Un éclairage nouveau sur les dernières élections communales révèle une progression des candidats issus de la diversité, même s’ils restent largement sous-représentés.
Après avoir décortiqué la participation des électeurs étrangers, le Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (Cefis) publie ce mercredi une analyse inédite de la diversité culturelle parmi les 3 831 candidats aux communales de 2023.
Pour la première fois, ses équipes ont pu accéder à des données détaillées, combinant la nationalité, le pays de naissance et la double nationalité des personnes, là où seule la nationalité était auparavant prise en compte.
Un fichier du CTIE anonymisé
Dans le détail, le Centre des technologies de l’information de l’État (CTIE) a transmis au Cefis un fichier anonymisé, précisant le mode de scrutin (proportionnel ou majorité relative), le nom de la liste ou du parti politique, la nationalité du candidat, son pays de naissance et ses différentes nationalités.
Samedi, le Cefis a présenté en avant-première ses conclusions aux représentants de cinq partis politiques.
Celles-ci montrent d’abord que, parmi l’ensemble des candidats qui se sont présentés aux élections communales de juin 2023, neuf sur dix étaient luxembourgeois.
Un quart des candidats avec un parcours migratoire
Des chiffres loin d’être représentatifs de la population du Grand-Duché, composée à 48 % de résidents de nationalité étrangère. Cependant, grâce aux nouveaux indicateurs, les chercheurs ont pu mettre au jour une réalité beaucoup plus nuancée.
En effet, ils ont établi que 23 % des candidats étaient nés à l’étranger et que 28 % avaient connu un parcours migratoire.
«La naturalisation occupe une place centrale dans ces évolutions. Quatorze pour cent des candidats luxembourgeois sont nés à l’étranger, et 10 % ont une double nationalité, principalement d’origine portugaise, italienne ou issue des pays frontaliers», indique le Cefis.
La barrière de la langue persiste
L’étude met par ailleurs en lumière des freins persistants à la participation politique des étrangers :
- un intérêt limité pour la politique locale,
- une désaffection citoyenne comparable à celle observée dans d’autres pays européens,
- des barrières linguistiques liées à la prédominance du luxembourgeois dans la vie politique locale,
- des obstacles sociaux ou symboliques associés à l’origine migratoire.
Pourtant, souligne le Cefis, les résidents issus de l’immigration — y compris ceux nés au Luxembourg — mobilisent des compétences linguistiques, culturelles et sociales précieuses pour enrichir la démocratie locale.
Les partis appelés à se mobiliser
Les chercheurs estiment que pour augmenter la participation des étrangers lors des prochains scrutins, il sera indispensable de «faciliter l’inscription sur les listes électorales, de réduire les obstacles institutionnels et linguistiques, et d’encourager une plus grande diversité au sein même des partis».
En 2023, le Cefis a pu établir que les partis qui comptaient la plus grande proportion de candidats nés à l’étranger étaient
- le Parti pirate,
- Fokus,
- Déi Gréng
- Déi Lénk
Les grands partis traditionnels — CSV, DP et LSAP — comptaient, quant à eux, plus de candidats binationaux luxembourgeois sur leurs listes que de ressortissants étrangers. Et chez les candidats luxembourgeois ayant une double nationalité, c’est le Portugal qui était le pays le plus représenté, suivi par l’Italie, puis les pays de la Grande Région.
L’intégralité de l’étude peut être consultée en ligne sur le site du Cefis.