Des perspectives «ternes» pour l’année 2023 : la Chambre des métiers a dressé un triste constat, ce jeudi matin, pour les entreprises artisanales luxembourgeoises après plusieurs années de crise.
Un «climat d’incertitude généralisé qui pèse sur le moral des entreprises artisanales». Voilà en quelques mots, le constat effectué ce jeudi 4 mai par la Chambre des métiers, qui évoque une situation de «polycrise», comme c’est le cas dans la majorité des pays européens, face aux coûts des intrants, à l’inflation élevée ou encore aux hausses des taux d’intérêts.
Si le nombre d’entreprises et l’emploi ont augmenté par rapport à 2021, un «fait remarquable au regard de la situation économique très difficile», note la Chambre des métiers, cette évolution a toutefois perdu beaucoup de son élan. En effet, la création nette d’entreprises et d’emplois recule de respectivement de 71 et 30% et les perspectives pour l’année 2023 sont ternes, avec un nombre de faillites qui continue son ascension et devrait se poursuivre, comme nous l’évoquions déjà dans nos colonnes il y a quelques jours.
C’est le secteur de la construction qui est particulièrement touché, notamment par la série de hausses importantes des taux d’intérêts. «Il en découle un sentiment d’incertitude généralisé renforcé par certaines annonces/décisions politiques qui envoient des signaux négatifs aux investisseurs, plus particulièrement dans le domaine du logement locatif», ajoute la Chambre des métiers.
En moyenne, près de trois quarts des entreprises ont vu leur chiffre d’affaires augmenter moins vite que l’inflation en 2022, et seules 14% d’entre elles prévoyaient une hausse de leur chiffre d’affaires en 2023. «Ce climat d’incertitude ainsi que l’augmentation des coûts du personnel font que les entreprises hésitent à créer de nouveaux emplois et même à remplacer les départs. Ainsi, une entreprise sur cinq prévoit de réduire ses effectifs en 2023.», a indiqué Tom Oberweis, président de la Chambre des métiers.
En se basant sur la baisse du volume du bâti autorisé, la réduction du carnet de commandes et la diminution tendancielle du nombre d’actes de vente, le secteur de la construction prévoit le risque d’une crise après les congés collectifs d’été, «impliquant une vague de faillites et des pertes d’emplois significatives».
Pour rappel, l’artisanat demeure aujourd’hui le premier employeur du Luxembourg, avec plus de 8 500 entreprises, soit 21% de l’économie globale du pays.