L’Association des médecins et médecins-dentistes tire la sonnette d’alarme sur la situation financière de la Caisse nationale de santé. Et regrette d’avoir été oubliée dans un protocole d’accord prévoyant hausses salariales et primes, signé entre syndicats et hôpitaux.
L’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) est en colère. Malgré les mauvais comptes de l’assurance maladie et un déficit structurel qui continue à se creuser, elle a découvert avec «stupéfaction» le contenu du protocole d’accord intermédiaire signé entre les syndicats OGBL et LCGB, et la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL) dans le cadre du renouvellement de la convention collective de travail applicable au personnel hospitalier.
L’AMMD explique que ce protocole prévoit «une augmentation linéaire des salaires, accompagnée de primes rétroactives». Il représente d’après l’AMMD «une charge financière importante pour les hôpitaux – et donc, indirectement, pour l’assurance maladie». Ce protocole n’apporterait pourtant pas d’«amélioration tangible pour les patients» pour l’AMMD : «ni un meilleur accès aux examens ou traitements nécessaires ni une réduction des délais d’attente, notamment aux urgences».
Pour l’AMMD, «la manière dont ce protocole d’accord a été conclu met en lumière de graves conflits d’intérêts au sein du conseil d’administration de la CNS, qui compromettent son bon fonctionnement et sa mission d’intérêt public».
Le sentiment «d’avoir été bernée»
Ainsi, deux mois après la quadripartite portant sur la santé financière de l’assurance maladie, la situation risque d’empirer. Les représentants syndicaux siégeant à la CNS auraient validé «avec le consentement au moins tacite du représentant de l’État» une revalorisation salariale substantielle dans le secteur hospitalier au détriment d’une réforme plus équilibrée du système de santé. L’AMMD estime que c’est une dérive dangereuse et a le sentiment d’«avoir été bernée». L’AMMD précise sa pensée : «Les syndicats obtiennent des avantages économiques directs pour leurs membres, alors que dans le même temps, les médecins et médecins-dentistes se voient opposer un refus catégorique à toute discussion sérieuse sur l’avenir de leur profession, sous prétexte du déficit « structurel »».
Face à ce qu’elle qualifie de rupture de confiance, l’AMMD annonce la tenue d’une assemblée générale extraordinaire à l’automne pour envisager «les actions concrètes à engager». Elle précise à cet égard : «Le problème est désormais clairement politique».