L’ex-ministre de la Famille, Corinne Cahen, s’apprête à coiffer une nouvelle casquette. La désormais nouvelle échevine de la ville de Luxembourg prépare son arrivée avec déjà plein d’idées en tête, mais sur lesquelles elle reste encore très discrète.
Journaliste, cheffe d’entreprise, ministre et maintenant échevine de la capitale. Il vous faut du changement tous les dix ans?
Corinne Cahen : Mon objectif n’était pas d’être ministre, je voulais être députée et garder mon magasin. Il se trouve que j’ai fait un bon résultat aux élections de 2013 et Xavier Bettel m‘a demandé de rejoindre le gouvernement. Ce n’était pas prévu, mais c’est arrivé. En ce qui concerne le ministère, je pense que dix ans suffisent, parce que je ne trouve pas bien de devoir réformer mes propres lois.
Qu’est-ce qui vous motive à passer d’un métier à un autre, d’une fonction à une autre?
Ce qui m’intéresse, c’est le projet, pas la fonction. Aucune de mes fonctions ne m’a changée, je suis restée la même. En revanche, on peut utiliser la fonction pour aider des gens, pour monter des projets. Un de mes grands projets était la réforme du congé parental. À l’époque où j’étais membre élue à la Chambre de commerce, en 2009, nous avions reçu, pour la première plénière, les recommandations de la Chambre adressées au nouveau gouvernement. Je me souviens, il n’y avait pas beaucoup de femmes, j’étais toute jeune et j’ai levé le doigt pour signaler que j’avais une question. Tout le monde me regardait en se demandant ce que je voulais. Je leur ai indiqué qu’à la page x, la Chambre de commerce revendiquait une réduction du congé parental de six à trois mois et que je ne partageais absolument pas cet avis. Au contraire, j’ai plaidé pour un congé parental plus flexible et attrayant pour les papas aussi. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, de projets que j’ai voulu réaliser et que mes fonctions m’ont permis de faire.
La ministre au service des autres?
Au service des autres certainement depuis toujours, je n’ai pas attendu d’être ministre. Quand j’étais encore au magasin de chaussures, j’allais déjà dans les maisons de retraite pour rendre service aux personnes âgées qui appelaient en disant qu’elles ne pouvaient pas se déplacer. J’allais livrer des paires à la maison de retraite et mon père levait les yeux au ciel, mais c’était plus fort que moi, c’est dans ma nature, j’aime être au service des gens. À la gare, j’ai toujours aidé les sans-abri, mais pas seulement moi, d’autres commerçants de la rue aussi leur donnaient à boire et à manger. C’était bien. C’est encore mieux si, en tant que ministre, je peux faire construire des structures d’accueil, assurer un suivi, mettre de l’argent dans le streetwork ou le Housing first. Le titre aide à faire des choses, mais c’est d’un projet dont j’ai besoin.
Quels sont les ministères qui vous auraient plu? Vous aviez évoqué l’idée de changer de portefeuille avant de vous porter candidate dans la capitale…
En 2013, quand Xavier (Bettel) m’avait demandé de le rejoindre au gouvernement, il m‘avait proposé des ressorts qui ne m‘intéressaient pas ou que je sentais moins. Il y avait deux postes qui me tentaient bien, celui de ministre du Travail, à cause de l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle, ou ministre de la Famille.
Le ministère des Classes moyennes ne vous a jamais tentée? Les entrepreneurs disent toujours que les politiques vivent hors sol et ne comprennent pas leurs problèmes…
Non, il faut toujours séparer les genres. Le problème, c’est qu’en tant qu’entrepreneuse, j’aurais eu droit à la foudre des haineux qui auraient trouvé à redire. Quand je lis certains de leurs commentaires sur internet, je peux dire qu’ils sont vraiment révoltants. Les haineux qui s’en prennent aujourd’hui à cette jeune bourgmestre de 20 ans, c’est dégoûtant. Je ne suis pas féministe, du moins, je ne me revendique pas comme telle, mais je dois quand même constater que le discours de haine est bien plus virulent à l’encontre des femmes. Si un jeune homme devient bourgmestre, tout le monde applaudit, et quand c’est une jeune femme, tout le monde critique son inexpérience, voire son ignorance! Je dois donc avouer, même si je ne veux pas l’admettre souvent, qu’il y a une différence de traitement.
J’aimerais aider à mettre en œuvre localement les grandes réformes que j’ai mises en place
Vous avez sans doute déjà des projets en tête pour la ville de Luxembourg. Lesquels voulez-vous réaliser en premier lieu?
Oui, évidemment, j’ai plein d’idées en tête. Quand on a été ministre de la Famille et qu’on a travaillé sur de grandes lois, comme celle sur l’accessibilité, le Revis, etc., je pense qu’il n’y a rien de plus sympa que de venir sur le terrain. La commune est bien plus proche des citoyens que l’État et le gouvernement. J’aimerais aider à mettre en œuvre localement les grandes réformes que j’ai mises en place. C’est un beau challenge. Nous sommes en pleins pourparlers concernant le programme de la coalition, donc je ne peux pas trop en dire. Mais tout m’intéresse dans cette ville! J’ai bien évidemment des idées précises.
Pourquoi ne pas être venue plus tôt sur une liste DP aux élections communales, en 2011, par exemple?
En 2005, tous les partis, sauf déi Lénk, m’avaient demandé de figurer sur leur liste pour les élections communales et en 2009 pour les législatives. J’avais dit non à tous. En 2011, ils étaient encore quelques-uns à me solliciter pour les communales dans la capitale, mais à l’époque, il y avait plusieurs choses qui m’empêchaient de devenir membre du DP. J’étais présidente de l’Union commerciale et je n’aime pas le mélange des genres, parce que je trouve mauvais d’associer un club, une association à un parti politique. Je ne voulais pas donner une couleur politique à l’Union commerciale, c’était important pour moi. Ensuite, mon conjoint à l’époque était journaliste et n’était pas très enthousiaste à l’idée que je fasse de la politique, et enfin, mon papa a toujours défendu l’idée d’une certaine neutralité politique quand on est commerçant. J’avais toujours dit à Xavier Bettel, qui est un ami d’enfance, que le jour où il serait tête de liste, je l’accompagnerais. Cela s’est fait en 2013.
Votre dernier mandat vous a donné du fil à retordre avec la crise du covid et les reproches de l’opposition qui l’ont accompagnée. Le CSV a réclamé votre tête, se montrant particulièrement virulent. Comment l’avez-vous vécu?
Mal. Il y avait beaucoup de mauvaise foi dans le camp adverse. Les critiques ont commencé quand ma candidature à la ville de Luxembourg s’est précisée et que la nouvelle rumeur faisait le tour des médias. Je pense que cette perspective ne réjouissait guère les chrétiens-sociaux bien décidés à s’emparer de la capitale. Finalement, la pandémie a été très bien gérée, j’ai travaillé énormément avec mes équipes, sans compter les heures, mais la communication revenait au Premier ministre et à la ministre de la Santé. Nous étions disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Tous les chargés de direction m’ont soutenue et me remercient encore aujourd’hui pour le soutien que mon ministère leur a apporté.
Vous avez préparé une réforme de la loi sur le vivre-ensemble. Comment l’appliquer dans une capitale justement peuplée de 70 % de non-Luxembourgeois?
Nous avons signé le pacte du vivre-ensemble avec 33 communes jusqu’à présent. Oui, nous avons 70 % d’étrangers dans la capitale et près de 50 % au niveau national, et c’est ce qui rend ce pays unique. J’aimerais bien qu’on puisse démontrer au reste du monde que cela fonctionne très bien, que toutes ces cultures, toutes ces religions, toutes ces différences se rassemblent et mettent tout leur savoir-faire et savoir-être au service de ce pays. Alors ce pays sera le meilleur au monde. Jusqu’à présent, un Luxembourgeois ne peut pas bénéficier du contrat d’accueil et d’intégration, ce qui est très dommageable pour un jeune Brésilien, par exemple, qui vient d’acquérir la nationalité. À l’avenir, il pourra en profiter parce que nous voulons que tout le monde puisse se rencontrer, donc le pacte est ouvert aux Luxembourgeois aussi. Nous avons fait d’énormes progrès pour le vivre-ensemble au niveau communal, au niveau des entreprises, et grâce à la campagne « Je peux voter“ aussi.
Le succès d’Antonia Afonso Bagine, qui vient d’être élue au conseil communal sur la liste LSAP, illustre-t-il le parcours d’une intégration réussie?
Je trouve que c’est une femme géniale, pour la connaître un peu. Elle est très engagée, elle n’est pas la première étrangère à être élue, mais elle illustre à sa manière une intégration réussie.
Avez-vous fait le tour des associations d’étrangers, comme vous l’avez fait pour les maisons de retraite et de soins avec les héritiers et le petit Prince Charles en prime?
Oui, bien sûr. Sans le petit Prince, mais c’était aussi une très belle expérience. Ma première visite, je l’ai réservée à l’ASTI quand j’ai été nommée ministre, parce que j’admire l’engagement de Laura Zuccoli. Il y avait, à l’époque, de mauvaises relations entre le ministère et l’ASTI et je voulais comprendre pourquoi. J’ai vu tout le monde et j’ai écouté tout le monde pour préparer la loi sur le vivre-ensemble. Quant à la tournée avec le petit Prince, qui était une demande du Palais, elle a réservé de belles anecdotes. Une dame de 97 ans, lors de la toute première visite, a déclaré qu’elle avait hâte de le voir régner. Je me suis dit que l’optimisme est vraiment quelque chose de beau. Ma conclusion en tant que ministre pendant dix ans, c’est que l’on grandit avec les rencontres que l’on fait et j’ai rencontré des gens formidables au service des autres. Ce pays est fait de personnes formidables, j’insiste, parce que c’est génial. On apprend beaucoup auprès de ces personnes engagées, bénévoles ou pas.
Parmi les dossiers que vous léguez à votre successeur Max Hahn, lequel est prioritaire?
Ils le sont tous à mes yeux! Il y a quatre grands dossiers : la qualité et la transparence des prix dans les établissements pour personnes âgées, le financement de la maison de retraite de Rumelange, la loi du vivre-semble interculturel bien sûr et l’accueil gérontologique. J’espère qu’une partie de ces dossiers passera avant la fin de cette législature.
Le DP, que vous avez présidé, est sorti vainqueur des élections communales et accumule les succès. Le DP est-il devenu le nouveau CSV?
Je ne sais pas si nous sommes le nouveau CSV, mais le DP est un parti libéral, proche des gens, à leur écoute et je suis fière d’en faire partie et de l’avoir présidé pendant sept ans. J’ai eu la chance de pouvoir célébrer trois belles victoires électorales avec les communales de 2017, les législatives de 2018 et les européennes de 2019. C’était une période intense avec beaucoup de travail, mais je n’ai pas à rougir de mon bilan, en tant que présidente du parti et en tant que ministre.
quitter le navire 3 mois avant les élections/ chambre, quel héroisme! que doit faire le nouveau ministre en 3 mois, à part déméler sa merde dans 2 ministères mal gérés? partir en vacances d’été 2 mois? et le contribuable paye!!! une farce d’une parvenue à moult scandales: 400 morts covid cipa, Ethikrot pour immixtion ministrère+ commerces vdl; appartements loués RnB, maltraitance de ses vendeuses-esclaves de chaussures… interviews à gogo sur sa bonté… et ass alles « formidabel » net diert mme…?
une vraie sainte…