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Conditions de détention à Uerschterhaff : encore des efforts à fournir


Pour Claudia Monti, l’Ombudsman du Grand-Duché, la prise en charge médicale des détenus d’Uerschterhaff doit être améliorée. (Photo : alain rischard)

Prise en charge médicale des détenus, transport des prisonniers, critique des infrastructures… L’Ombudsman a dévoilé ses recommandations pour améliorer les conditions de vie à la prison d’Uerschterhaff.

Après un peu plus de deux ans d’ouverture, c’est le premier bilan pour le centre pénitentiaire d’Uerschterhaff. La Médiatrice, Claudia Monti, a présenté, ce mercredi, à la Chambre des députés, le rapport du Contrôle externe des lieux privatifs de liberté (CELPL) sur les conditions de détention et de vie au sein de ce centre de détention préventive. Réalisé au cours de l’été 2023, ce rapport avait pour objectif d’évaluer le respect des normes internationales relatives aux droits de l’homme, en matière d’intégration et de santé.

Pour réaliser ce document, 71 entretiens ont été effectués avec plusieurs acteurs de la prison de Sanem. Parmi eux, des détenus, des agents pénitentiaires, ou encore des professionnels de santé. «Aucun dysfonctionnement grave ou violation flagrante des droits de l’homme n’a été constaté», prévient d’emblée Claudia Monti.

Pourtant, des efforts doivent encore être réalisés, notamment dans certains domaines. La Médiatrice cite tout d’abord la prise en charge médicale des détenus. «Il faut qu’elle soit assurée dès le début. Le détenu doit être informé de la possibilité de voir un médecin ou d’avoir un soutien psychologique. Il faut également améliorer la qualité du suivi des détenus en cas de traitement médical ou de connaissance d’une pathologie liée à une addiction», explique-t-elle.

Deuxième critique : les infrastructures. Si le CELPL se dit «globalement satisfait», il regrette, en revanche, «le nombre trop restreint de bureaux pour le personnel, comme de salles de consultation». Autre point : la cour de promenade aménagée sur les toits de la prison. «Elle est entourée uniquement de grillages. Il n’y a pas d’accès à la nature.

C’est quelque chose d’important, car cela peut avoir un impact sur la psychologie des détenus, leur bonne humeur, leurs relations avec les autres détenus (…). Oui, ils sont en prison, mais ce sont toujours des êtres humains. Malheureusement pour la cour, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas changer, car les plans des infrastructures avaient déjà été déterminés quand nous avons été mis en courant», indique Claudia Monti.

«En prison, il n’y a rien de pire que l’oisiveté»

Autre axe d’amélioration pour le CELPL : les activités proposées aux détenus. Pour Claudia Monti, celles-ci sont toujours insuffisantes à Uerschterhaff. «Nous n’avons pas suffisamment de possibilités pour occuper les détenus, notamment au niveau des loisirs, mais aussi au niveau des emplois que l’on appelle « les corvées ».

Malheureusement, il n’y a que 64 postes ouverts. En prison, il n’y a rien de pire que l’oisiveté, l’ennui.» Elle poursuit : «On combat ainsi contre les idées suicidaires, les problèmes de toxicomanie. Car lorsqu’on est occupé, on pense moins au manque. Les activités sont primordiales, car si certaines personnes sont en détention préventive pendant quelques semaines, d’autres le sont durant plusieurs années.

Nous souhaitons d’ailleurs relancer le débat sur l’introduction d’une durée maximale de la détention préventive, chose qui n’existe pas actuellement au Luxembourg», regrette Claudia Monti.

Enfin, l’une des dernières recommandations du CELPL est l’amélioration du transport des détenus. Depuis la réforme pénitentiaire de 2018, les transferts sont réalisés exclusivement par la police. «Le CELPL s’était à de nombreuses reprises prononcé en faveur d’un transport réalisé par les agents pénitentiaires, du moins en ce qui concerne les détenus condamnés, mais cette solution n’a pas été retenue, ce que le CELPL regrette.

Il maintient toujours sa position que la relation de confiance et la connaissance du détenu peuvent avoir des effets apaisants sur les détenus et diminuer les tensions et l’agressivité affichées lors des transferts. Pour le surplus, la réalisation des transports par les agents pénitentiaires aurait pu contribuer à une plus grande flexibilité», écrit-il dans son rapport. «La magistrature devrait se rendre davantage à Uerschterhaff. Car l’infrastructure est là, et cela éviterait les déplacements des détenus», ajoute la Médiatrice.

Mais, toutes ces recommandations ont-elles été entendues? «Il y a des choses qui ont déjà été mises en place et d’autres qui sont en cours de réflexion. Nous avons également demandé du personnel supplémentaire. L’administration est en train de voir ce qu’il est possible de faire», conclut Claudia Monti.

Quid des agressions dans les prisons?

En novembre dernier, plusieurs agents pénitentiaires ont été blessés par des détenus à la prison de Givenich. Si aucun incident de ce type n’a été constaté à Uerschterhaff, la question des agressions en prison reste une problématique cruciale pour Claudia Monti. «Cette agression s’est déroulée après la rédaction du rapport. On s’intéresse évidemment au bien-être des agents. Des formations existent pour le personnel pénitentiaire et même médical, pour faire face à des agressions potentielles».