Dans un milieu où l’on aime les sons lourds, Pineway injecte aux siens des mélodies et un chant plus pop rock. Pour mieux se faire entendre.
À la première écoute, Pineway étonne, car sa musique s’éloigne de son ancien ADN. En effet, à la lecture du pedigree des membres qui le composent, on tombe sur deux noms bien connus de la scène luxembourgeoise : Retrace My Fragments et Everwaiting Serenade. Des groupes qui, à une époque pas si éloignée, distillaient dans leur sillage un metal costaud, aux guitares assommantes et aux rythmes effrénés, fidèles à l’héritage des voisins allemands et français. «J’en écoute encore régulièrement !», se défend Ramon Herrig. Car le musicien, il y a quelques années, a décidé de faire un pas de côté par rapport à ses expériences passées pour, comme il le définit, opérer une «métamorphose» totale.
Un changement en profondeur qu’il a d’abord appliqué à lui-même après une année passée à Berlin, avant d’envisager un nouveau projet musical, toujours partagé avec son ami Andy Kayl, bassiste. Le duo, qui se connaît depuis les bancs de la maternelle, s’était déjà fait les dents dans une autre formation, Silent View, qui n’a laissé que peu de traces d’elle sur internet. Pas question toutefois de repartir sur les mêmes standards, comme il l’explique. «L’idée était de commencer une toute nouvelle aventure, de partir sur quelque chose de plus alternatif.» Ce sera Pineway, dont le nom raconte en creux la nécessité vitale de se retrouver et de jouer («pine away» se traduit par «dépérir»).
Le sale tour joué par le covid
Concrètement, la mutation tient à deux composantes : d’abord, un plein de mélodies qui portent chaque composition, afin de «sortir du cadre», «d’ouvrir des perspectives» et, qui sait, «toucher un plus large public». Ensuite, un chant qui évite les cris et autres grognements, pour se montrer dans un naturel très pop rock.
Une première pour Ramon Herrig qui, jusque-là, devait se contenter de la guitare, en dehors de très rares chœurs. «J’ai dû chanter une ligne quelque part dans un album !», se marre-t-il, heureux de la tournure qu’a prise la situation. «J’ai toujours voulu être au micro et, autour de moi, les gens m’encourageaient à cela.» Ce qu’il a fait, non sans appréhension : «Je suis de nature timide. Être devant tout le monde, ça n’est pas évident!»
En tout cas, ça ne s’entend pas quand on plonge dans les huit morceaux qui garnissent Echosystem. Un album qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas le premier du groupe, mais bien le second, après le sale tour joué par la crise sanitaire. Elle avait privé de lumière Shift (2021), qui devait initialement sortir à la Rockhal, mais avait finalement été relégué à l’anonymat de Spotify.
«Un disque qui n’aura pas fait parler de lui», souffle Ramon Herrig, amer. Il en reste néanmoins un rappel en guise de clin d’œil, avec une reprise acoustique de Medusa, et le sentiment qu’en trois ans, Pineway a fait des progrès. «Quand on écoute nos premiers titres, ça sonne un peu brouillon. Là, on s’est penché sur les détails», histoire de mettre en place une structure qui se tient. Mieux, une «identité».
Une volonté d’aller de l’avant
Que raconte-t-elle alors ? Musicalement, que le quintette (complété du guitariste Claudio Petucco, du batteur Christoph Krause et de Christian Junk aux claviers) ne renie pas ses racines metal, mais y ajoute des éléments grunge, une couche de synthétiseurs et cette voix qui fait toute la différence et adoucit l’atmosphère.
Ramon Herrig en profite pour glisser son modèle, très «inspirant» : Maynard James Keenan, leader de Tool. «Attention, je ne me compare pas à lui. J’en suis loin !», précise-t-il dans un rire. Et d’un point de vue philosophique, Pineway prouve aussi qu’avec le cœur, tout est possible, même quand on a dépassé la barre des quarante ans : «L’âge, ce n’est qu’un concept, et la jeunesse, c’est dans la tête !»
Enregistré et finalisé chez MOS Recording à Bitburg, en Allemagne, Echosystem porte justement en lui cette volonté d’aller de l’avant, que Ramon Herrig détaille : «Celle de vouloir s’améliorer de jour en jour, d’être une meilleure personne.» Et pour montrer que son équipe et lui sont connectés aux évolutions du monde, l’album distille des considérations écologiques, proposées par le guitariste, qui en a fait son métier. De quoi être solidement armés pour le concert à la Rockhal, dans deux jours, que cette «petite famille» voit comme un nouveau départ. À noter que le disque, lui, sortira seulement la semaine suivante. Singulier jusqu’au bout !
«Album Release» vendredi à 20 h. Support : Fallen Lies – Rockhal – Esch-Belval.