Après des mois de débats, de réflexion et d’attente, Creos a finalement dévoilé le tracé quasi définitif de la future ligne très haute tension qui s’étendra de Bertrange à Aach, en Allemagne.
Rien ne semble plus pouvoir arrêter la construction des 48 kilomètres de la ligne à très haute tension de 380 kV qui va traverser le pays de Bertrange à Moersdorf, en passant par Bofferdange, afin de rejoindre la ville allemande d’Aach. Du moins, c’était le message de la conférence de presse organisée hier par Creos Luxembourg, gestionnaire des réseaux nationaux d’électricité et de gaz. À la baguette de ce «Projet 380» avec son homologue allemand Amprion, la société luxembourgeoise a annoncé avoir validé le choix du tracé de la future ligne.
Sans grande surprise, c’est la variante proposée par le ministère de l’Environnement, via sa conclusion motivée sur le projet publiée le 12 novembre dernier, qui a été retenue. Pour Creos, l’annonce de cette décision est «une étape décisive» ainsi qu’«un jalon de la modernisation énergétique». Pour les habitants autour de la ligne, c’est la fin d’un long suspense débuté en juillet 2021 par la publication des différentes variantes du tracé.
«Quasiment consensus»
Trois ans et demi auparavant, certaines variantes étudiées par Creos avaient provoqué la colère et le rejet en bloc de riverains, par crainte pour leur santé ou l’environnement. Ce fut notamment le cas à Imbringen et à Eisenborn. Par conséquent, la consultation publique menée entre juin et juillet dernier avait connu une forte participation, avec plus 1 000 réclamations récoltées. La mobilisation était telle que la conclusion motivée du ministère sur le choix du tracé a été publiée avec 40 jours de retard.
Désormais, la messe est dite. «Ce qu’il faut mettre en avant, c’est que la variante qui a été retenue fait quasiment consensus. C’est une très bonne nouvelle au vu de toutes les discussions et des demandes que la population a introduites», se félicite Laurence Zenner, CEO de Creos. Si les citoyens d’Imbringen ont eu gain de cause, ce n’est pourtant pas le cas de ceux d’Eisenborn, qui avaient déjà protesté en réaction à la conclusion motivée et au passage du tracé à travers la forêt Grünewald.
À ce sujet, «nous sommes en train de regarder si nous pouvons aussi adapter de manière légère le principe écologique sur base des zones de protection de l’eau qui sont sur cette aire», prévient la dirigeante. Avec Eisenborn, sept autres points d’adaptations du tracé sont encore à l’étude, notamment afin de protéger des habitats écologiques et des zones de protection d’eau. En 2025, ces derniers détails devraient être finalisés.
La ligne de 220 kV bientôt dépassée
De toute manière, «il n’y a pas de projet de cette envergure qui ne suscite pas de discussion», relativise Laurence Zenner. Avec une première estimation des coûts qui avoisinent les 350 millions d’euros, la future ligne très haute tension est «un projet stratégique» pour Creos, mais aussi indispensable pour l’avenir du Grand-Duché, selon le gestionnaire. Ce dernier a présenté différentes projections de ses importations d’électricité jusqu’en 2040 et quel que soit le scénario, les capacités maximales de l’actuelle ligne à haute tension de 220 kV seront largement dépassées dès 2030, voire 2028.
Cette dernière a été construite en 1962 et «le monde a changé entretemps». «Il y a de plus en plus de ménages, d’industries, d’entreprises qui produisent leur énergie, qui la consomment en partie chez eux, mais qui en injectent aussi dans le réseau», explique la CEO de Creos. Les besoins en électromobilité et le changement d’alimentation du chauffage augmentent également la consommation au Grand-Duché. «La société est en mouvement donc nous construisons cette ligne pour répondre à ses besoins.»
Mise en service prévue pour 2029
Sans la ligne très haute tension, le risque serait donc de «ne plus pouvoir assurer la sécurité de l’approvisionnement». Cela pourrait se traduire par des coupures de courant ainsi que par «des difficultés à pouvoir connecter de l’énergie renouvelable supplémentaire».
Le temps presse donc pour Creos qui prévoit d’entamer la construction de la ligne 380 kV mi-2026, afin d’avoir une mise en service trois ans plus tard. Le futur poste de transformation, prévu aux alentours de Bofferdange, sera le cœur de la gestion du réseau national en gérant plusieurs niveaux de tension existants (380 kV, 220 kV, 110 et 65 kV).
Dans un monde idéal, le «Projet 380» sera définitivement clos en 2030, après le démantèlement des 225 pylônes de la ligne de 220 kV. D’ici là, Creos peut désormais dérouler et commencer ses nouveaux chantiers : discuter avec les propriétaires fonciers et déposer des demandes d’autorisations de travaux.