CONFERENCE LEAGUE (2e TOUR, ALLER) Le préparateur physique de l’UNA, Tom Schnell, a fabriqué de vraies machines de combat pour la DN, la saison dernière. Bis repetita en Europe ?
Les Écossais de Dundee ne sont sans doute pas les joueurs les plus fins de tous ceux présents au 2e tour de la Conference League, mais les images visionnées par le staff de Strassen laissent entrevoir cette traditionnelle intensité de jeu british qui traverse les âges. La belle affaire! Pouvait-on s’attendre à une autre analyse de la situation que celle-là? Sans doute pas. Et c’est une raison de plus pour coller aux basques de Tom Schnell au moment de monter dans l’avion qui conduisait l’UNA, mardi, de Francfort à Édimbourg, dernière escale avant Dundee.
Depuis son arrivée dans les bagages de Stefano Bensi, la saison passée, on n’en finit plus d’entendre des joueurs soupirer à l’évocation des séances musclées de l’ancien défenseur central aux deux campagnes de groupes en Europa League (avec le F91). La méthode a fonctionné : auteur d’une vingtaine de rencontres de championnat bluffantes dans la foulée du départ de Vitor Pereira, le dauphin du FCD03 a impressionné par le rythme imprimé à ses rencontres et sa capacité à finir fort ses matches. La marque du préparateur physique.
Alors que, comme d’habitude, on entend de nouveau des clubs luxembourgeois insatisfaits de leur niveau physique dès qu’ils doivent quitter l’arène européenne alors qu’on n’est encore qu’en juillet, cela valait la peine de se demander si Schnell (la main rivée à la valisette – d’une valeur de 20 000 euros – contenant les GPS en leasing, outil de travail crucial dans sa quête d’excellence) pouvait, lui, solutionner la question du niveau physique de ses joueurs et les préparer suffisamment bien à l’exploit.
Stefano Bensi a livré, il y a quelques mois, une petite profession de foi en parlant dans ces colonnes de l’intensité qu’il voulait impulser au jeu de Strassen. À quel coach que vous avez pu fréquenter dans votre carrière, ressemble-t-il donc ?
Tom Schnell : Au niveau de cette intensité, c’est comme ça qu’on s’entraînait avec Dino Toppmöller, au F91. C’était ce qu’il attendait de nous. Dans ma carrière, en termes de préparation physique, j’en ai connu, des gars qui nous faisaient faire des tours de terrain. Ce n’est pas ce qu’on fait à Strassen. Moi, je bosse sur des allers-retours, sur des changements de direction. C’est ce qu’on rencontre comme situations, en match. Et je le fais plutôt sans ballon. Il y a plusieurs écoles chez les préparateurs physiques et certains préfèrent faire ça avec ballon. Pas moi. Je ne préférais déjà pas en tant que joueur et je ne le fais pas en tant que préparateur physique parce que les résultats qu’on obtient sont meilleurs quand on travaille sans ballon.
Donc vous êtes typiquement le genre de préparateur physique que les joueurs n’aiment pas.
C’est ça.
Diriez-vous que le style de jeu arboré par Strassen est rendu possible par votre travail? Ou que vous travaillez comme ça parce que c’est ce que nécessite ce que Stefano Bensi veut mettre en place ?
Moi, la première question que je dois poser à un coach, c’est : « Comment tu veux jouer?« . Puis je m’adapte. Stefano, lui, il veut tout le temps mettre de l’intensité. Quand on est arrivés, les joueurs n’étaient pas du tout préparés pour ce type de football. Ils travaillaient pour autre chose. Donc au début, on a tout misé sur ça, l’intensité.
Avant, en moyenne, un gars à Strassen courait à 19 km/h. On les a amenés à 20,5 km/h
Neuf mois plus tard, vous voyez la différence dans les tests physiques ?
On joue beaucoup plus haut, donc certains milieux courent beaucoup plus qu’ils ne le faisaient, on remarque beaucoup plus de courses à haute intensité et ces neuf mois, on les a fait monter dans ce domaine. Avant, en moyenne, un gars à Strassen courait à 19 km/h. On les a amenés à 20,5 km/h. On a gagné 1,5 km/h.
C’est quoi votre méthode de travail ?
Depuis la reprise, vu l’intensité qu’on met aux séances, il était hors de question de faire plus d’un match par semaine. Les clefs, c’est vitesse, musculation et endurance. C’est difficile de tout gérer vu que beaucoup de joueurs travaillent alors pour bien poser les bases, le week-end de reprise, celui de la fête nationale, on a commencé très fort avec cinq séances surtout le week-end. Ils ont tout de suite compris qu’il y aurait beaucoup de force, beaucoup de courses.
Avez-vous l’impression de leur en demander plus que ce qui se fait dans d’autres clubs de DN ?
Je ne sais pas, mais étant joueur, notamment au F91, j’ai pu m’apercevoir qu’au Luxembourg, si tu n’es pas bon physiquement, tu ne gagnes pas tes matches. Et une année, au Fola, on a gagné quatre ou cinq matches à la reprise de janvier en marquant à chaque fois dans les dernières minutes. Parce qu’on était encore frais à ce moment-là. C’est d’ailleurs là, au Fola, l’année où je me suis fait les croisés (NDLR : en 2013) et que je me suis retrouvé tout seul, que j’ai commencé à m’intéresser à la préparation physique. Je n’ai jamais voulu être coach, mais la préparation physique, ça, ça me fascinait. Et j’ai passé le brevet d’État à l’Eneps.
Le physique est souvent un problème pour les clubs européens. C’est une fatalité ?
On ne peut jamais être à 100 %, même en calculant tout pour que le trou physique, inévitable, arrive à la trêve internationale de septembre. Oui, septembre, c’est l’idéal pour plonger physiquement (il sourit).
Le physique, c’est pourtant un enjeu de survie majeure contre une équipe britannique, non ?
Oui. Mais en vrai, déjà, cela se jouera au mental dans ce stade plein. Et ensuite, même si on pourra rivaliser dans l’intensité, l’objectif, c’est surtout de leur enlever leur intensité, à eux. Pas en en mettant encore plus, mais par notre travail tactique et technique. Et ça, ce n’est pas de mon ressort.