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Croix-Rouge : «Après l’affaire Caritas, nous avons observé une chute importante des dons»


Michel Simonis, directeur général de la Croix-Rouge, a présenté hier son bilan pour l’année 2024. (Photo : fabrizio pizzolante)

Le scandale de détournement de fonds de 61 millions d’euros impliquant Caritas, survenu l’été dernier, a eu des répercussions directes pour l’association caritative.

L’affaire Caritas a-t-elle eu des conséquences importantes sur les organisations caritatives, comme la Croix-Rouge ? À l’occasion de son bilan annuel, l’association solidaire luxembourgeoise est revenue sur une année 2024 particulièrement mouvementée. Et forcément, il a été question du scandale de détournement de fonds de 61 millions d’euros de l’été dernier. Sur ce point, l’ASBL a déjà constaté quelques effets. «Dans les mois qui ont suivi l’affaire, nous avons observé une chute importante des dons, même si cela a repris un peu en fin d’année», indique Michel Simonis, directeur général de la Croix-Rouge luxembourgeoise.

En effet, en 2024, l’association a pu compter sur 4,7 millions d’euros de dons, contre 5,8 millions d’euros en 2023. En comparaison avec juillet 2023, la Croix-Rouge a vu une baisse de 59 % du nombre de ses dons en septembre 2024. Des chiffres qui ont eu de quoi inquiéter l’ASBL caritative, qui dépend pour certains de ses services de la générosité du privé. «Nous ne sommes pas dans une situation où nous devons fermer un service indispensable à la population en raison de la chute des dons. Mais il est clair que si nous n’arrivons pas à retrouver nos niveaux de donations privées, cela deviendra de plus en plus difficile de maintenir cette voilure», souligne Michel Simonis.

Mais le scandale Caritas a surtout eu des effets sur la confiance des donateurs envers les organisations caritatives. «Elle a été ébranlée. Nous l’avons remarqué, par exemple, lors de notre traditionnel Mois du don. Les chiffres étaient nettement inférieurs à ceux des années précédentes», note le directeur général de la Croix-Rouge. Aujourd’hui, des mois après le scandale, l’association souhaite le plus possible redonner confiance aux donateurs. «Nous comprenons leurs inquiétudes, mais il est essentiel de rappeler que la Croix-Rouge luxembourgeoise agit avec transparence, rigueur et responsabilité. Chaque don est utilisé pour répondre à des besoins réels et urgents», insiste Michel Simonis. Des mécanismes de contrôle existent depuis plusieurs années au sein de cette ASBL caritative. Après le scandale, le directeur général dit les avoir renforcés. «Nous avons revu tous nos systèmes. Nous avons constaté qu’ils étaient très bien ficelés.»

«La pauvreté est bien réelle au Luxembourg»

Si l’affaire Caritas a forcément occupé une grande partie de la conférence de presse, la Croix-Rouge est aussi revenue sur la hausse de la précarité au Luxembourg. Pour le directeur de la Croix-Rouge, «la pauvreté est bien réelle au Luxembourg et touche de plus en plus de personnes». En effet, d’après le Statec, en 2023, plus d’un ménage sur cinq (22,4 %) a déclaré rencontrer des difficultés à joindre les deux bouts.

Ainsi, en 2024, les activités de l’association caritative ont été renforcées. Les épiceries sociales ont, par exemple, enregistré près de 40 000 passages en caisse, soit une hausse de 26 % entre 2021 et 2024. Les familles monoparentales représentent, par ailleurs, 20 % des bénéficiaires. Autre chiffre marquant : les structures d’accueil ou de nuit ont accueilli 149 nouvelles personnes en situation de précarité. «On assiste également à une hausse de la pauvreté du côté des travailleurs», précise Michel Simonis.

Pour répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, cette année, la Croix-Rouge va axer plusieurs de ses projets sur la thématique du logement. À ce propos, grâce au legs de 50 millions d’euros du notaire Robert Schuman, décédé en 2022, l’ASBL a mis en place, l’année dernière, un fonds dédié à la construction de logements abordables. D’ici à 2030, plusieurs appartements et maisons accueilleront de nouveaux résidents. Les premiers logements devraient être livrés en fin d’année. Du côté de l’international, la Croix-Rouge luxembourgeoise souhaite apporter quelques changements. «Nous voulons revoir notre activité à l’étranger. Dans certains pays, il devient très difficile d’agir en raison de la présence de groupes armés», conclut le directeur général de l’association caritative.