Les inscriptions au concours «Astronaut for a day» ont débuté ce mardi. Conseils et retours d’expérience des vainqueurs précédents.
Si l’on mesure l’intérêt d’un évènement au nombre d’officiels présents, alors à coup sûr, le lancement de la deuxième édition d’«Astronaut for a Day», hier, n’avait rien d’anodin. Dans les locaux de la Luxembourg Space Agency (LSA), les ministres de l’Économie, de l’Éducation nationale et des Sports ont pris tour à tour la parole pour présenter les modalités de ce concours.
Organisé pour la première fois en 2023, «Astronaut for a Day» espère susciter des vocations dans le secteur spatial, domaine dans lequel le Luxembourg est bien implanté (lire encadré). «On a besoin de gens pour travailler dans le secteur», explique Marc Serres, le directeur général de la LSA. «Avec ce concours, si on motive des gens d’une douzaine d’années, ils ne seront pas dans une entreprise avant 12-15 ans, on cherche donc un impact à long terme.»
Ouvert aux élèves âgés de 13 à 18 ans et scolarisés au Grand-Duché – mais aussi, et c’est une première, à ceux venant d’Estonie et d’Autriche – «Astronaut for a Day» nécessite, pour gagner, des qualités intellectuelles et sportives ainsi qu’une bonne dose de motivation. Après une sélection drastique, 35 jeunes, dont 10 du Luxembourg, auront alors la chance, le 14 octobre, d’effectuer un vol parabolique. Ils deviendront aussi des ambassadeurs de l’espace, chargés de raconter leur expérience pendant un an et susciter ainsi auprès de leur communauté un intérêt pour le spatial.
Difficile pour les uns, pas pour les autres
Le processus de sélection est composé de quatre épreuves, calquées sur celles que subissent les astronautes lors de leur recrutement. Dans un premier temps, les candidats doivent envoyer une vidéo de 60 secondes dans laquelle ils font part de leurs motivations. Leur capacité de synthèse, leur aisance devant la caméra et dans l’articulation des idées ou la créativité dans la réalisation de la vidéo seront jugées. Ce sont ceux qui ont été retenus en 2023 qui en parlent le mieux. «La vidéo, c’est ce qui était le plus difficile», se souvient Aikaterini, 17 ans à l’époque, «parce qu’il fallait tout dire en une minute, et on ne savait pas si on allait être sélectionné, c’était stressant».
«Pour moi, c’était l’examen sportif le plus dur, je ne savais pas trop comment me préparer, mais ça s’est bien passé», intervient Carolina. Car après avoir envoyé la vidéo et avoir été retenu, il faut alors passer une épreuve de logique et de compréhension, puis une autre de motricité et de capacités physiques.
Et enfin, réussir la dernière épreuve en convainquant un jury qu’on est fait pour le rôle d’ambassadeur lors d’un entretien de 10 à 30 minutes par vidéoconférence. C’est cette dernière qu’Alice avait trouvé compliquée : «C’était en trois langues, je devais en changer tout le temps et montrer à quel point j’étais motivée.» «Je n’aurais pas dit que tout ça était difficile, nuance Mohammad, 20 ans, c’était plutôt un mélange d’excitation et d’inconnu, on ne savait pas à quoi chaque étape allait ressembler, c’était une aventure.» L’une des benjamines, 13 ans à l’époque, Léonore, s’est «entraînée sur des sites internet pour les tests de logique».
«Faites-le, soyez vous-même, osez»
Forcément, ils sont ressortis de cette «aventure» changés. Logique après avoir été amenés à s’exprimer devant un public ou avoir eu l’opportunité de rencontrer des personnes du secteur spatial. «On avait organisé une conférence au lycée technique du Centre avec la Québécoise Julie Payette (NDLR : femme d’État canadienne et astronaute en chef de l’Agence spatiale canadienne entre 2000 et 2007). Deux cents personnes y ont assisté», se remémore fièrement Mohammad. «J’ai créé un concours d’affiche dans mon école et invité Patrick Michel (NDLR : ingénieur, docteur en astrophysique, directeur de recherche au CNRS et expert international des astéroïdes)», cite Léonore parmi une liste impressionnante d’activités et de stages en lien avec l’espace. La pétillante jeune fille a même rencontré Thomas Pesquet.
Ce qui les a aussi marqués, c’est sans conteste le vol en apesanteur. Presque deux ans après, l’émotion est toujours là, vive, quand ils l’évoquent : «C’est une expérience incroyable! On ne peut pas l’expliquer à des gens qui ne l’ont pas connue, c’est un sentiment spécial et unique», dit Carolina.
Ont-ils des conseils à donner aux jeunes qui tenteraient bien le concours? «Je leur dirais, reprend Léonore, de toujours rester passionné et curieux. En fait, ce qui est bien avec ce concours, c’est qu’il n’est pas basé sur des attentes ou des performances académiques ou physiques. C’est vraiment basé sur de la motivation et sur l’esprit d’entraide.» «Faites-le, soyez vous-même, osez» et «quoi qu’il arrive, on apprend des choses à chaque étape», lance, enthousiaste, Mohammad.
Si la dimension professionnelle du projet semble réussie – ces quatre-là ont envie de faire une carrière dans le secteur spatial –, une autre a surgi, qui n’était pas prévue, celle humaine : «J’ai découvert quelque chose de fabuleux», livre Marc Serres. «Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’émotions. Il fallait les voir après le vol quand ils sont retournés auprès de leurs parents, à quel point c’était gonflé d’émotion, vraiment impressionnant à voir.»
La première étape a été lancée hier et durera jusqu’au 14 mars. Toutes les informations et le formulaire d’inscription sont en ligne sur www.astronautforaday.lu
À la recherche de talents
Selon l’Agence spatiale européenne, le Luxembourg est le pays européen qui investit le plus dans l’exploration spatiale. Un secteur pour lequel «travaillent directement et indirectement dans le pays» de nombreuses entreprises, a rappelé Lex Delles, le ministre de l’Économie, hier. Et de citer le rover en route pour atterrir sur la Lune ou le satellite lancé il y a deux semaines. D’autres «travaillent par exemple dans la recherche de nouveaux matériaux très légers ou dans leur développement pour produire des satellites. D’autres encore travaillent sur les datas, etc.»
Et bien sûr, pour être à la hauteur de ses grandes ambitions, le pays a besoin d’une main-d’œuvre spécialisée : «C’est dans cette optique que ce concours a été conçu. Il offre une plateforme idéale pour éveiller l’intérêt des jeunes et, plus largement, du grand public, aux multiples facettes du domaine spatial ainsi qu’aux nombreux métiers qui y sont liés.»