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Crédits en Belgique : la spirale du surendettement


Christian Schumacher et la Ligue médico-sociale traitent chaque année environ 200 cas de surendettement au Luxembourg. (photo Isabella Finzi)

Le crédit à la consommation proposé en Belgique est un vecteur du surendettement des résidents au Luxembourg.

Le Centre européen des consommateurs Luxembourg (CEC) a tenté mercredi de donner des pistes et de bonnes pratiques aux consommateurs lors d’un «Midi du consommateur européen» à la Maison de l’Union européenne à Luxembourg sur le thème du surendettement.

Pour l’occasion, Christian Schumacher, chef du service d’information et de conseil en matière de surendettement de la Ligue médico-sociale, a expliqué la situation luxembourgeoise : «57% des gens qui viennent nous voir pour un problème de surendettement ont fait des crédits en Belgique.» En cette matière, en effet, seule la frontière belgo-luxembourgeoise est véritablement concernée, puisque l’on ne retrouve quasiment pas d’habitants luxembourgeois ayant souscrit un crédit à la consommation en France ou en Allemagne.

«On ne l’explique pas vraiment. Historiquement, avec la parité du franc luxembourgeois et du franc belge, cela était plus facile de faire un crédit en Belgique, en plus de la facilité linguistique. Il y a également la publicité où l’on voit qu’on peut avoir un crédit avec un taux très avantageux. Mais au final, le client n’a jamais ce taux. Et puis, il y a l’avantage que c’est anonyme», a expliqué Christian Schumacher, qui traite avec la Ligue médico-sociale environ 200 cas de surendettement par an. Presque une goutte d’eau face aux 10 000 saisies sur salaire prononcées par an au Luxembourg.

Le fait de passer la frontière est également une sorte de dernier recours pour les consommateurs résidents qui se sont vu refuser leur demande de crédit auprès des banques de la place luxembourgeoise. Ils se tournent donc vers des organismes de crédit pouvant aller légalement jusqu’à 20% de taux d’intérêt.

«Le but d’un banquier traditionnel au Luxembourg est de vous accorder un crédit. Mais s’il voit que vous n’êtes pas dans la capacité de le rembourser, il refusera, ce qui est une protection pour le consommateur», a souligné Christian Schumacher avant de préciser : «Dans les cas que nous avons traités, très souvent les personnes vont faire un crédit en Belgique pour payer des crédits ou des dettes au Luxembourg ou pour acheter une voiture ou des meubles.»

Des accidents de la vie

On pourrait alors penser qu’il s’agit de personnes ne sachant pas gérer un budget, ayant les «poches trouées» ou encore de «flambeurs». Mais la réalité est tout autre. «Les accidents de la vie, ça existe», a martelé Christian Schumacher. Effectivement, par exemple, une personne solvable, si elle perd son emploi et n’a pas droit au chômage, peut très vite être démunie face à ses factures, un prêt immobilier et les coûts de la vie de tous les jours. Une solution rapide et toute trouvée sera un crédit à la consommation en Belgique, qui a l’avantage d’être anonyme, sans compter que les agences de crédit du plat pays ne sont pas très regardantes sur la capacité de remboursement des emprunteurs. «Pourtant, il est possible de se tourner vers son banquier et de lui expliquer la situation, a expliqué Christian Schumacher. Dans un grand nombre de cas que nous avons traités, il a suffi de parler avec le banquier luxembourgeois pour qu’il accepte de suspendre pendant trois mois un prêt ou un crédit, le temps que la personne arrive à remonter la pente, surtout si nous sommes là, car les banques connaissent la Ligue médico-sociale et nous font confiance.»

Évidemment, cela n’est pas une obligation de la part du banquier. S’il s’agit d’une personne connue pour «flamber» son argent et qu’il s’avère qu’elle a menti à son banquier en affirmant ne pas avoir de crédit en cours ailleurs pour en obtenir un autre, le banquier ne fera évidemment pas beaucoup d’efforts.

Mais attention, Christian Schumacher précise également que dans la majorité des cas les personnes arrivent à rembourser leurs crédits, même en Belgique, «sinon les sociétés de crédit seraient déjà fermées».

Jeremy Zabatta