L’ancienne Bibliothèque nationale va connaître une nouvelle vie. Non pas pour accueillir une galerie d’art, mais le tribunal de commerce et le Centre pour la promotion des arts.
Au tout début, il y avait en cet endroit le collège jésuite qui avait ouvert ses portes en 1603, collé à l’église (achevée en 1621) qui deviendra la cathédrale Notre-Dame. L’Athénée de Luxembourg s’y installe ensuite en 1817, et l’établissement conservera le nom de De Kolléisch, toujours usité pour désigner le lycée qui a déménagé en 1964 à Merl, dans un quartier qui verra apparaître le campus scolaire Geesseknäppchen, que l’on connaît aujourd’hui.
À l’ancien Athénée succédera la Bibliothèque nationale de Luxembourg (BNL), qui prend ses quartiers en 1973 dans un bâtiment rénové. Quatre décennies plus tard, une loi définit la construction d’un bâtiment moderne, répondant aux besoins du XXIe siècle, qui ouvrira finalement ses portes le 1er octobre 2019 au Kirchberg.
L’ancien collège des jésuites est toujours là, en plein centre-ville, faisant la jonction entre le boulevard Roosevelt et la rue Notre-Dame. Il s’apprête à connaître une nouvelle vie, une de plus, ce qui a réjoui l’ensemble des députés votant dans un élan unanime pour la rénovation et la transformation des bâtiments pour les besoins du tribunal de commerce, du parquet général et pour ceux du ministère de la Culture.
Ce beau spécimen du patrimoine national sera en grande partie destiné à accueillir les chambres commerciales, trop à l’étroit dans les pièces de la résidence qu’elles occupent au plateau du Saint-Esprit et «dont la configuration est inadaptée à ses fonctions», comme souligné dans le rapport de la députée Corinne Cahen.
Faute d’espace, il n’est pas rare que les avocats et particuliers doivent suivre l’appel des affaires debout dans la salle ou dans le couloir étroit adjacent. Les salles d’audience de 45 m² sans hauteur sous plafond ne vont pas manquer aux personnels judiciaires qui auront droit à deux salles d’audience prévues pour 50 personnes, une salle d’audience pour 20 personnes et une vingtaine de bureaux. Le parquet général investira aussi les lieux en y transférant quelques services.
La culture s’installera au rez-de-chaussée avec le Centre pour la promotion des arts (CEPA) avec, en bonus bienvenu, un café littéraire et une terrasse. Le CEPA, soutenu par le ministère de la Culture et la Ville de Luxembourg, organise tout au long de l’année des cours de création artistique s’adressant aux amateurs, enfants comme adultes, souhaitant découvrir et apprendre une technique artistique.
Moins de 60 millions d’euros
Les auteurs du projet de lois n’ont pas manqué de préciser que cette installation répondait à plusieurs recommandations prévues par le plan culturel 2018-2028, favorisant notamment des partenariats, les conditions de travail des artistes, ainsi que la formation continue et la participation citoyenne. Des collaborations ponctuelles avec d’autres organismes sont prévues.
«Ce projet vise à équilibrer activités administratives et culturelles dans un lieu central et bien desservi», résume la rapportrice du projet de loi. L’enveloppe budgétaire prévue pour ce projet ne peut pas dépasser le montant de 55 660 000 euros. Sous les 60 millions, l’autorisation de la Chambre des députés n’est pas requise pour procéder à la dépense en question.
La ministre Yuriko Backes a souligné l’importance «d’investir pour l’avenir» et n’a pas eu à batailler pour faire passer son projet de loi face à l’unanimité qu’il a suscité. Ce qui n’a pas empêché Yves Cruchten (LSAP) de glisser dans le débat qu’il était capital de s’intéresser de plus près au patrimoine national et sans trop tarder.
Sous l’ancien gouvernement, l’ex-collège jésuite devait accueillir un musée ou une galerie, mais le projet a été rangé dans les tiroirs. «Il serait temps de songer aujourd’hui de la destinée des Archives nationales qui vont aussi déménager», a suggéré le député socialiste.