Accueil | A la Une | Conventions collectives : les syndicats obtiennent gain de cause

Conventions collectives : les syndicats obtiennent gain de cause


Les présidents de l'OGBL et du LCGB, Nora Back et Patrick Dury, sont sortis un brin soulagé de la réunion tripartite. Il reste toutefois du pain sur la planche pour s'accorder sur tous les dossiers brûlants. (Photo : hervé montaigu)

La réunion tripartite s’est achevée dans la nuit de mercredi à jeudi, sur le coup de 2 h, au bout de 11 heures de tractations. Le gouvernement a pris l’engagement de ne plus remettre en question le droit exclusif des syndicats à négocier et signer des conventions collectives dans les entreprises. Le camp patronal n’est pas encore convaincu. Les discussions vont reprendre lundi.

Le mot «difficile» est celui que le Premier ministre, Luc Frieden, a employé le plus souvent à la sortie d’une réunion marathon avec les partenaires sociaux. Premier constat majeur : le dialogue social a pu être renoué, un accord global sur tous les sujets de discorde n’est pas encore acquis.

Les représentants des syndicats ont parlé de pourparlers «dures», le patronat de «rudes» négociations.

«Revenir à une discussion normale»

Au bout de près de 11 heures de pourparlers, un acquis majeur est à retenir, du moins pour le camp syndical. «Nous avions un blocage (dans les discussions tripartites) depuis octobre dernier. Nous sommes contents aujourd’hui d’avoir pu lever ce blocage», annonce le Premier ministre. «Le gouvernement a annoncé aux partenaires sociaux qu’il ne compte pas amender la loi sur les conventions collectives, qu’il reconnaît le droit de négociation exclusif des syndicats pour les conventions collectives et les accords d’entreprise. On peut ainsi revenir à une discussion normale sur toute une série de sujets qui concernent la politique économique et sociale du pays», poursuit-il, aux côtés du vice-Premier ministre, Xavier Bettel.

La concession du gouvernement sur les conventions collectives n’est pas du tout au goût du camp patronal. «Le Premier ministre a exprimé son avis, qui n’est pas le nôtre. Dès le début, à l’image d’ailleurs des syndicats, on s’est dit prêt à discuter de tout. Mais, pour le moment, aucun dossier n’est clôturé», avance Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL).

Le patronat sort amer de la réunion

Il s’attend à ce que la poursuite des négociations, lundi prochain, va permettre de ficeler un package global, acceptable pour tous. «Les positions sont très éloignées. Mener un dialogue, c’est se parler et de rapprocher de l’autre. Au moins sur ce point, nous ne sommes pas très avancés», poursuit-il.

L’Union des syndicats OGBL-LCGB est, par contre, content que sa «prémisse» pour renouer avec le dialogue social a finalement été respectée. «Mais, nous ne sommes pas encore satisfaits. À part les conventions collectives, il n’y a pas grand-chose de positif à annoncer, du moins à ce stade. On ne s’est pas approché davantage d’un accord global», note Nora Back.

Aucun accord global n’est encore ficelé

«Tous les autres sujets ont été abordés, on a tous tenté de déployer pistes sur lesquelles on pourrait s’accorder, mais ni sur le travail du dimanche, ni sur les heures d’ouverture, ni sur les pensions, ni sur le salaire social minimum, un accord est ficelé», ajoute la présidente de l’OGBL.

Patrick Dury préfère retenir que le pire scénario a pu être évité. En même temps, il dit ne pas encore avoir retrouvé confiance envers les autres parties. «En octobre, la conclusion était claire. Aussi bien le gouvernement que le patronat ont voulu tourner le dos au modèle social luxembourgeois. Un problème est évacué, il nous faut désormais avancer pas après pas. Il n’existe toutefois pas de chèques en blanc en ce qui concerne la confiance placée dans le gouvernement et le patronat», prévient-t-il, tout en plaidant pour «un nouveau départ».

Une nouvelle piste pour la réforme des pensions

Les tractations reprendront donc lundi, y compris sur les pensions, où le gouvernement a mis une nouvelle piste de réforme sur la table. Rien de concret n’a encore filtré sur cette proposition, qui est désormais à l’étude des partenaires sociaux.