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Criminalité au Luxembourg : moins d’affaires et plus d’infractions


Marc Wagner, Jean-Louis Bordet, Henri Kox et Pascal Peters ont présenté les chiffres de la délinquance pour l’année 2021.

La criminalité a connu un très léger recul en 2021 au Grand-Duché. Pas de quoi se reposer sur ses lauriers pour la police, qui s’adapte aux dernières tendances en la matière.

Le crime ne dort toujours pas plus au Luxembourg et les policiers, par ricochet, non plus. La pandémie n’a que légèrement grippé ses rouages. À l’inverse du nombre d’infractions, le nombre de dossiers – pour cent mille habitants – traités par les forces de l’ordre l’an passé a connu un léger recul de 1,45 % par rapport aux chiffres enregistrés depuis 2017.

Comme chaque année, la police grand-ducale a présenté hier ses statistiques pour 2021. Une nuée de graphiques et de chiffres pour les profanes et un outil précieux pour les policiers, car ces données leur permettent «de déceler des tendances» et d’«adapter leur mode opératoire et leur manière de travailler sur le terrain», selon le ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox. Bref, d’appliquer la bonne tactique.

Ces statistiques sont établies sur la base des plaintes enregistrées par la police grand-ducale. Les chiffres réels des infractions pourraient donc être plus élevés, a précisé Pascal Peters, le directeur central de la police administrative, avant de souligner que le nombre de dossiers reste constant malgré une population luxembourgeoise en augmentation. Le taux d’élucidation des affaires est de 53,2 %, soit 1,5 point au-dessus de la moyenne de ces cinq dernières années.

La majorité des infractions (59,5 %) restent celles contre les biens (25 491 en 2021, soit une augmentation de plus de 15 % en un an). Suivent les infractions contre les personnes (8 814 en 2021, +5,3 %) et les infractions diverses, en grande partie des affaires de stupéfiants.

Les vols de vélos en forte hausse

Les vols de colliers et de montres de luxe, commis principalement à Luxembourg et dont certains auteurs présumés ont pu être interpellés, ont fait bondir les statistiques des vols avec violence. Il y en a eu 505 en 2021, contre 420 l’année précédente. Ce qu’on appelle les vols simples, à l’étalage, à la tire ou domestiques représentent un quart des infractions et ont augmenté de 17,73 %, notamment en raison des vols de carburant. Les vols liés aux véhicules ont progressé de près de 13 % sur une année en raison notamment des vols de vélos qui sont passés de 254 en 2017 à 725 en 2020 et à 987 en 2021.

Enfin, le nombre de vols à main armée contre des établissements commerciaux a doublé en 2021 et brise la tendance des années précédentes. 19 vols ont eu lieu dans des commerces, principalement des stations-services (8), et un dans une banque. Dans le dernier cas, l’auteur du vol a été arrêté immédiatement après les faits.

Les cambriolages sont un autre type de vol et une des priorités des forces de l’ordre. Marc Wagner, qui dirige le département criminalité contre les biens de la police judiciaire, a indiqué qu’une tendance à la baisse (-18,3 %) des cas concernant des maisons avait été enregistrée ces trois dernières années. Le policier l’attribue à la pandémie et au fait que les habitants ont été davantage chez eux dans la journée et dans la soirée en raison des mesures sanitaires.

Mais aussi aux efforts préventifs et proactifs réalisés par les citoyens et la police. La baisse semble générale, puisque le nombre de cambriolages dans les commerces ou entreprises a également chuté de 21,56 % sur cette même période. 109 auteurs présumés ont été arrêtés en 2021 et 493 affaires remontant parfois à 2012 ont été élucidées.

Des moyens pour gagner du terrain

En ce qui concerne les infractions contre les personnes, trois meurtres ont été commis l’an dernier ainsi que 110 viols et 161 attentats à la pudeur. Des chiffres en légère augmentation ces trois dernières années, tout comme ceux des coups et blessures volontaires (2 967 signalements en 2021 contre 2 829 en 2020). Le nombre des interventions pour des cas de violences domestiques (917 contre 943) et celui des expulsions de conjoints violents du domicile familial (249 contre 278) ont diminué par rapport aux chiffres enregistrés en 2020.

Les agents de la force publique ne sont pas épargnés en matière de violences. Le nombre de cas de rébellion et outrage à agents a grimpé en flèche ces deux dernières années, notamment en raison des manifestations en relation avec la pandémie de Covid-19. Il y a eu 260 infractions constatées pour outrage à agent en 2021 contre 165 en 2017 et 89 pour rébellion contre 61 en 2017.

Henri Kox s’est montré particulièrement inquiet en ce qui concerne ce dernier point. Il a précisé que «la loi encadrant la rébellion allait faire l’objet d’une réforme et que les peines allaient être adaptées». Il s’agit, selon le ministre de la Sécurité intérieure, d’un des nombreux moyens que la politique doit mettre à la disposition de la police grand-ducale pour lui permettre de remplir au mieux ses missions dans l’intérêt des citoyens.

Le cadre légal en est un, les infrastructures, les équipements et le recrutement de personnel en sont d’autres. La police doit rester la seule force de maintien de l’ordre public et doit continuer de marquer sa présence pour gagner du terrain sur la criminalité.