[Communales] Remich : la bataille sera âpre sur les quais

Remich, la plus petite ville en superficie, la plus dense en population et en grande partie inondable, reste la Perle de la Moselle qui a besoin de retrouver de son éclat. Les temps sont durs.

Certes, la nature reprend un peu ses droits entre les dalles de la place Kons, qui voisine l’esplanade de la Perle de la Moselle. Le vice-président des commerçants, scandalisé, pointe un doigt sur la touffe d’herbe qui a trouvé son chemin dans la jointure. «Vous trouvez que c’est propre?», interroge-t-il. Sans attendre la réponse, il parcourt quelques mètres pour s’arrêter devant des dalles soulevées par les racines des arbres. Puis, il montre le bois devenu gris du mobilier urbain délimitant les terrasses.

Le commerçant, qui déroule ainsi sa liste de reproches, a une double casquette, car il s’agit de l’agent immobilier Daniel Frères, redoutable candidat du Parti pirate, réputé grand défenseur de la cause animale. Depuis les élections de 2017, il est membre du conseil communal et il ne manquait que 28 voix à sa liste pour décrocher un deuxième siège. Il va tenter de transformer l’essai en juin prochain. Il est le seul élu local du Parti pirate avec le conseiller de Pétange.

Son objectif, il y a six ans, était de se débarrasser de Henri Kox et il n’a lésiné sur aucun moyen pour parvenir à ses fins, à l’issue d’une campagne de dénigrement sans précédent. Il veut rejouer le même match contre le bourgmestre actuel, le libéral Jacques Sitz, dont il fustige les faiblesses à diriger la ville avec son partenaire chrétien-social, tout en regrettant Jeannot Belling, qui lui, «savait gérer le personnel communal» et, plus largement, la ville. Il n’a rien contre le parti libéral qu’il a même failli rejoindre, si ses liens avec un certain Jean Colombera n’avait pas plombé ses ambitions.

Remich, ce n’est pas seulement la ville de Daniel Frères et de Henri Kox, c’est aussi celle de Paulette Lenert, tête de liste et coqueluche du Parti socialiste. La seule élection à laquelle elle a participé fut les dernières communales à Remich où elle a péniblement ramassé 176 voix, deuxième derrière Guy Mathay qui, lui, repart en campagne. «Elle était encore fonctionnaire à l’époque et venait d’emménager à Remich», souffle le candidat socialiste, qui reconnaît que les choses ont bien changé depuis. Elle ne sera pas sur la liste cette fois-ci, mais les socialistes présentent trois Belges, un Allemand et un Portugais, en plus de quatre femmes sur les onze candidats. Il reconnaît, lui aussi, «que Remich est trop tranquille pour une ville touristique», déplore la fermeture des commerces et de l’hôtel historique Saint-Nicolas, sur l’esplanade. «À Remich, il faut trouver un équilibre entre le bien-être des citoyens et l’activité touristique», pose-t-il. Il s’inquiète plus des quelques logements vides appartenant à la commune que des brins d’herbe très clairsemés de la place Kons.

Du côté du CSV, les choses n’ont pas été simples pendant ce mandat à la tête de la commune avec les libéraux. L’échevin Mike Greiveldinger a rendu son mandat ainsi que le conseiller Pierre Singer, le deuxième de la liste chrétienne-sociale sur les trois candidats élus au conseil communal. L’actuelle échevine, Rita Wallerich, a été catapultée à ce poste il y a un an à peine. «On m’a tout redonné alors que j’étais sans expérience, mais j’ai trouvé ma place maintenant», déclare la très joviale candidate, retraitée depuis deux ans. Elle va mener la liste qui sera dévoilée la semaine prochaine. «J’aimerais bien continuer avec les projets de cette coalition et j’espère qu’on pourra finir ce qu’on a commencé», souhaite-t-elle ardemment.

Quant aux verts, ils vont tout faire pour reconquérir la cité mosellane qu’ils ont administré de 2005 à 2017. L’ancien bourgmestre Henri Kox (et son parti déi gréng) avait raflé quatre sièges en 2011 pour en perdre deux six ans plus tard. Redevenu conseiller communal comme en 1999, quand il fut élu la première fois, il a préféré céder sa place et quitter la politique locale.

Une autre ère peut commencer avec les deux têtes de liste Jean-Paul Wiltz et Danièle Libar, qui siègent déjà au conseil communal. La liste que le parti présente est composée de 6 femmes et 5 hommes pour une moyenne d’âge de 51 ans.

Reste le Parti démocratique qui, lui aussi, propose curieusement une double tête de liste, avec l’actuel bourgmestre Jacques Sitz et l’échevin Jean-Paul Kieffer. «On a fait un boulot honnête et transparent, on a un bon programme, des projets concrets, maintenant il faut voir ce que les gens en pensent», déclare Jacques Sitz, assez fier du masterplan «Remich 2035» élaboré avec la participation de la population, et destiné à propulser la Perle de la Moselle dans le XXI^e siècle.

Avant cela, il y a une bataille à remporter.