En prenant le départ, aujourd’hui aux Pays-Bas, du Simac Ladies Tour, la course World Tour qu’elle a remportée en 2019 et qui sera sa dernière course professionnelle, Christine Majerus va tourner une page de sa longue carrière.
C’est donc cette semaine, à partir de ce mardi et jusqu’à dimanche, sur les étapes du Simac Ladies Tour, une épreuve néerlandaise du World Tour qu’elle a d’ailleurs remportée en 2019 et à laquelle elle participe pour la neuvième fois (!) de sa carrière, que Christine Majerus (37 ans) va refermer le long chapitre de sa vie sportive.
Avec nos confrères du Tageblatt, nous sommes allés vendredi à sa rencontre pour un entretien bilan à paraître dans notre édition du lundi 14 octobre. Nous étions alors à la veille des Mondiaux de gravel qu’elle termina finalement à la douzième place malgré une chute et des problèmes de dérailleur.
Malgré ses trente-sept ans, la Luxembourgeoise qui découvrait là une nouvelle discipline a fait la course avec autant de détermination que durant toute sa carrière. Elle confessait qu’elle s’était surtout éclatée la veille lors des reconnaissances. Sans rien attendre de la compétition en elle-même en dépit des grands noms attendus au départ. «Un vélo de gravel, ce n’est rien d’autre qu’un vélo de cyclo-cross», avait souri cette habituée dont le meilleur résultat dans la discipline hivernale restera une quatrième place aux Mondiaux de Valkenburg, en 2018.
Finalement, Christine Majerus, qui se demandait alors si elle trouverait l’énergie de se lancer dans cette bataille d’un nouveau genre, avec peu ou prou, les mêmes têtes d’affiche que sur les autres disciplines (c’est d’ailleurs Marianne Vos, huit fois championne du monde de cross et triple championne du monde sur route qui aura coiffé la double championne du monde sur route, la Belge Lotte Kopecky…) l’a fait avec un certain brio. Comme presque toujours. Souvent animée d’une grande prudence dans ses déclarations d’avant-course, celle qui fut désignée à sept reprises sportive luxembourgeoise de l’année, s’est généralement laissé griser par un solide esprit de compétition.
Avec ce Simac Ladies Tour, où six jours durant, avec le même protocole, elle s’élancera donc dans un nouveau départ, au fil des six étapes, on imagine qu’un pincement au cœur va fatalement la saisir. Comme on égrène un compte à rebours… Il est vraisemblable qu’elle en profite pour faire défiler le long film de sa carrière.
Mais pas question de sortir de son rôle de coéquipière modèle. Au service exclusif de la championne du monde Lotte Kopecky qui vise le classement général final, histoire de bien finir sa saison, et de la sprinteuse maison Lorena Wiebes, laquelle entend encore engranger des succès.
Avant ce dernier départ, elle n’imaginait rien d’autre que l’aspect purement professionnel alors que bien sûr, tôt ou tard, les émotions vont fatalement finir par la submerger. «Ce qui me rend le plus émotive, c’étaient mes derniers entraînements», a toutefois concédé Christine Majerus, laquelle se disait confortée dans l’idée qu’elle continuera jusqu’au bout, jusque dans la dernière ligne droite, à faire le travail qu’on lui a toujours demandé de faire. À penser davantage aux autres qu’à soi.
Elle a côtoyé ce qui se faisait de mieux
Son choix de rester dans l’équipe néerlandaise qui l’a engagée en 2014 et où elle a toujours prolongé son contrat, jusqu’à ce terme, défini bien en amont, dit quelque chose de sa personnalité. Chez elle, le réalisme tutoie la singularité. Elle a aimé combiner ses saisons sur route avec les longs mois d’hiver de cyclo-cross. Quatre fois entrée dans le top 15 des Mondiaux sur route, elle fut cinq fois classée dans le top 10 des Mondiaux de cross.
Christine Majerus est devenue un pion essentiel de l’équipe Boels Dolmans, devenue SD Worx, sur les classiques puis les Grands Tours. Elle a grandi avec sa formation, d’abord réduite à dix unités, mais aujourd’hui composée de seize filles.
Elle a grandi tout court avec le cyclisme féminin qui a passé la surmultipliée ces dernières années au point de disposer, aujourd’hui, de sa propre audience, après l’avoir beaucoup élargie, ce qui, quinze ans plus tôt, n’était quand même pas garanti.
Christine Majerus, qui a vécu tout ça de l’intérieur, a roulé pour des championnes de renom (Elizabeth Deignan, Ellen Van Dijk, Chantal Van den Broek-Blaak, Anna Van den Breggen (qui fera son grand retour en 2025), Amy Pieters, Elena Cecchini, Demi Vollering, Lotte Kopecky, Lorena Wiebes…). Elle aura pris un plaisir infini à découvrir les premières éditions femmes de Paris-Roubaix comme du Tour de France.
C’est donc une grande figure du cyclisme qui refermera les pages de sa carrière sportive, cette semaine aux Pays-Bas. Pas de doute, Christine Majerus se trouve dans la dernière ligne droite de compétitrice.
MODE D’EMPLOI
Épreuve du World Tour.
Les étapes :
Aujourd’hui, 1re étape : Gennep-Gennep (CLM de 10,1 km)
Demain, 2e étape : Coevorden-Assen (154,8 km)
Jeudi, 3e étape : Zeewolde-Zeewolde (148,4 km)
Vendredi, 4e étape : Ede-Ede (118,2 km)
Samedi, 5e étape : Doetinchem-Doetinchem (140 km)
Dimanche, 6e étape : Arnhem-Arnhem (145,8 km)
Principales engagées : Kopecky, Wiebes, Gerritse, Guarischi, Majerus, Markus, Uneken (SD Worx-Protime), Pluimers (AG Insurance-Soudal), Dygert, Backstedtn Chabbey (Canyon), Longo Borghini, Balsamo, Holmgren, Van Dijk (Lidl-Trek), Paternoster (AlUla Jayco), Kool, Barbieri, Koch (Team dsm), Markus, Henderson (Visma-Lease a Bike), Gillespie, Harvey (UAE), Ahtosalo, Koster (Uno-X), Berteau (Cofidis).
Les dernières lauréates :
2023 : Lotte Kopecky (BEL)
2022 : Lorena Wiebes (NED)
2021 : Chantal Van den Broek-Blaak (NED)
2019 : Christine Majerus (LUX)
2018: Annemiek Van Vleuten (NED)