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Crue de l’Alzette : «On sera loin en dessous des inondations de juillet 2021»


À Ettelbruck, l'Alzette est sortie de son lit près du parking du Deich.

Une alerte rouge inondation est mise en place notamment le long de l’Alzette. Olivier Jeitz, chef de la division de l’hydrologie pour l’administration de la Gestion de l’eau, donne des détails de la situation.

Avec le CGDIS, le Haut-Commissariat à la Protection nationale (HCPN) et MeteoLux, l’administration de la Gestion de l’eau compose la cellule d’évaluation en cas d’inondation et fournit des mesures indispensables sur les cours d’eau qui ont déclenché, mardi, l’alerte rouge inondation. Un procédé expliqué par Olivier Jeitz, chef de la division de l’hydrologie pour l’administration de la Gestion des eaux.

Comment se produit le déclenchement de l’alerte rouge ?

Olivier Jeitz : On déclenche les phases d’alerte lorsque les cotes d’alerte risquent d’être dépassées. Les cotes de préalerte sont des cotes avec une hauteur fixe qui servent de référence pour évaluer un potentiel danger. Nous avons deux cotes. La cote de préalerte, en relation avec la phase d’alerte orange, où il y a un risque de crue mineure pouvant entraîner des inondations et des dommages locaux.

C’est un danger gérable. Puis avec celle d’alerte, pour la phase d’alerte rouge, il y a un risque de crue majeure avec des débordements pouvant avoir un impact significatif sur les biens et personnes. C’est un danger beaucoup plus important.

Est-ce possible de comparer cette crue avec celle de juillet 2021 ?

Il y a toujours de l’incertitude, on ne peut pas dire certainement quels niveaux on va atteindre dans les prochaines 24 heures. Ce qu’on sait, c’est qu’on sera loin en dessous des inondations de juillet 2021. Par exemple, on attend une crue entre HQ10 et HQ20 pour l’Alzette, qui est une crue qui se produit en moyenne statistique tous les 10 ou 20 ans.

On est vraiment loin des crues de 2021. Pour la Sûre, il y avait eu des dégâts importants en 2021, notamment à Echternach, avec une crue qui se produit à une fréquence de 100 années. Ce soir, on parle de cinq années (HQ5). C’est beaucoup moins, mais on voulait tout de même avertir les gens.

On peut se protéger mais aussi freiner les crues

Peut-on éviter les inondations provoquées par les crues ?

Le jour même, on ne peut plus rien faire. Le problème majeur, c’est qu’il y a eu beaucoup de pluie ces dernières semaines et les sols ne pouvaient plus absorber de l’eau et qu’elle s’écoule directement vers les cours d’eau.

Par contre, il y a une directive européenne pour les inondations, dont un grand volet sur la prévention. Il faut travailler pour protéger les villes mais on parle aussi de responsabilité individuelle, que les particuliers dans les zones inondables doivent se protéger.

Que ce soit avec un système de vannes ou avec des batardeaux devant les portes ou les fenêtres. Ce sont des choses à construire, en faisant appel à des bureaux d’études pour connaître les faiblesses de son domicile.

Et puis, on peut se protéger mais aussi freiner les crues avec des projets où l’on réalise des zones de naturalisation où l’eau peut être retenue et ne s’écoule pas si vite en aval. On a reçu beaucoup de demandes des communes et on a aussi fait des réunions publiques afin d’informer les gens.

Le phénomène de crue est-il naturel ou lié au dérèglement climatique ?

C’est difficile à dire, mais j’aurais tendance à penser que c’est une crue typique hivernale alors qu’en juillet 2021, c’était quelque chose de très nouveau.

Sinon, ce genre de crues hivernales est favorable pour les eaux souterraines, car elles ont une période de recharge limitée dans l’année et parfois ne sont pas assez rechargées comme l’année dernière. Et la période favorable pour recharger c’est maintenant, lorsque la végétation n’est plus active car entre le printemps et l’automne, les eaux sont absorbées par la végétation.

L’hiver, c’est le moment où les eaux pluviales peuvent s’infiltrer dans les eaux souterraines. Sauf qu’on est arrivés au moment où le sol ne peut plus absorber d’eau, car il pleut trop. C’est un risque typique qu’on a l’hiver.

Précisions : contrairement à l’article de base, également publié dans notre édition papier de ce mercredi 3 janvier, il fallait lire « Cellule d’évaluation » et non pas « Cellule de crise ». De même, les autorités misent sur une crue HQ5 pour la Sûre, et non pas une HQ10. Les passages en question ont été corrigées ci-dessus. 

Le CGDIS aux aguets

Mardi après-midi, le CGDIS attendait encore ses premières interventions, prêt à intervenir avec «un groupe de volontaires spécifiquement formés pour le sauvetage en surface et subaquatique, mobilisable à tout moment à travers le pays, comme en juillet 2021» expliquait Cédric Gantzer, chef du département de la direction générale du CGDIS.

À 17 h, 5 interventions avaient été réalisées, avant une soirée qui s’annonçait plus compliquée : «Dans la soirée, l’eau va monter de manière de très visible mais pour l’instant, les endroits touchés sont des endroits où les gens sont habitués depuis des décennies». À 19 h, le CGDIS avait aussi participé à une nouvelle réunion de la cellule de crise afin d’«observer très régulièrement la situation et évacuer en fonction des prévisions».