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Cybercriminalité : jugé aux USA, le Lorrain Sébastien Raoult condamné à trois ans de prison


Paul Raoult est parti aux États-Unis, accompagné d’une dizaine de personnes, pour connaître la peine infligée à son fils. (Photo d’archives Eric Thiébaut)

Sébastien Raoult a été condamné à trois ans de prison et à rembourser cinq millions de dollars pour les pertes causées aux firmes dont lui et son groupe de hackeurs ont siphonné les données.

Le hackeur français Sébastien Raoult, accusé par la justice américaine d’avoir fait partie d’un groupe de pirates informatiques qui a siphonné les données d’une soixantaine d’entreprises, a été condamné mardi à trois ans de prison par un juge de Seattle.

Le magistrat l’a également condamné à rembourser cinq millions de dollars pour les pertes causées aux firmes victimes, selon un communiqué du parquet.

« Mettre cette histoire derrière moi »

« Je comprends mes erreurs et je veux mettre cette histoire derrière moi », a déclaré le jeune Français de 22 ans lors du prononcé de sa peine, d’après le communiqué. « Plus de piratage. Je ne veux pas décevoir à nouveau ma famille ».

Arrêté au Maroc en mai 2022, puis extradé huit mois plus tard aux Etats-Unis, cet ancien étudiant en informatique avait d’abord plaidé non coupable. Mais, en novembre, il a finalement fait volte-face en nouant un accord avec l’accusation.

Sébastien Raoult a reconnu être coupable d’association de malfaiteurs pour commettre une escroquerie informatique et d’usurpation d’identité aggravée. En échange de quoi, les procureurs ont abandonné sept autres chefs d’accusation à son encontre.

Le parquet, qui dénonce dans son communiqué un jeune homme « dont le mobile était la pure cupidité », réclamait six ans d’emprisonnement.

Affaire diplomatique

Originaire d’Epinal (88), Sébastien Raoult a admis avoir fait partie des « ShinyHunters ». Un groupe de pirates informatiques au sein duquel il se cachait derrière le pseudonyme « Sezyo Kaizen ».

A partir de 2020, ces hackeurs ont dérobé les données confidentielles d’une soixantaine d’entreprises afin de les revendre sur le dark web, causant des pertes estimées à plus de six millions de dollars par la justice américaine.

Le groupe comptait également deux autres jeunes français dans ses rangs : Abdel-Hakim El-Ahmadi et Gabriel Bildstein, un hackeur bien connu de la justice française.

Mais la France n’extrade pas ses ressortissants et ils sont restés dans l’Hexagone. Sébastien Raoult était donc poursuivi seul dans cette affaire.

Son extradition par le Maroc, où il a passé des mois en prison dans des conditions déplorables après son arrestation à l’aéroport de Rabat, avait fait de son cas une affaire diplomatique.

Sa famille et sa défense française ont tenté par tous les moyens de le faire extrader en France pour qu’il y soit jugé, allant même jusqu’à saisir le Comité des droits de l’homme de l’ONU pour s’opposer à sa remise aux Etats-Unis.

« Pour moi, c’est censé être une affaire française », avait confié en mai Sébastien Raoult depuis sa prison américaine, en manifestant son incompréhension face à l’inaction de Paris, qui ne s’est pas opposé à son extradition outre-Atlantique.

« Le gouvernement américain cherche juste quelqu’un à condamner et c’est tombé sur moi », avait-il regretté. Seul à être jugé, il redoutait de payer en partie pour « ce que d’autres ont fait ».