Fin 2008, un couple âgé avait été brutalement attaqué et volé chez lui à Bereldange. Le premier agresseur, identifié par son ADN, a été entendu mercredi.
Menaces au revolver, casserole d’eau froide, saucissonnage… Depuis lundi, quatre hommes et une femme, âgés entre 31 et 42 ans, originaires de Forbach sont jugés pour avoir brutalement agressé un couple de personnes âgées dans son appartement fin 2008. Comment ont-ils trouvé le chemin jusqu’à Bereldange ?
La réponse du premier prévenu Sendy F. entendu mercredi après-midi est simple : «J’ai fait ce qu’on m’a dit, ni plus ni moins.» Si l’on suit ses déclarations, toute cette expédition est un plan monté par un certain Kenan D. Ce patron d’un snack à Forbach aurait eu un ami qui travaillait dans une agence immobilière. Ce dernier aurait vu un coffre avec une grande somme d’argent…
«Je me suis fait embrigader dans cette affaire au Luxembourg. À l’époque, je sortais de psychiatrie, j’étais un légume… Je l’ai fait par peur, pas pour le gain», raconte Sendy F. Il n’aurait pas eu d’autre choix que d’accepter le plan édicté par Kenan D. : «Le plan était qu’une fille se présente avec un type européen pour une visite à l’appartement en prétextant l’achat. J’ai exécuté le plan. J’ai recruté Amandine U. et Marouan H.» La troisième personne c’est Kenan D. qui s’en serait chargé. «Pour qu’ils soient tous bien frais, je devais les ramener la veille à un hôtel à Forbach», précise Sendy F.
Munis d’une photo de l’extérieur de l’immeuble et d’un croquis d’architecte ainsi que d’une mallette remplie de gants, cagoules, talkies-walkies… ils avaient pris la route vers le Grand-Duché le 23 décembre 2008. «Vous n’étiez pas capable de le dénoncer ?», l’interroge la présidente de la 9e chambre criminelle.
– «J’avais peur de lui. Monsieur a beaucoup d’argent. Il a pignon sur rue… Ce sont les petits qui gobent tout.»
Peur de représailles
Bref, avec son troisième acolyte, il avait donc, comme prévu, pénétré dans l’appartement du couple à Bereldange à la fin de la fameuse visite. Lui assure, toutefois, n’avoir frappé personne : «Je ne suis pas un saint. Mais je ne frappe pas les personnes âgées. J’ai juste jeté la casserole d’eau froide.»
C’est pourtant sur une ceinture ayant vraisemblablement servi à ligoter les victimes que ses traces ADN ont été retrouvées. Sa réaction mercredi : «Je n’ai toujours pas compris pourquoi on a retrouvé mon ADN. J’avais mis des gants.»
À leur retour à Forbach, il aurait remis le butin du coffre-fort à Kenan D. Ce dernier l’aurait toutefois accusé d’en avoir volé une part. «Il a dit qu’il allait me tuer.» Mais de nouveau, il aurait gardé le silence par peur de représailles.
«D’un seul coup, vous avez quand même lâché son nom ?», le relance la présidente. Sa réponse : «Je ne pouvais pas porter la responsabilité tout seul.» Kenan D. est l’un des cinq prévenus dans cette affaire. Il clame toutefois son innocence et se fait donc représenter par son avocat au procès.
Quand le tribunal a tenté de savoir lequel des trois autres prévenus qui assistent, eux, aux débats, avait proféré les menaces de mort, le prévenu Sendy. F. s’est muré dans le silence : «Si vous me demandez des détails pour ce qui s’est passé il y a dix ans… désolé Madame, je ne suis pas magicien…»
Suite du procès avec l’audition des autres prévenus ce jeudi après-midi.
Fabienne Armborst