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Conflit israélo-palestinien : laisser les civils en paix


Reham Shaheen, venue témoigner de la situation à Gaza, ne sait pas quand elle pourra retrouver ses enfants.

Handicap International appelle à cesser tous les bombardements sur des zones peuplées.

Depuis plus de dix ans, Handicap International lutte pour faire cesser les bombardements contre les civils. Si ce combat a abouti à la signature en novembre 2022 à Dublin d’une déclaration contre l’utilisation des armes explosives en zones peuplées, on ne peut que constater qu’elle est encore loin d’être appliquée.

Quand les bombardements ont lieu dans des zones urbaines, 90 % des victimes sont des civils. En 2022, 20 793 civils ont été tués ou blessés par des armes explosives dans le monde, soit 57 par jour. C’est 83 % de plus qu’en 2021 (notamment du fait de la guerre en Ukraine).

Hasard du calendrier, c’est alors que les combats font rage entre Israéliens et Palestiniens que Handicap International Luxembourg lance sa campagne «Arrêtons de jouer avec la vie des civils» afin de sensibiliser le Grand-Duché, ses citoyens et ses représentants à l’importance de faire appliquer l’accord de Dublin – signé par 83 États, dont le Luxembourg – et que l’ONG s’apprête à faire sa traditionnelle pyramide solidaire en mettant l’accent pour cette 24e édition sur les Territoires palestiniens, qui figurent parmi les pays les plus pollués au monde par les restes explosifs de guerre.

«Nous ne prenons pas parti, nous voulons défendre la population. Nous sommes actifs depuis 1996 en Palestine, où nous menons beaucoup de projets. Nous sommes dans une continuité des efforts. Cette escalade, la troisième après celles de 2005 et de 2014, ne change en rien à notre mandat. Cela montre que ce combat [la lutte contre l’utilisation d’armes explosives en zones peuplées, NDLR] est vraiment d’actualité et qu’il est grand temps d’agir», a rappelé Medhi Magha, directeur de HI Luxembourg, au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue hier dans les locaux de l’ONG.

Traumatisme psychologique

Le droit international humanitaire exige déjà des parties d’un conflit qu’elles distinguent les civils des combattants, mais, fait savoir HI, «la puissance et l’imprécision des armes explosives lourdes lorsqu’elles sont utilisées dans des zones habitées rendent impossible le respect du droit humanitaire international».

Bombes aériennes, grenades, mortiers, roquettes et obus d’artillerie ont des conséquences terribles sur les habitants de ces zones : mort, amputation et autres handicaps sévères, fractures et plaies, lésions au niveau des poumons, des oreilles, des yeux et de l’abdomen, lésions respiratoires, cérébrales et spinales, graves brûlures de la peau, traumatismes psychologiques, déplacements de population, destruction des infrastructures telles que les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’eau et d’électricité…

Reham Shaheen, spécialiste en réadaptation au sein de HI, était venue spécialement de Palestine pour le lancement de cette campagne et pour témoigner de la situation dans son pays, «en état de siège depuis 2006».

Arrivée peu avant l’escalade armée dans la bande de Gaza, cette mère de famille a été rattrapée par l’actualité et ne sait pas quand elle pourra rentrer, le territoire étant fermé. «Lorsque les gens survivent aux bombardements, ils ont eu des traumatismes physiques. Mais on ne peut pas non plus négliger l’impact psychologique, du fait de se faire attaquer en étant chez soi, un lieu normalement sûr, de voir des roquettes traverser le ciel, de voir ses proches tués ou blessés. Il y a énormément de stress et d’anxiété. Les enfants ne peuvent plus aller à l’école, voir leurs amis. S’ils survivent, ils ne survivront pas au traumatisme psychologique sans une réponse immédiate et holistique. Et puis, on ne pense pas à certains détails, mais lorsqu’il n’y a pas d’électricité, comment conserver des médicaments dans son frigo ? Ils finissent par empoisonner les gens.»

Daniela Zizi, responsable HI pour la Palestine, bloquée à Gaza, témoigne par visio : «Actuellement, il n’y a ni électricité, ni eau, ni fuel. Dans cet état, les hôpitaux, dans lesquels se trouvent environ 5 000 patients, peuvent tenir de 24 à 48 heures. Il y a aussi un nombre considérable d’explosifs qui n’ont pas explosé et qui mettent en danger les secours. Sans parler du fait que c’est bientôt la saison des pluies et que ça va drainer les débris. La nourriture est suffisante pour les dix prochains jours.»

Un mail type à envoyer aux eurodéputés luxembourgeois afin de les inciter à promouvoir la mise en œuvre de l’accord de Dublin est à retrouver sur le site stopbombing.lu.

Pyramide solidaire

Samedi, HI organisera sa traditionnelle «pyramide solidaire» qui aura cette année pour thème «se reconstruire pas à pas» et qui mettra l’accent sur le parcours des civils touchés par les armes explosives. Après l’Ukraine en 2022, HI mettra en avant la situation humanitaire dans les Territoires palestiniens.

Au programme : ateliers de sensibilisation sur les métiers de HI, échanges avec des experts du terrain, représentation de danse et fresque participative avec un street artist. Rendez-vous de 9 h à 18 h, place d’Armes à Luxembourg.

Un commentaire

  1. Madame, dite-cela à Hamas et après vous revenez