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Condamnés à s’entendre


Rien de concret n’a été servi à l’issue de la réunion entre patronat et gouvernement. Une tripartite sera mise sur les rails pour arriver à conclure un véritable pacte pour l’emploi.

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Assis au cours de la discussion face à Xavier Bettel, Michel Wurth, le président de l’UEL, a souligné, à son issue, le poids de l’organisation qu’il dirige. (Photo : Hervé Montaigu)

La réunion de trois heures entre le gouvernement et le patronat ne fut pas une partie de plaisir, même si chacun se félicite du dialogue retrouvé. « Nous n’avons pas trouvé d’accord et sur certains points nous sommes même très loin d’une solution », lâche le Premier ministre, Xavier Bettel, à l’issue d’une discussion qui a dû être harassante vu les mines de certains participants à la sortie du ministère d’État.

Si aucune proposition concrète n’a pu être présentée, les deux parties s’accordent à dire qu’elles entendent s’allier pour combattre le chômage. Xavier Bettel évoque un projet de « job pacte » un peu comme François Hollande, le président français, annonçait il y a tout juste un an son « pacte de responsabilité » pour redresser la compétitivité des entreprises et faire reculer le chômage. « On ne peut pas créer 8 000 emplois par an et voir parallèlement le taux de chômage sans cesse augmenter », observe Michel Wurth, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises.
> Wurth : les patrons ont besoin de prévisibilité

Le gouvernement compte donc sur les entreprises pour « lancer de nouvelles idées », vouées à créer des emplois et assurer la formation des salariés. Les tractations ne paraissent pas simples.

Les exigences patronales doivent atteindre une somme (réduction des impôts et/ou cotisations sociales?) que le gouvernement n’est pas encore prêt à payer. Gagner en compétitivité et rester attractif, c’est le credo que partagent le gouvernement et le patronat. Michel Wurth ne s’est pas privé de souligner tout au début de son intervention que l’UEL c’était « 34 000 entreprises », l’air de penser sans le dire « l’emploi c’est nous », comme pour rappeler à Xavier Bettel, debout à ses côtés, le poids du partenaire.

Du coup, le Premier ministre s’empresse de préciser que certaines propositions doivent être discutées en tripartite, avec les syndicats. Une première réunion est prévue dans l’arène du Conseil économique et social le 26 janvier. Mais avant cela, le gouvernement rencontrera encore une fois les patrons le 14 janvier et à l’issue de cette rencontre, des engagements et des accords devraient intervenir. Sauf si les choses restent sous tension.

Les patrons « ont besoin de prévisibilité », assure Michel Wurth, « et de confiance », ajoute-t-il. La hausse de 0,1 % du salaire social minimum promise aux syndicats doit être effective au 1er janvier prochain. Dans un communiqué envoyé peu avant le début de la rencontre entre le patronat et le gouvernement, l’OGBL rappelle que personne n’a encore vu la couleur d’un projet de loi dans ce sens déposé à la Chambre. La centrale syndicale indique également que l’accord conclu le 28 novembre ne vaut que pour les 13 points mentionnés alors et non pas sur l’ensemble du «paquet d’avenir» (lire ci-dessous).
> Motus et bouche cousue

Voilà qui ne laisse augurer rien de bon, sinon d’âpres discussions en guise de célébration du dialogue retrouvé.

Si d’autres sujets qui fâchent, comme la mutualité des employeurs, ont été évoqués, personne ne voudra livrer de détails en dépit des questions pressantes des journalistes. À ce stade, rien ne doit filtrer. Sinon que les discussions ont été « difficiles », comme l’affirment Xavier Bettel et Michel Wurth.

Alors que les ménages sont appelés à contribuer encore davantage au redressement des finances publiques et, en plein tsunami LuxLeaks, les entreprises luxembourgeoises rappellent que le paquet d’avenir « comporte des mesures qui impacteront les entreprises à hauteur de 200 à 250 millions par an en vitesse de croisière, alors qu’elles font face à une crise économique qui provoque une baisse de leur chiffre d’affaires et de leur marge. Ce sont les entreprises qui encaissent en tout premier lieu les effets de la crise », selon l’UEL.
De notre journaliste Geneviève Montaigu