Avec une somme allouée de 325 millions d’euros à l’aide publique au développement en 2015, soit 0,95 % de son revenu national brut, le Grand-Duché se classe toujours parmi les cinq pays les plus généreux.
En effet, le Luxembourg dépasse l’objectif de 0,7 % fixé par les Nations unies, alors que le taux moyen des pays membres de l’OCDE se situe à 0,3%. Les principaux projets financés par la coopération luxembourgeoise sont menés dans neuf pays partenaires.
Le balcon de la salle plénière de la Chambre des députés était bien garni, hier, à l’occasion de la déclaration annuelle du ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Romain Schneider. De nombreux membres du corps diplomatique accrédité au Luxembourg ont, en effet, suivi avec une attention particulière l’allocution du ministre. Parmi eux, cela va de soi, les diplomates représentant les sept pays partenaires de la coopération luxembourgeoise.
Au cours de sa déclaration, le ministre a insisté sur «la responsabilité globale» et «l’obligation morale» de l’État de continuer à investir 1 % du revenu national brut (RNB) dans la coopération au développement et l’action humanitaire. Cela étant, le ministre a également évoqué le fait que «bon nombre d’engagements sont remis en question sous la pression des migrations» depuis 2015. Dans ce cadre, Romain Schneider a tenu à «nuancer», a-t-il dit, son message en réitérant que sa mission consiste à lutter contre la pauvreté, bien que cette problématique et celle des migrations soient intimement liées et imbriquées l’une dans l’autre.
Face à ce double constat, le ministre a rappelé l’importance de créer des perspectives, notamment pour les jeunes, et tenu à souligner que «le Luxembourg ne fait pas de politique d’aide au développement avec le seul but d’éviter la migration (car) les phénomènes migratoires ne disparaîtront pas», notamment à cause de la croissance démographique en Afrique.
«S’adapter aux objectifs de l’Agenda 2030»
Dans ce contexte, le fatalisme est de rigueur, le ministre Schneider estimant qu’«il n’y a pas de solution toute faite pour ces grandes questions liées aux migrations, tout comme il n’y a pas de réponse à court terme».
Le ministre Romain Schneider a souligné que la donne avait changé et que son action politique devait forcément s’adapter aux 17 objectifs de l’Agenda 2030 des Nations unies en faisant interagir les politiques de différents domaines : santé, finances, économie, environnement, entre autres.
Bien que la démarche évolue, le ministre a toutefois indiqué que les trois thématiques horizontales de la coopération luxembourgeoise, à savoir la gouvernance, le genre et l’environnement/climat, étaient largement couvertes, dans le cadre de l’Agenda 2030. De plus, Romain Schneider a assuré que les secteurs prioritaires de la coopération luxembourgeoises restaient la santé, l’éducation, la formation professionnelle, le développement local et rural, mais qu’ils nécessitaient un cadre de référence.
Par ailleurs, le ministre a signalé que «la microfinance ou les technologies de l’information sont à considérer comme des outils plutôt que comme un secteur à part entière».
Pour sa part, le député Marc Angel (LSAP) a insisté sur la transparence de la politique de coopération au développement nationale grâce à la publication de rapports annuels, «une mine d’or d’informations». Il a également évoqué les rapports du Cercle de coopération des ONG de Développement et de Lux-Development, sans omettre, entre autres, la création de «cet instrument formidable» que constituent les Assises de la Coopération. «La coopération du Luxembourg est fiable!», s’est encore exclamé Marc Angel.
Le député libéral Gusty Graas (DP), a, de son côté, cité l’écrivain et journaliste Raoul Follereau qui a estimé, quant à lui, que «le bonheur c’est la seule chose que l’on soit sûr d’avoir lorsqu’on l’a donné». La conclusion à ce débat était toute trouvée.
Claude Damiani