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Contournement de Bascharage : Sanem veut un moratoire


Le contournement du centre de Bascharage par une nouvelle route est une erreur selon la commune voisine de Sanem (Photo d'archives : Editpress).

La commune de Sanem demande un moratoire pour retarder le contournement de Bascharage, qu’elle juge inutile dans son concept actuel.

«Ce contournement ne résoudra pas les problèmes de trafic dans le sud du pays, assure le bourgmestre de Sanem, Georges Engel. Il ne s’agit que d’une amélioration ponctuelle de la circulation de Bascharage à 130 millions d’euros qui traverse une forêt, dont nous sommes d’avis qu’elle doit être conservée.» La forêt en question est classée zone Natura 2000.
Le projet doit dévier le trafic routier de l’avenue de Luxembourg, axe central de la localité, mais, s’indigne le bourgmestre, «Bascharage a installé son complexe sportif, son centre culturel, son école, son centre commercial, son home pour les personnes âgées sur cet axe, à une extrémité de son territoire et la commune se plaint qu’il y a trop de circulation en son centre!» Georges Engel dénonce «un aménagement du territoire inexistant».

Transformer, mesurer, décider
Selon le ministère du Développement durable et des Infrastructures, qui se baserait sur des mesures datant de 2012, le taux d’oxyde d’azote dépasserait le seuil fixé par l’Union européenne. Un argument supplémentaire en faveur du contournement, que Georges Engel balaye en présentant les résultats des dernières mesures qui se trouvent être sous ce seuil. Le gouvernement y a vu une «raison d’intérêt public majeure» et «c’est pour cette raison qu’une route va traverser une zone Natura 2000», explique le bourgmestre, arguant que cet argument est caduc. «Nous suggérons de transformer les mesures que nous proposons dans notre catalogue (lire ci-dessous), puis de reprendre des mesures et de décider ensuite de la pertinence du contournement.»

Repousser les bouchons d’une localité à l’autre
Et pourquoi ne pas élaborer un concept global de circulation pour tout le sud-ouest du Luxembourg, plutôt que de repousser les embouteillages d’une localité à l’autre? La commune de Sanem n’est pas opposée à la construction de routes, elle l’est seulement à cette route, malgré les protestations de la commune de Bascharage. «Je ne nie pas qu’il y a beaucoup de circulation, même si elle en a généré une bonne partie elle-même, d’où nos alternatives», précise Georges Engel.
Sanem n’est pas l’unique commune à s’opposer au projet. Il y a aussi Dippach qui craint de voir la circulation empirer sur ses axes principaux. «La commune aimerait faire d’une pierre deux coups et prolonger le contournement au-delà de Dippach», nuance Georges Engel, pour qui cela reviendrait à déplacer le problème une fois de plus.
Georges Engel veut tenter toutes les alternatives possibles. La commune demande même un moratoire et une entrevue avec François Bausch, le ministre du Développement durable et des Infrastructures.

Sophie Kieffer.

«Pas que construire des routes…»

Georges Engel, le bourgmestre de Sanem, promeut des solutions alternatives au contournement (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Georges Engel, le bourgmestre de Sanem, promeut des solutions alternatives au contournement (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Certes il y a un problème : entre 20 000 et 25 000 véhicules traversent Bascharage chaque jour par l’avenue de Luxembourg. Mais Georges Engel veut promouvoir des solutions alternatives au contournement. La commune de Sanem a même édité un catalogue avec des propositions concrètes:

•Recours aux transports publics en traçant un couloir de bus à travers Bascharage au prix de places de stationnement, en intensifiant les lignes de bus et les trains ainsi qu’en créant des Park & Ride – ce qui va être le cas à Rodange.

• Covoiturage : «La moyenne d’occupation par véhicule est de 1,1 passager, rappelle Georges Engel. Si cette moyenne augmentait à 1,4, nous pourrions régler le problème du transport car il y aurait 30 % de voitures en moins sur les routes. Les Luxembourgeois doivent faire évoluer leurs habitudes, nous ne pouvons pas que construire de nouvelles routes».
• Installer des feux de signalisation intelligents ou un rond-point pour fluidifier le trafic.

• L’électromobilité est également préconisée pour réduire les oxydes d’azote, nuisibles pour la santé.

Transport : le Luxembourg a 30 ans de retard
«Nous nous substituons à la commune de Käerjeng et à l’administration des Ponts et Chaussées en proposant ces mesures. Le ministère du Développement durable et des Infrastructures aurait dû les proposer il y a dix ans avant de vouloir construire une route à tout prix», estime Georges Engel. Beau joueur, il reconnaît que la problématique des transports n’est pas une des plus faciles à traiter. Pour lui, le Luxembourg a 30 ans de retard en matière de politique des transports et la situation actuelle n’a pas été correctement anticipée : «Si Michel Wolter avait investi dans les infrastructures que nous proposions à l’époque où il était ministre de l’Intérieur, Bascharage serait peut-être moins embouteillée.»