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Condamné à la paix


Quelle que soit l’identité de celui qui sera désigné Premier ministre à l’issue des élections législatives serrées d’hier, Israël est condamné à faire la paix avec les Palestiniens. Au-delà des considérations éthiques ou morales qui entourent ce conflit qui dure depuis des décennies, il en va de l’intérêt même d’Israël et de son peuple.

Le jeune État hébreu – fondé en 1948 – n’a quasiment jamais connu la paix. Son histoire est une succession de guerres avec ses voisins arabes. Les traités de paix signés avec l’Égypte en 1979 et la Jordanie en 1994 furent de grands bonds en avant pour assurer tout simplement sa survie. Ce petit pays de 20 000 km2 n’a toujours pas réglé ses contentieux territoriaux avec le Liban, la Syrie et, bien sûr, avec le peuple palestinien.

Mais ces questions ne se sont pas retrouvées au cœur de la campagne électorale, à part bien sûr dans le discours du très droitier Premier ministre sortant, Benjamin Netanyahu, qui se pose en garant de la sécurité d’Israël. Le prix du logement, les fortes inégalités économiques et sociales ainsi que la cherté de la vie semblent préoccuper davantage les Israéliens.

Au vu du coût financier de l’occupation de la Cisjordanie et du conflit avec le Hamas à Gaza, il apparaît difficile de répondre à ces attentes et à l’État, de jouer son rôle de redistributeur des richesses. À titre d’exemple, chaque batterie de missiles du système militaire « Dôme de fer » – qui protège Israël des tirs de roquettes du Hamas depuis la bande de Gaza – coûte 500 000 dollars et chaque missile, 60 000 dollars.

Et au coût financier du conflit s’ajoute le coût humain. Quel peuple a envie de vivre dans la peur permanente des roquettes et des attentats? Quel peuple a envie de voir ses jeunes, et moins jeunes, rappelés sous les drapeaux quasiment chaque année?

Ainsi, le discours belliqueux de Netanyahu, qui a de bonnes chances de conserver son poste, n’est rien d’autre qu’une vision court-termiste et électoraliste. Pour son propre intérêt, Israël se doit de faire la paix.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)