Prolongation chez Deceuninck-Quick Step ou départ ? Bien des questions se posent au sujet de Bob Jungels, dont le nom est revenu souvent ces dernières semaines sur le marché.
La question de savoir quel maillot portera en 2021 Bob Jungels (27 ans) se pose depuis quelques mois déjà. Pour le moment, on sait que quatre équipes aimeraient avoir le champion national dans leur effectif pour la saison prochaine. Chez Deceuninck-Quick Step, on le sait bien, Patrick Lefevere voudrait prolonger son coureur luxembourgeois pour un nouveau bail.
Parce que Bob Jungels est un garçon de grande valeur, bien sûr, aux indéniables qualités, et ce qui ne gâcherait rien, parce que le patron de l’équipe belge, qui aime ce genre de challenge, pourrait alors se targuer d’avoir renouvelé toute sa troupe de loups pour 2021. Il n’attend même plus que lui ! L’équipe Israel Start-Up Nation dirigée par Sylvan Adams et qui vient d’attirer Chris Froome s’est approchée du coureur luxembourgeois, comme la fameuse équipe Ineos et enfin, ça vient de sortir, la formation où évolue Ben Gastauer, la française AG2R La Mondiale.
Pour faire son choix définitif (si ce n’est déjà fait), Bob Jungels va non seulement tenter d’obtenir un meilleur salaire mais aussi et surtout s’attacher à bénéficier d’un projet construit autour de ses qualités et de son statut de leader. Cela se comprend parfaitement.
S’il reste…
Plus les jours passent sans communiqué de Deceuninck-Quick Step au sujet de Bob Jungels et d’une éventuelle prolongation, et plus la tendance d’une non-prolongation prend de l’épaisseur. Même si la prudence est recommandée sur ce sujet devenu fatalement brûlant. Patrick Lefevere, on le sait, s’est empressé, par presse interposée, d’enjoindre à Bob Jungels de se hâter dans cette direction. En le piquant d’une façon pas forcément habile, genre «je ne vais pas casser ma tirelire pour lui», pour rester poli. Puis en flattant le coureur luxembourgeois, «le meilleur coureur de classiques flandriennes du printemps 2019». Toujours rien…
Les deux hommes se sont vus entre quatre yeux lors du récent stage d’altitude en Italie. Chacun a exposé ses arguments. Le dialogue aurait été constructif et ce n’est guère étonnant. En cinq ans, celui que tout le monde surnomme «Bobby» a fait son trou dans cette équipe belge. S’il reste, il aura l’assurance de courir dans la meilleure équipe du monde concernant les classiques de pavés, un domaine où Bob Jungels a entrepris de construire un palmarès solide après avoir raflé Liège-Bastogne-Liège en 2018.
Mais il devra continuer à mettre en sourdine ses aspirations pour les grands tours, puisqu’il est clair depuis longtemps que ce n’est pas la priorité du patron. Quand bien même Julian Alaphilippe, grand copain de Bob Jungels, a montré ces deux dernières saisons qu’il y avait quelque chose à creuser dans ce domaine.
Bob Jungels, que ce soit sur le Giro 2016 (6e) et 2017 (8e) ou encore le Tour 2018 (11e), n’avait pas une équipe construite autour de lui. Lefevere a remarqué plusieurs fois qu’il est impossible pour le Luxembourgeois de suivre les meilleurs grimpeurs avec une douzaine de kilos en plus à tracter. Mais le champion national, fort de ses expériences passées, aimerait en avoir le cœur net. S’il reste, cela sera sans doute compliqué de revendiquer un statut alors que Julian Alaphilippe et surtout Remco Evenepoel bénéficient d’ores et déjà de plus d’attention pour ce sujet des grands tours. Mais cela reste à voir, bien sûr.
S’il rejoint AG2R La Mondiale
Pour Vincent Lavenu, manager d’AG2R La Mondiale, l’idée d’engager Bob Jungels ne daterait pas d’hier. Mais cette fois, l’occasion peut se présenter, alors il est allé frapper à sa porte avec assez d’insistance pour qu’un dialogue s’engage. L’équipe française doit se préparer au départ de deux produits maison, Romain Bardet (Sunweb) et Pierre Latour (Total Direct Énergie). Cela fait un sacré trou, surtout en ce qui concerne les courses par étapes.
Et si on regarde l’effectif restant, il n’y a pas de véritable leader. Comme l’a souligné Le Dauphiné qui a révélé les tractations, Clément Champoussin et Aurélien Paret-Peintre manquent encore de maturité pour revendiquer un tel statut. Et puis sur les classiques de pavés, Bob Jungels retrouverait un fameux duo, puisque Greg van Avermaet est fortement pressenti pour rejoindre son ami Oliver Naesen dans une équipe qui sera équipée en 2021 des cycles BMC. La présence de Silvan Dillier et de Stijn Vandenbergh ferait de cette équipe une des meilleures du monde sur le papier.
En définitive, c’est aussi et surtout un statut de leader à part entière que Bob Jungels pourrait trouver en France.
S’il va chez Ineos
Les leaders sont nombreux chez Ineos en ce qui concerne les grands tours. Même avec le départ de Chris Froome pour Israel Start-Up Nation, il reste Geraint Thomas mais surtout Egan Bernal, Richard Carapaz et Pavel Sivakov. Par contre, Bob Jungels pourrait démontrer l’énorme talent qu’il possède pour mettre en miettes les pelotons à l’approche de la dernière difficulté. C’est d’abord à le voir endosser ce rôle qu’on pourrait de prime abord s’attendre.
La cylindrée du coureur luxembourgeois est telle qu’il serait une arme essentielle du dispositif mis en place par Dave Brailsford. Il n’est franchement pas étonnant que celui-ci ait approché Bob Jungels. Là encore, ça ne date pas d’hier. À voir si dans ce cas il ne rêverait pas d’en faire un vainqueur de grand tour? Mais généralement, Ineos mise davantage sur les purs grimpeurs, même si dans le passé Bradley Wiggins et Geraint Thomas ont été de parfaits contre-exemples.
Et puis Bob Jungels chez Ineos, c’est la garantie pour le Luxembourgeois de se positionner pour les grandes classiques. On l’oublie, mais avec Michal Kwiatkowski et Geraint Thomas, ils se sont déjà illustrés dans le passé. Ce serait même un fameux challenge pour le coureur luxembourgeois.
S’il rejoint Froome
Les moyens du patron millionnaire Sylvan Adams semblent illimités. Israel Start-Up Nation étonne par son recrutement, car rien ne garantit que Chris Froome, quadruple vainqueur du Tour, puisse retrouver des jambes de jeune homme après son terrible accident de la saison passée. Avec le vieillissant mais toujours vivace grimpeur irlandais Dan Martin, il y a une équipe à structurer. Bob Jungels aurait là aussi un chemin à tracer, une place de leader à affirmer. Mais le pari sportif ici serait sans doute plus grand pour lui que dans les équipes précédemment citées.
D’ailleurs, sur les classiques, l’équipe Israel Start-Up Nation se structure également.
S’il va ailleurs
Ce ne serait pas interdit. L’équipe Bahrain-McLaren et son ancienne formation Trek-Segafredo l’ont approché. La première connaîtrait des soucis de trésorerie et lorsqu’il avait quitté la deuxième, Luca Guercilena, le manager italien, ne s’était pas montré empressé pour le retenir. L’un n’empêche pas l’autre, bien entendu. Mais ces hypothèses semblent moins prégnantes aujourd’hui. Il n’est pas non plus interdit de penser que des contacts ont été établis par son agent, Gary McQuaid, avec d’autres formations.
On sera donc bientôt fixé, même si récemment Bob Jungels, qui va reprendre la compétition samedi avec les Strade Bianche, a souligné que rien ne transpirerait avant la fin du Tour. À moins qu’au début de la période officielle des transferts (1er août) on en sache davantage. À voir…
Denis Bastien