Les négociations pour la nouvelle convention collective chez Luxair ont démarré ce vendredi à Munsbach. Alors que les syndicats veulent voir l’engagement du personnel récompensé, la direction, elle, appelle au réalisme.
C’est au pied du siège de LuxairGroup à Munsbach que les syndicats LGGB – majoritaire dans l’entreprise – OGBL et NGL-SNEP ont organisé ce midi un piquet de protestation, avec l’objectif de faire monter la pression, juste avant la rencontre ouvrant les négociations avec la direction pour une nouvelle convention collective.
Depuis début janvier, les réunions se sont succédé pour échanger les catalogues de revendications et faire le point sur la situation économique de la compagnie aérienne nationale, plus favorable désormais.
Luxair hors de la zone rouge, mais à quel prix?
En effet, Luxair a transporté 2,5 millions de passagers en 2023, pulvérisant son précédent record de 2019 établi à 2,15 millions de voyageurs.
De quoi sortir la compagnie de la zone rouge et même espérer un petit bénéfice, se félicitait Gilles Feith, il y a quelques mois. «Une fierté» pour le directeur général, aux manettes de LuxairGroup depuis 2020. Mais à quel prix?
Près de deux ans après les fortes tensions sociales qui avaient abouti à une manifestation de 800 employés, personnel navigant compris, en septembre 2022, les conditions de travail dans les différents départements de Luxair ne se sont pas améliorées.
«Un niveau très élevé de charge de travail»
«Une certaine stabilité s’est installée, mais à un niveau très élevé de charge de travail», souligne Paul De Araujo, secrétaire syndical au LCGB. Ce qui entraîne une usure des collaborateurs, doublée d’une forte rotation au sein des équipes, certains employés préférant jeter l’éponge.
Faisant front commun, LCGB, OGBL et NGL-SNEP attendent donc une reconnaissance à la hauteur de l’engagement des 1 800 salariés qui formeront le nouvel effectif de la société, une fois la branche LuxairCargo définitivement transférée à Cargolux.
Mais la direction a déjà prévenu : les syndicats devront se montrer «raisonnables», et «adapter leurs attentes à la réalité», comme le martelait récemment Gilles Feith au micro de RTL.
Encore plus de productivité
Le LCGB dénonce la volonté de Luxair qui prévoit encore une augmentation de la productivité, via la flexibilité du personnel et la remise en question, voire la diminution, de certains acquis de la convention collective en vigueur qui a expiré au 31 décembre.
«Ça nous inquiète et ça nous alerte, alors que les salariés attendent simplement une reconnaissance juste et équitable des efforts et sacrifices qu’ils ont faits lors de la crise, et après, pour relancer l’activité», explique Paul De Araujo.
«Oui, les investissements pour la nouvelle flotte sont nécessaires, mais il faut que la direction comprenne qu’elle doit maintenant investir dans sa ressource principale : son personnel», poursuit-il, estimant que les derniers résultats de l’entreprise le permettent.
«Retrouver des conditions de travail plus humaines»
D’où la revendication d’amélioration salariale, à travers le rétablissement des deux échelons du barème gelés lors de la pandémie, et l’abandon des échelons négatifs introduits il y a quelques années, alors que Luxair traversait une crise.
S’ajoutent des demandes liées à une diminution de la charge de travail et une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, comme l’ajout d’un jour de congé, l’augmentation du repos journalier et hebdomadaire, ou encore l’introduction du télétravail pour le personnel administratif.
«Tout ça pour enfin retrouver des conditions de travail plus humaines», résume le syndicaliste. On devine le bras de fer qui se profile, tandis que les discussions vont entrer dans le vif du sujet ces prochaines semaines.