L’affaire avait fait grand bruit, au coeur de l’été : Déi Gréng s’inquiétait du rachat de parts dans la société Encevo (maison mère de Creos et Enovos) par un investisseur chinois, pour une percée inédite dans le monde de l’énergie luxembourgeois. Le ministre de l’économie Étienne Schneider répond qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer.
Le message global du ministre de l’économie ? Circulez, il n’y a rien à voir. Pour Etienne Schneider, la prise de part dans Encevo par le groupe China Southern Power Grid (GSG) à hauteur de 24,9% est une opération économique normale, qui n’a pas lieu d’inquiéter. « Il est préférable de bénéficier des compétences d’un acteur industriel (GSG) que de voir détenir les actions de Encevo par un acteur financier (NDLR : Ardian, qui va les vendre à GSG) dont les intérêts sont purement d’ordre pécuniaire et la plupart du temps à court terme », estime Etienne Schneider. Le ministre détaille au passage que GSG « est active dans les cinq provinces du Sud de la Chine (Guangdong, Guangxi, Guizhou, Hainan, Yunnan) et est une entreprise intégrée de transport, de production et de vente d’électricité. Elle emploie 303 000 personnes, exploite 310 000 km de lignes de transport haute tension. »
Impossible de prendre le contrôle
Etienne Schneider note également que la part que GSG va acquérir ne lui permettra pas de prendre le contrôle du géant de l’énergie luxembourgeoise. « Il faut savoir que China Southern Grid va acquérir seulement 24,9% des parts d’Encevo. Au Luxembourg, le pourcentage d’actions permettant à un investisseur de disposer d’une minorité de blocage est fixé en droit des sociétés à 33%. 24,9% des parts ne permettent dès lors pas d’invertir dans la gestion journalière de l’entreprise, ni de procéder à des nominations de salariés aux postes clefs de l’entreprise. Les risques insinués par certains que des acteurs chinois puissent prendre contrôle de façon directe ou indirecte de Encevo au détriment du développement économique du Luxembourg relève de la pure spéculation et n’existe pas. »
Économie ouverte… jusqu’où ?
Etienne Schneider pense enfin qu’ « à l’image de l’Union européenne, le Luxembourg se caractérise depuis des décennies par son économie ouverte et son attitude accueillante tant vis-à-vis de nos travailleurs frontaliers, de capitaux internationaux que d’investissements provenant d’Etats membre de l’Union européenne ou de pays tiers. C’est grâce à cette ouverture d’esprit que nous maintenons notre économie dynamique et croissante ». Déi Gréng ne voyait pas cette opération d’un même oeil, rappelant que l’Allemagne, une économie également très ouverte, se méfie toutefois des investissements réalisés par les chinois dans les secteurs clefs de son économie, quitte à fermer certains accès.
Le Quotidien