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Consultation sur les retraites : un «scénario écrit d’avance», selon les syndicats


Pour les syndicats, le gouvernement a déjà une réforme bien en tête et tente de l’imposer en minimisant le rôle des partenaires sociaux. (Photo: archives editpress/hervé montaigu)

Alors que la deuxième phase de consultation sur une potentielle réforme des pensions a commencé, les syndicats reprochent au gouvernement d’orienter les discussions.

L’éventuelle réforme des pensions continue de susciter de vifs débats. Après l’appel commun des sections jeunes de cinq partis politiques (CSV, DP, LSAP, déi gréng et déi Lénk) à une réforme qui «respecte l’équité intergénérationnelle», c’est aux syndicats de revenir dans l’arène pour dénoncer l’attitude du gouvernement. En cause : la deuxième phase de consultation «Schwätz mat!» qui a débuté le mois dernier. En plus d’une enquête publique en ligne lancée le 12 février, une série de réunions d’experts sont prévues en mars.

La première, centrée sur l’adaptabilité du système de pensions, a particulièrement retenu l’attention de l’OGBL, du LCGB et de la CGFP. Pour les syndicats, les choses sont claires, un tel sujet prouve que, malgré les déclarations de la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez, l’âge de départ à la retraite pourrait bien être modifié.

Des dialogues «calibrés»

«En y regardant de plus près, la farce qui se déroule actuellement sous le prétexte de consultations autour d’une possible réforme des pensions devient encore plus évidente», affirment les trois syndicats. Pour eux, ces réunions d’experts ne sont «qu’un spectacle orchestré dont le scénario semble écrit d’avance». Les acteurs ont été «choisis» et les dialogues «calibrés» pour un résultat «déjà gravé dans le marbre», ce qui ne permet donc pas d’avoir des espaces de discussions constructifs.

Les syndicats reprochent au gouvernement de les mettre sur un pied d’égalité avec ces fameux experts et de piétiner une nouvelle fois le dialogue social luxembourgeois. Une critique qui revient depuis plusieurs mois tant sur la réforme des heures d’ouverture que sur la négociation des conventions collectives.

Des syndicats qui se sentent marginalisés

«La gestion de la caisse de pension, tout comme pour les autres caisses de la Sécurité sociale, repose sur un principe fondamental : la cogérance par les partenaires sociaux», rappellent les syndicats, qui accusent le gouvernement de les marginaliser en ne les conviant pas à la table des discussions. Le thème de cette première réunion prouve selon eux que la ministre ignore leur note, présentée en octobre 2024, qui a démontré «que relever l’âge de la retraite ne résout en rien les enjeux de la pérennité financière du système des pensions».

Les représentants des travailleurs ne croient pas non plus que ces sujets ont été déterminés par les consultations publiques comme l’affirme le gouvernement. «Nous rappelons que près de la moitié des participants avaient exprimé leur soutien aux positions défendues par les syndicats. Pourtant, ces opinions sont étrangement absentes du choix des thématiques discutées.»

Le gouvernement accusé d’orienter les débats

Les syndicats accusent donc le gouvernement d’orienter les débats en apportant en plus «des arguments fallacieux», comme l’idée que travailler plus longtemps serait favorable à la santé des salariés. «Une déclaration qui ne devrait absolument pas figurer dans un document censé être neutre et qui est surtout démentie par de nombreuses études.»

Tous ces éléments prouvent, selon l’OGBL, le LCGB et la CGFP, que l’histoire est déjà écrite du côté de l’exécutif et que le rôle des partenaires sociaux est volontairement minimisé. En résulte «une mascarade politique qui ne vise qu’à affaiblir les acquis sociaux des salariés».