SAISON 2026 Alex Kirsch, actuellement en stage à Denia (Espagne) avec sa nouvelle équipe Cofidis, fait le point. Il évoque ce qui l’a incité à quitter Lidl-Trek après sept ans de collaboration et détaille ses nouvelles ambitions.
Borduré chez Lidl-Trek jusque dans son rôle de poisson-pilote auprès de Mads Pedersen, Alex Kirsch (33 ans) a retrouvé le moral chez Cofidis où ses ambitions seront de lancer au mieux Milan Fretin et de penser à performer sur les classiques flandriennes qui lui sont si chères.
Dans quel état d’esprit vous trouvez-vous alors que vous vous trouvez en stage sur la Costa Blanca avec votre nouvelle équipe?
Alex Kirsch: C’est un peu plus que de la découverte. Je suis super content. Je prends mes repères, tout est nouveau. Tous ces changements vont dans le bon sens. L’intégration s’est faite très facilement. On sent une vraie volonté de faire changer les choses et c’est d’ailleurs ce qu’on me demande de contribuer à réaliser. Cela motive d’avoir plus de responsabilités sur le plan sportif mais aussi humain. Je suis très content de mon choix.
Vous avez vécu une saison 2025 assez compliquée. À quel moment avez-vous décidé qu’il vous fallait changer d’équipe?
Pendant les classiques. Ce n’est pas un secret, Mads (Pedersen) est l’un de mes meilleurs amis. On a travaillé très, très longtemps ensemble (NDLR: depuis 2015 chez Cult Energy). On a gagné beaucoup de courses ensemble. Je n’avais pas nécessairement l’envie de changer d’équipe, mais j’avais envie de monter en hiérarchie. Surtout sur les classiques, également sur les grands Tours vu ma progression physique au fil des années. La saison dernière, nous étions partis sur l’idée d’être encore plus proches et plus compétitifs encore avec Mads dans le final des classiques et des étapes. Puis il y a eu un changement dans le management de Lidl-Trek. La priorité fut donnée à la découverte de jeunes talents, notamment pour les classements généraux des grands Tours. Pendant les classiques, j’ai remarqué que, peu importe le niveau que j’avais, je resterais sur ma place habituelle, voire moins. Cela a créé une frustration. Il m’a fallu du temps pour digérer ça. Est-ce que j’étais d’accord avec ça? Est-ce que je ne voulais pas faire plus?
Vous avez donc répondu par la négative…
Je n’ai pas cherché à rechercher un meilleur contrat, à courir la meilleure offre. Malgré mes 33 ans, je me sens encore très jeune. Du coup, au niveau personnel, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie de faire mieux. J’ai aussi réalisé que si je restais chez Lidl-Trek, je n’aurais plus jamais l’opportunité de participer au Tour de France. Sur les classiques, avec (Mathias) Vacek, (Jakob) Söderqvist, (Albert) Withen Philipsen qui arrivent, ce sera encore plus compliqué que la saison passée. Finalement, j’étais ouvert à un changement. Mads (Pedersen) m’a dit lui-même que je méritais d’essayer de saisir ma chance. Donc, il m’a aussi aidé dans ce choix.
C’est Cédric Vasseur (débarqué à la fin septembre de son poste de manager général et remplacé par Raphaël Jeune) qui vous avait contacté?
Oui, sur recommandation du directeur sportif Thierry Marichal qui avait été mon « ds » chez Wallonie Bruxelles (l’équipe belge où Alex Kirsch a évolué en 2017 et 2018). Thierry appréciait mon caractère, ma volonté de bien faire et il m’avait beaucoup aidé dans ma progression et même à trouver une équipe en World Tour. Nous ne sommes pas restés en contact, mais on se croisait sur les courses. Thierry avait proposé à Cédric de changer de direction. D’où mon arrivée par exemple. Moi j’étais à la recherche de ce que je voulais pour la troisième partie de ma carrière.
Je pense que Raphaël Jeune sera le meilleur manager avec lequel j’aurai eu la chance de travailler
Et comment se sont passés vos premiers échanges avec Raphaël Jeune?
Je suis très content de son arrivée. On ne se connaît pas depuis très longtemps mais je pense qu’il s’agit du meilleur manager avec lequel j’aurai eu la chance de travailler. Il m’a présenté son projet. Je ressens que les autres coureurs de l’équipe sont sur cette ligne.
Justement quelles seront vos missions chez Cofidis?
Je reviens à ce moment où j’avais cette option de ne pas finir ma carrière chez Trek. Je me suis dit que je voulais donc revenir sur le Tour (qu’il a disputé deux fois, en 2022 et 2023). Mon ambition était d’y revenir, comme j’avais aussi l’objectif de réaliser un top 10 sur les classiques flandriennes. Du coup, les autres grandes équipes n’étaient plus des options. J’aurais eu la même chose que chez Trek mais en moins bien. Cofidis est devenue intéressante pour moi. J’avais la possibilité d’avoir de la liberté sur certaines courses et, de plus, je cherchais un coureur capable de gagner beaucoup de courses. Tu peux être le meilleur poisson-pilote, si ton sprinteur ne gagne pas, cela ne sert pas à grand-chose. J’ai discuté beaucoup avec Milan Fretin, le sprinteur chez Cofidis, pour comprendre son caractère. J’ai regardé des vidéos de ses sprints. Et je me suis dit que je pouvais lui apporter des choses. C’est ça qui explique ce choix. Mon rôle sera aussi de donner de la stabilité à l’équipe. Il y a beaucoup de talents, mais il manque des coureurs de référence. Je prendrai ce rôle comme poisson-pilote avec Milan. Cette expérience pourra être utilisée avec les autres coureurs de l’équipe qui sont également très rapides.
Et dans les classiques?
Je compte bien m’amuser! En largeur, l’équipe est super compétitive. J’ai regardé tous les résultats et j’ai vu trois, quatre coureurs figurant dans le top 30 des classiques. Cela veut dire que le talent est là, mais pas forcément le coureur qui a servi de guide pour que ça roule en équipe. Si on me demande quels sont les changements, je réponds que tout va changer. Et c’est très intéressant pour moi. Depuis que j’ai repris l’entraînement, j’ai un grand sourire sur le visage tout le temps. Ça m’excite de pouvoir travailler avec des jeunes talents qui, jusqu’à présent, n’ont pas encore pu le montrer. Ils ont ce qu’il faut, il ne manque que le bon guidage. C’est ce qui m’a manqué chez Trek. Il y avait des champions, des super talents, jeunes. Tu peux aider, mais ils sont tellement forts que tu fais moins de différence.
Pour la reconstruction, repartir en Pro Conti, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver
Le fait que Cofidis soit passée de la première à la deuxième division (des équipes du World Tour aux équipes Pro Conti) est-il un problème?
Sportivement, je pense que c’est un grand bénéfice pour justement reconstruire. C’est très compliqué de le faire en World Tour, vu les obligations. L’équipe Uno-X est le meilleur exemple. La saison en Conti Pro, ils ont su construire un calendrier en étant très compétitif avec une très bonne préparation. Ce qui peut être possible si on laisse de côté des courses où on n’a pas l’effectif pour, comme le Tour Down Under, le Tour de Catalogne ou un Tour d’Italie. Cela te donne plus de moments de repos ou de préparation. Cofidis a l’objectif de revenir en World Tour. C’est un statut important pour les sponsors qui investissent beaucoup. Pour la reconstruction, repartir en Pro Conti, c’est la meilleure chose qui pouvait arriver. Et sportivement, ça ne change pas beaucoup. On a les wild cards assurées. Toutes les courses qu’on veut faire, on peut les faire. Comme choisir les courses qu’on ne veut pas faire.
Vous roulez désormais sur un vélo Look. Vous vous êtes bien adapté?
Oui, cela a pris un peu de temps. Je n’avais pas changé de vélo ni de position depuis sept ans. Là, j’ai changé de cadre, les pédales, les chaussures, les cales, la selle, le guidon et le groupe (son vélo Look sera équipé du groupe Campagnolo). Je suis très content. Je suis surpris, je trouve même ça énorme. Je ne vois aucun point qui manque.
Finissons par votre programme 2026…
Je vais commencer par l’ AlUla Tour (2. Pro/27-31 janvier). Puis je serai au départ de la Classic Almeria (1.Pro/15 février), de la Ruta del Sol (2.Pro/18 au 22 février). Je disputerai la première classique de pavés, le Het Nieuwsblad (World Tour/28 février), Kuurne-Bruxelles-Kuurne (1.Pro/1er mars). Je suis prévu sur Paris-Nice (World Tour/8-15 mars). Sur la Course au soleil, on aura cet objectif de remporter des sprints avec Milan (Fretin). On va se roder dans le mois de février. Ensuite les grandes classiques du World Tour arriveront. Je ferai Milan – San Remo (21 mars), Ronde Van Brugge (25 mars), le Grand Prix E3 (27 mars), Gand-Wevelgem (29 mars), À travers la Flandre (1er avril), le Tour des Flandres (5 avril) et Paris-Roubaix (12 avril). Ensuite, ce sera repos et préparation pour le Tour de France. Je reprendrai sur la Bruxelles Classic (1.Pro/7 juin), Copenhague Sprint (World Tour/14 juin), puis le Tour de Belgique (2.Pro/17 au 21 juin) avant le Tour de France (4-26 juillet). Pour la suite, on verra…