Fokus, KPL, déi Konservativ et Mir d’Vollek se présenteront dans très peu de communes. Tous ont l’ambition de décrocher des sièges face aux grands partis, comme l’ont réussi les communistes en 2017.
Le système électoral fait que 46 communes, qui comptent chacune moins de 3 000 habitants, ne voteront pas pour des partis, mais bien pour des listes citoyennes, sur lesquelles les candidats n’ont pas – du moins officiellement – une couleur politique.
En tout, 575 personnes s’élanceront sous un drapeau neutre lors du scrutin de dimanche prochain. Des listes «neutres» sont également présentées dans 19 des 56 communes à majorité proportionnelle, où les grands partis mènent largement la danse. Pour rappel : le DP arrive en tête avec 47 listes, suivi par le CSV (45), le LSAP (39), déi gréng (36), le Parti pirate (13 listes), l’ADR (11) et déi Lénk (7).
Encore derrière suivent quatre autres formations politiques, qui vont chercher à se faire une place face aux sept partis qui sont représentés à la Chambre des députés. Il s’agit de deux nouveaux venus (Fokus et Mir d’Vollek), d’un parti de tradition (KPL) et d’un parti déjà présent au scrutin de 2017 (déi Konservativ).
À Rumelange, un échevin communiste sortant
Le parti le plus médiatisé parmi les Petits Poucets est Fokus, emmené par le président chassé du CSV Frank Engel et l’ancien secrétaire général du DP Marc Ruppert. Ce dernier se présente d’ailleurs comme tête de liste de la jeune formation dans la capitale.
«Pour la ville de Luxembourg, il était important pour nous d’avoir une liste Fokus. Nous avions l’ambition d’avoir une grande liste et nous avons été surpris de voir qu’à Sanem, ils partageaient la même envie. Une troisième a suivi à Differdange, un peu en dernière minute, et c’était plus que ce que l’on espérait», nous avait confié Marc Ruppert le 17 avril. Fokus sera, en effet, présent dans trois communes, avec au total 63 candidats, dont la moyenne d’âge est de 45 ans. Frank Engel se concentre, lui, sur les élections législatives du 8 octobre.
Le KPL sera, lui aussi, présent dans trois communes : Esch-sur-Alzette, Differdange et Rumelange. Les communistes s’élancent avec 49 candidats, qui présentent une moyenne d’âge de 57 ans. Le parti sera le seul des quatre petits à devoir défendre des sièges lors des élections de ce dimanche.
Le président Ali Ruckert a été élu, en 2017, conseiller à Differdange (5,55 % des voix). Les yeux seront plus particulièrement rivés sur Rumelange, où le seul élu du KPL, Edmond Peiffer (9,21 %), a été choisi par le LSAP du bourgmestre Henri Haine pour former la majorité après le dernier scrutin local.
«Le KPL ne fait pas de fausses promesses. Toutes nos revendications et propositions sont réalisables. À condition que la volonté politique nécessaire soit présente dans les conseils communaux et que les habitants soutiennent ces mêmes revendications et propositions», clamait Ali Ruckert lors de la présentation du programme électoral.
Un neuvième parti à Luxembourg
À Pétange, mais aussi à Differdange, déi Konservativ tenteront cette année d’enfin décrocher un premier siège. Emmené par Joe Thein, ex-membre de l’ADR, le «parti de la liberté» avait décroché 2,4 % des voix lors des communales de 2017 à Pétange. Les résultats n’étaient guère plus encourageants aux élections législatives de 2018 (0,52 % dans le Sud) et européennes en 2019 (0,53 %).
Dimanche, 38 candidats vont se présenter, avec une moyenne d’âge qui s’établit à 51 ans. «Notre politique consiste à redonner la priorité aux citoyens et à leurs besoins», promet Joe Thein, interrogé par nos confrères de RTL.
Enfin, le parti citoyen Mir d’Vollek, fondé par les meneurs du mouvement des covidosceptiques, Jean-Marie Jacoby et Peter Freitag, présentera une liste réduite dans la seule ville de Luxembourg, où neuf partis seront en lice.
Seuls 14 candidats s’élanceront, sur les 27 qui auraient été possibles. Leur programme électoral dépasse largement le cadre d’un scrutin communal. Il évoque notamment l’OTAN et la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.
Née du mouvement des covidosceptiques, la liste citoyenne Mir d’Vollek (Nous le peuple) participera pour la première fois aux élections communales, mais seulement à Luxembourg. Quatorze candidats, sur les 27 possibles, se présenteront dimanche. Le programme électoral n’est pas spécifiquement orienté vers le scrutin local.
Il comprend, en effet, de nombreux sujets internationaux, dont la revendication d’une sortie du Luxembourg de l’OTAN. Une proposition plus concrète est la création d’entreprises de construction publiques afin de combler le retard en matière de logements abordables, plus particulièrement pour les 20 % de la population comptant parmi les plus vulnérables. Mir d’Vollek est emmené dans la capitale par les militants covidosceptiques Peter Freitag et Jean-Marie Jacoby (photo).
Ils affirment être un parti «optimiste», plein de «bonne humeur», qui fait preuve de «courage» et de «cohésion». Déi Konservativ abordent dimanche leurs deuxièmes élections communales. La commune de Pétange, lieu d’ancrage du président Joe Thein (photo), reste la cible prioritaire.
Cette année, une seconde liste du «parti de la liberté» sera toutefois présentée à Differdange.Les grandes priorités sont la sécurité (police, caméras), la promotion de la langue luxembourgeoise, la participation citoyenne, la famille, l’équité sociale et la qualité de vie. La mobilité et le logement sont deux autres points du programme. Joe Thein tentera de reconquérir le siège de conseiller communal qu’il occupait entre 2011 et 2017 sous les couleurs de l’ADR. À Differdange, la liste est emmenée par Chantal Thein.
Un siège de conseiller communal à Differdange. Et même un poste d’échevin à Rumelange. Le KPL n’abordera pas les mains vides les élections communales de dimanche. Et le Parti communiste compte bien défendre son bien, grâce autant à son travail effectué depuis 2017 qu’à son programme électoral intitulé «La commune appartient à tous ses habitants».
Onze priorités ont été définies pour convaincre les électeurs à Esch-sur-Alzette, Differdange et Rumelange. À commencer par le logement, l’amélioration de la prise en charge médicale dans les communes ou encore une politique de sécurité renforcée, non pas avec davantage de caméras de surveillance, mais par des mesures sociales. La lutte contre la pauvreté est un autre des grands points mis en avant par le KPL.
Dans ce même ordre d’idées, les communistes plaident pour une école équitable. La protection du climat, l’égalité de traitement entre femmes et hommes et le renforcement du transport public figurent également en haut de la campagne. En ce contexte particulier de guerre en Ukraine, le KPL souligne aussi être un parti qui s’engage pour une «paix équitable» et l’entame, «sans conditions préalables», de négociations pour mettre fin à l’invasion russe. Une politique de désarmement est également réclamée par les communistes.
C’est à Luxembourg que Fokus a, jusqu’à présent, fait le plus de bruit. En cause, la proposition de réaménager le Glacis, avec un déménagement imposé à la Schueberfouer. Cette idée n’est cependant pas la seule du jeune parti qui présentera des listes dans la capitale, à Differdange et à Sanem.
Le programme-cadre compte dix leviers, où on retrouve des sujets classiques, comme la mobilité, la sécurité ou encore la qualité de vie. «Dans ces dix grands sujets, on veut montrer que l’on a le courage de vouloir changer les choses et le projet de transformer le Glacis en est un bon exemple, d’autant que l’exercice peut se répéter sur d’autres places, dans d’autres quartiers, dans d’autres villes.
Le potentiel est là, mais personne n’ose franchir le pas pour ne pas froisser ses électeurs cibles. Nous n’en avons pas encore, donc nous pouvons nous permettre cette liberté», nous expliquait le président Marc Ruppert (photo) dans une Interview du lundi publiée le 14 avril.À Differdange, Fokus mise notamment sur un projet pour construire tous les ans 150 logements (900 en six ans), vendus ou loués 50 % en dessous des prix du marché.
Le renforcement de la sécurité publique est un autre point majeur du programme défendu par Gary Kneip, le secrétaire général de Fokus, également un ancien membre du DP.
Plus encore qu’au niveau national, les partis qui se présentent aux élections communales demeurent invisible pendant toute la durée des mandats. De fait, de nombreux candidats n’ont aucun lien avec la politique et le parti pour lequel ils sont en lice. En tant qu’électeur, on ne peut s’empêcher de se sentir dupé puisqu’on n’a aucune voix jusqu’au scrutin suivant.