Leur amoureuse est devenue «la victime par ricochet» de cette rivalité. Émilie a été blessée au couteau lors d’une rixe qui opposait son petit ami à un de ses soupirants.
Des jeunes rivaux, un couteau, une blessure grave. Les histoires de ce type se suivent et se ressemblent au tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Cette fois, la victime est une lycéenne de 19 ans à l’époque des faits et l’auteur du coup de couteau est son petit ami de l’époque, Karl-Evans. Émilie est blessée au thorax et doit être opérée d’urgence. La plaie fait 5 centimètres de long sur 3 centimètres de large.
Émilie et Karl-Evans avaient passé l’après-midi au centre-ville et venaient de revenir à l’École européenne de Luxembourg, où la jeune fille devait suivre des cours de soutien. «C’était la sortie des classes. Jang est arrivé vers nous et a lancé à Karl-Evans : « Allume-moi! Allume-moi! »», s’est souvenue la jeune fille qui s’est interposée entre les deux jeunes hommes. «Ça a été très rapide. J’ai vu mon pull tout rouge. Je ne sais pas comment le coup de couteau est parti.» Ni qui le tenait. Aux policiers, elle avait pourtant expliqué que Karl-Evans tenait le couteau, lui a rappelé la représentante du ministère public.
«Le temps paraissait suspendu»
Un agent de sécurité confirme également cette version des faits. Il témoigne avoir désarmé Karl-Evans. «J’ai vu un jeune homme apeuré et en état de choc. Il ne s’est pas débattu.» Jang aussi confirme que Karl-Evans tenait le couteau. «Je voulais juste lui parler, je n’ai pas initié le contact physique», note le grand jeune homme qui a lui aussi été blessé. «J’ai tenté d’agripper les bras de mon agresseur pour éloigner le couteau de moi.»
Comment Émilie a été blessée, aucun des témoins ne peut réellement l’expliquer. Un des professeurs présents devant l’école a rapporté les faits tels qu’il les a vécus. «Devant le portail, j’ai vu deux élèves front contre front. Jang a poussé le prévenu, qui est tombé à terre. J’ai compris que la situation allait dégénérer. Le temps paraissait suspendu. J’ai vu que le prévenu avait un couteau dans la main.» Il a retenu le jeune homme en arrière tellement fort qu’il s’est brisé deux doigts. «Je ne m’en suis pas immédiatement rendu compte tellement la situation était tendue. Je voulais éviter à Jang de se précipiter sur la lame.»
«Des petits coqs querelleurs»
L’incident aurait pu plus mal tourner encore. La jeune femme a été gravement blessée. Deux ans après les faits qui se sont produits en février 2021, elle est encore très troublée et fond en larmes en les évoquant. Le prévenu brillait quant à lui par son absence hier après-midi face à la 16e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Il est accusé de coups et blessures volontaires et de menaces d’attentat.
«Depuis l’été 2020, Karl-Evans proférait des menaces de mort verbales et écrites à l’encontre de Jang», explique la représentante du ministère public. Il lui a notamment fait savoir que «le taux de mortalité allait augmenter, mais pas à cause du covid». Les deux jeunes hommes se considéraient comme des rivaux et se battaient pour le cœur d’Émilie, laisse sous-entendre la magistrate qui les a comparés à «des petits coqs querelleurs». Leur amoureuse est pourtant devenue «la victime par ricochet» de cette rivalité.
La légitime défense exclue
La parquetière en est persuadée : Karl-Evans n’a à aucun moment voulu blesser l’étudiante. «Il avait l’intention de blesser quelqu’un. Il n’y a aucun doute là-dessus étant donné la nature du couteau en sa possession», note-t-elle. «C’est un couteau fait pour agresser et causer des blessures importantes.» Il s’est trompé de cible, mais a, selon elle, tout de même causé des coups et blessures volontaires. Elle a exclu la légitime défense et l’excuse de provocation dans son chef étant donné que sa réponse a été disproportionnée par rapport à l’attaque subie.
Pour conclure, la représentante du ministère public a requis une peine de 12 mois de prison, une amende et la confiscation du couteau saisi à l’encontre de Karl-Evans. «Ce n’est pas beaucoup pour ce genre de faits», a-t-elle reconnu. «Le parquet prend en compte le contexte de rivalité ainsi que le fait qu’Émilie est une victime collatérale.»
Le prononcé est fixé au 1er février prochain.