses condoléances attristées.