Accueil | A la Une | Crêpage de dreadlocks : une séparation mal digérée

Crêpage de dreadlocks : une séparation mal digérée


«J’étais bourré. Je n’ai pas compris ce qu’elle me voulait», commente le prévenu. (photo archives LQ)

Carlos a porté plainte contre son ex-petite amie parce qu’elle lui avait arraché des dreadlocks. Il aurait mieux fait de s’abstenir. De victime, de son point de vue, il est passé agresseur.

Une rupture mal digérée entre Fanny et Carlos est à l’origine d’un crêpage de chignon en règle entre Pétange et Esch-sur-Alzette. Le prévenu a perdu quelques dreadlocks dans la bataille et décidé de porter plainte contre la trentenaire. «Une mauvaise idée», de l’avis de la présidente de la 13e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, mercredi.

L’ancien couple était séparé depuis deux mois quand Carlos et Fanny se sont croisés par hasard dans la nuit du 3 septembre 2023 à la discothèque pétangeoise Champs-Élysées. La rupture encore toute fraîche, Fanny n’aurait pas supporté de voir Carlos fricoter avec une autre jeune femme sous ses yeux et est allée le trouver.

«Je lui ai dit que je ne voulais pas qu’il fasse certaines choses devant moi», a indiqué la jeune femme à la barre. «Il me dégoûtait. Je ne voulais plus le voir.» Fanny lui aurait empoigné le menton. «J’étais bourré. Je n’ai pas compris ce qu’elle me voulait», commente le prévenu. Selon Carlos, Fanny lui aurait donné une gifle avant de quitter l’établissement. «Après ça, j’ai vrillé. Na na na…»

«Il nous a rejointes à l’extérieur en courant et s’est placé devant nous», rapporte Katia, une amie de Fanny. Débute alors le crêpage de chignon. Carlos et Fanny tombent à terre. Chacun tire sur les cheveux de l’autre jusqu’à ce que des amis les séparent.

Chacun repart ensuite de son côté à Esch-sur-Alzette. Carlos avec des dreadlocks en main. «J’avais les nerfs. Na na na…», reconnait-il. «Arrêtez avec vos « Na na na »! Ici, on ne comprend pas ce qu’ils signifient. Ils n’amènent que de la confusion», le reprend la présidente pour la seconde fois.

«Arrêtez avec vos « Na na na »!»

Le prévenu avait à tel point «les nerfs» qu’il a défoncé la porte de la cave du lieu d’habitation de Fanny parce qu’elle ne lui ouvrait pas. Et pour cause : elle n’était pas encore rentrée chez elle. Carlos a alors erré dans Esch-sur-Alzette à sa recherche jusqu’au moment où il a croisé les trois amies à l’arrêt dans une voiture.

«Il s’est approché de la voiture et a frappé Fanny au visage à deux trois reprises avant de partir et de revenir avec un couteau», témoigne Katia. «On était tous bourrés. Il a déposé le couteau dans sa voiture. Je l’ai récupéré et je l’ai caché sous le tapis de sol de la mienne pour qu’il ne puisse pas l’atteindre.» La jeune femme est ensuite parvenue à calmer le prévenu et à lui faire entendre raison.

«Vous avez la rancune tenace. Il faudrait travailler votre tolérance à la frustration», a constaté la juge, persuadée qu’il n’aurait pas apprécié que Fanny s’en prenne à lui devant ses amis. «J’ai eu la haine sur le moment. Na na na… J’ai dit Na na na ! Aujourd’hui, c’est terminé», s’est repris le jeune homme qui a déposé plainte contre Fanny. Grand mal lui en a pris. Le parquet a requis une peine de 9 mois à son encontre pour coups et blessures volontaires ainsi que menaces.

C’est la troisième fois que Carlos comparait devant un tribunal pour des faits de violence, a précisé la présidente. L’avocate de la défense a évoqué «des émotions en ébullition» et plaidé en faveur d’une suspension du prononcé ou de travail d’intérêt général pour son client. Aujourd’hui, «ils n’ont conservé aucune rancœur l’un contre l’autre et peuvent se croiser sans problème».

Il n’y aura donc pas de récidive de la part de Carlos, selon elle. «Ils ont mal réagi de part et d’autre», explique Me Stoffel. Après tout, Fanny «a commencé» en «le cherchant et le menaçant en lui disant qu’elle ne souhaitait plus le voir avec d’autres femmes».

Carlos, qui a eu la parole en dernier, ne comprend pas pourquoi il encourt une condamnation. «C’est moi qui ai été agressé !», se plaint-il.

Le prononcé est fixé au 6 juin prochain.