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COP 30 au Brésil : «Que le Luxembourg et l’Union européenne arrivent avec ambition»


Avec plus d’un mois de retard, l’Union européenne doit présenter aujourd’hui sa feuille de route pour la COP 30 au Brésil. (Photo : archives lq/hervé montaigu)

La quinzaine d’ONG qui constituent la plateforme «Votum Klima» ont annoncé ce lundi leurs attentes vis-à-vis de la feuille de route conjointe du Grand-Duché et de l’UE en vue de la COP 30 qui s’ouvre le 10 novembre au Brésil.

Avec quelles ambitions l’Union européenne et ses États membres se rendront-ils à Belém, au Brésil, afin de participer à la Conférence des Nations unies pour le climat ? Tandis que le coup d’envoi de la COP 30 aura lieu le 10 novembre, la feuille de route des 27 reste vierge. Les contributions déterminées au niveau national (CDN) auraient dû être transmises à l’ONU avant la fin du mois de septembre, mais l’UE a choisi de déroger à la règle, par faute de consensus sur la stratégie à adopter.

Aujourd’hui, les ministres européens de l’Environnement devraient enfin dévoiler leurs objectifs communs à l’issue de la journée. D’ici là, les 15 ONG luxembourgeoises qui composent la plateforme «Votum Klima» ont organisé hier une conférence de presse afin de faire part aux représentants européens, mais surtout luxembourgeois de leurs attentes pour cette COP 30. «Ce que nous demandons, c’est que Luxembourg et l’Union européenne arrivent avec ambition à la COP», lance en préambule Altynaï Bidaubayle, membre de Greenpeace Luxembourg.

«Garder le cap du 1,5 degré»

L’un des engagements chers à «Votum Klima» est d’«absolument garder le cap du 1,5 degré». Il s’agit là d’un objectif né il y a dix ans lors des accords de Paris sur le climat à la suite desquels près de 200 pays se sont engagés à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900). «La COP 30 doit être un tournant afin de garder cet objectif et cela nécessite que les pays reconnaissent le manque d’ambition actuel pour l’atteindre», avertit Altynaï Bidaubayle.

En juin dernier, d’anciens chercheurs français auteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont même déclaré qu’un tel objectif n’était désormais «plus atteignable». Trois mois plus tard, António Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a, lui, alerté sur le fait qu’il était «sur le point de s’effondrer».

«Certains disent que tout est déjà joué, que c’est fini, mais chaque dixième de degré compte et c’est cela qu’il faut retenir lors de cette COP», tient à rappeler Esmeralda Wirtz au nom d’Amnesty International Luxembourg. Selon les rapports du GIEC, «avec 1,5 °C de plus, 1 milliard de personnes seront exposées à des vagues de chaleur extrêmes tous les 5 ans, contre 2,7 milliards avec une hausse de 2 °C».

La porte-parole de Greenpeace rappelle d’ailleurs qu’un avis consultatif de la Cour internationale de justice stipule que «le respect de l’accord de Paris et des 1,5 °C est une obligation juridique, donc c’est aussi une responsabilité historique pour le Luxembourg de maintenir ce cap».

Le Grand-Duché pas exemplaire

Face à ce défi auquel s’entremêlent une sortie des énergies fossiles, la protection de la biodiversité et le respect des peuples autochtones, les ONG nationales attendent déjà du gouvernement luxembourgeois une meilleure implication sur son sol. À propos de Serge Wilmes, le ministre de l’Environnement, «il aime rappeler que l’on va mettre 320 millions d’euros sur la table pour le climat d’ici 2030, mais c’est un dixième de ce que l’on devrait mettre», déplore Raymond Klein, de l’ASTM. Ce dernier estime, avec son ONG, que la note devrait plutôt être de 600 millions d’euros par an.

Autre point noir pour le Grand-Duché : le positionnement de son Premier ministre, Luc Frieden, en faveur de l’accord UE-Mercosur. Pour Esmeralda Wirtz, «ce type d’accord menace directement l’Amazonie et les peuples autochtones». «Leurs droits sont bafoués sur leur propre territoire, leur eau polluée, leurs enfants meurent de pesticides et leur forêt est détruite par l’agriculture. Et l’accord prévoit d’accélérer la dynamique.»

L’une des attentes de «Votum Klima» des discussions au Brésil est aussi d’entendre davantage la société civile «et cela pourrait commencer ici». Après avoir transmis leur document de plaidoyer à Serge Wilmes et certains membres de son ministère, les militants regrettent l’absence de discussion : «Le Luxembourg pourrait être plus proactif afin d’entendre ce que dit la société civile».

En dépit d’avoir une place dans la sphère politique, le collectif d’ONG sera présent dans l’espace public en organisant des évènements en amont de la COP, du 5 au 10 novembre. Au programme : webinaire, spectacle son et lumière, projection de film, scène ouverte, soutien en ligne, débriefing de la conférence et marche aux flambeaux dans la capitale.