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Conflit de voisinage : la victime accuse un témoin de faux témoignage


Max est persuadé que Carolina a commis un délit de fuite après avoir emboutit sa voiture. Carolina affirme le contraire.(Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

Carolina et Max sont voisins. Max accuse Carolina d’avoir sciemment embouti sa voiture et commis un délit de fuite. La jeune femme et sa mère nient. Max crie au mensonge.

Carolina a-t-elle laissé un mot sur le pare-brise de la voiture de son voisin qu’elle venait d’emboutir? «Manifestement pas! Je suis formel», jure le voisin en question, Max, un avocat à la retraite, face à la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Carolina et sa maman Cristina avancent le contraire. L’accident aurait pu se régler à l’amiable, mais c’est loin d’être le cas. Le président de la 12e chambre correctionnelle a eu bien du mal à ramener le calme dans la salle et à garantir la sérénité des débats, hier.

«L’affaire prend une dimension qu’elle n’avait pas à l’origine, et ce, pour une bosse à 500 euros», s’emporte Me Tom Krieps, l’avocat de la prévenue. Le 15 octobre 2020, peu avant 9 h, Carolina emboutit la voiture de son voisin. La jeune femme, qui doit partir travailler, dit avoir laissé ses coordonnés sur la voiture en question et demandé à sa mère de guetter le propriétaire de la voiture. Ce que cette dernière a assuré, à la barre, avoir fait pendant deux heures, dont 20 minutes passées devant l’immeuble.

Max, la victime présumée, accuse Carolina de délit de fuite. Il prétend mordicus ne pas avoir trouvé de mot sur sa voiture. «Je téléphonais en marchant dans mon bureau. J’ai repéré la bosse et prévenu la police vers 9 h 15. Elle est arrivée vers 9 h 30 et n’a pas vu de mot», assure-t-il. Il n’aurait pas non plus vu Cristina devant la porte et assure qu’elle n’a pas pu faire le guet, puisque «les volets de l’appartement de Carolina sont fermés en permanence» et «que cela se voit sur les photographies de la police».

L’ancien avocat reproche également à Carolina de n’avoir rien fait pour régler les choses et insinue qu’elle aurait pu percuter intentionnellement sa voiture. «J’ai porté plainte parce que personne ne s’est manifesté alors qu’elle avait dit à la police avoir tout mis en œuvre avec son assurance», précise Max, qui a assuré avoir dû lui-même mettre la procédure en route et a laissé entendre qu’un contentieux existait déjà entre eux avant l’accident. Carolina aurait notamment régulièrement garé sa voiture sur un emplacement qui n’est pas destiné au stationnement. «Deux places sont indivisées, suivant le cadastre et les autorisations de bâtir. Ce ne sont pas des places de stationnement.» Il soutient qu’elle savait à qui appartenait la voiture emboutie.

Plainte pour faux témoignage

Bien que l’assurance ait remboursé les dégâts au plaignant, Max se porte partie civile. Il réclame 250 euros pour dommage moral et règlement des intérêts civils ainsi que 250 euros comme indemnité de procédure. Me Krieps rétorque qu’il s’y oppose. L’avocat de Max a ensuite demandé la clôture des débats et annoncé porter plainte contre Cristina pour faux témoignage. Elle n’était, selon lui, pas sur les lieux et sa fille n’aurait, contrairement à ce qu’elle affirme, pas laissé ses coordonnées sur la voiture.

Les deux parties s’entêtent chacune dans leur version des faits. Le ton monte entre les avocats. Carolina, enceinte, a préféré ne pas assister à l’audience. «En trente ans de carrière, je n’ai jamais vu une chose pareille», s’insurge Me Krieps, avant que le président ne suspende l’audience pour permettre à sa greffière d’imprimer le plumitif, le compte rendu écrit de l’audience.

À la reprise, Cristina a à nouveau été appelée à la barre. Les déclarations faites lors de son témoignage quelques minutes plus tôt lui ont été relues avant qu’on lui demande de les signer. Le procès a été ensuite interrompu et remis à une date ultérieure. Le ministère public est dans l’impossibilité de statuer sur l’affaire avant que cette nouvelle démarche de la défense ne soit toisée.

Pour rappel, le faux témoignage constitue une infraction pénale punie d’une peine d’emprisonnement.