Les projets d’infrastructure ont dominé ces six dernières années. La prochaine majorité aura pour mission de poursuivre sur cette lancée, sans négliger le vivre-ensemble.
Dans une semaine sera posée la première pierre du futur campus scolaire «Ëm de Bëchel». Il s’agira d’une étape supplémentaire dans la mue que la commune de Bettembourg a entamée, au plus tard en 2018 en passant le cap des 11 000 habitants. Aujourd’hui, elle compte 11 400 résidents, répartis sur cinq localités (Bettembourg, Abweiler, Fennange, Huncherange et Noertzange).
En interrogeant les élus sortants sur le bilan de la mandature, c’est le mot «infrastructures» qui revient le plus souvent. «La cadence de travail a été telle que nos services étaient sur les rotules», affirme l’échevine Josée Lorsché (déi gréng). Le centre culturel à Huncherange, le service d’éducation et d’accueil (maison relais) près de l’école Reebou ou encore les ateliers communaux – «le projet le plus cher jamais réalisé», dixit l’échevin Gusty Graas (DP) – sont mis en avant.
Tous ces investissements sont nécessaires pour accompagner l’évolution démographique de Bettembourg. «Nous avons pu tenir nos engagements. Le nouveau plan d’aménagement général, également adopté lors de cette mandature, prépare la commune à la prochaine croissance», avance le bourgmestre Laurent Zeimet (CSV). Il loue aussi «l’approche constructive» affichée par l’opposition, formée par le LSAP et l’ADR.
«Sur certains points, le travail a été plus constructif que sur d’autres. Nous avons certes soutenu les grands projets, mais pas sans certaines réticences. Selon nous, les nouveaux ateliers communaux sont surdimensionnés. On aurait aussi préféré une construction modulaire pour le nouveau campus scolaire, aussi au vu de la situation tendue des finances communales», réplique Marco Estanqueiro, la cotête de liste du LSAP.
Structures d’accueil, trafic, logement…
Dans les grandes lignes, les partis en course pour les communales du 11 juin semblent toutefois d’accord. CSV et déi gréng mettent en avant le besoin de continuer à investir dans les écoles et les structures d’accueil. «On était quasiment arrivé à bout d’une très longue liste d’attente pour les maisons relais. Il y a désormais de nouvelles inscriptions, mais avec le futur campus scolaire, déjà en construction, le problème sera résolu pour de bon», renseigne Josée Lorsché.
Le développement durable est une des autres priorités, pour déi gréng («d’énormes efforts ont été consentis»), mais aussi pour le DP. Gusty Graas a aussi une pensée pour le trafic, car Bettembourg se trouve au centre de quatre axes de circulation majeurs : «Le réaménagement de la rue de la Gare commence à produire ses effets. Les rues doivent devenir moins attrayantes pour les voitures.»
L’ADR n’est pas forcément sur cette longueur d’onde, mais peut notamment se dire satisfait de la consultation et la participation citoyenne qu’il prône et qui a déjà été d’application lors des six dernières années, notamment dans la préparation du projet de réaménagement du cœur de la commune (lire l’encadré ci-dessous). Le parti réformateur, comptant avec Patrick Kohn un seul conseiller, met aussi l’accent sur le logement. Leur proposition : accorder la priorité aux citoyens de la commune pour accéder aux logements publics, le tout à un prix équitable.
Pour le compte du CSV, Laurent Zeimet pointe le développement de nouveaux projets de logements, tout en s’assurant que les infrastructures suivent pour accueillir les nouvelles familles et leurs enfants. Si le LSAP ne veut pas remettre en cause le travail du Fonds du logement, il plaide pour que la commune assume elle-même le rôle de promoteur.
Le conseiller socialiste Marco Estanqueiro reproche en outre à la majorité sortante d’avoir «oublié l’aspect social» lors de la réalisation des projets d’envergure. Josée Lorsché concède que «la politique sociale nécessite une plus large concertation pour vraiment identifier et aider les personnes en détresse».
Le LSAP de retour au pouvoir ?
Quelle majorité émergera des urnes ? Aussi bien en 2011 qu’en 2017, le LSAP a signé le meilleur score, sans toutefois réussir à entrer dans la coalition. Depuis 12 ans, la commune est dirigée par le trio CSV (5 élus), déi gréng (2 élus) et ADR (1 élu), comptant une courte majorité de 8 sièges contre les 7 du LSAP (6 élus) et de l’ADR (1 élu).
Les socialistes vont-ils réussir à revenir au pouvoir, après 24 ans de majorité absolue et 12 ans d’opposition ? «Notre programme présente des différences essentielles avec celui du CSV. On dispose vraiment d’une équipe comptant beaucoup de jeunes, qui reste entourée par des candidats plus expérimentés», martèle Marco Estanqueiro. L’ancien bourgmestre Roby Biwer, le candidat ayant décroché le plus de voix personnelles en 2017, est toujours en lice, mais sans être tête de liste.
«Les trois partis de la majorité ont très bien travaillé ensemble ces dernières années. Il n’y a pas de lassitude. La décision finale revient aux électeurs», affirme de son côté le bourgmestre chrétien-social Laurent Zeimet. Gusty Graas (DP) confirme ces propos. «Les contenus vont compter, après avoir pris en considération le résultat», conclut Josée Lorsché (déi gréng).
Le cœur de la commune entièrement repensé
Il s’agit du projet phare de la décennie à venir pour Bettembourg. Un plan directeur a été soumis aux édiles après une large consultation citoyenne. L’idée est d’entièrement réaménager le cœur de la commune (26,6 hectares), entre la place de l’Église et l’actuel centre d’intervention du CGDIS, en passant par le parc du château. Une renaturation de la Diddelengerbaach, qui coule en souterrain, est prévue afin de créer un espace de rencontre plus vert. La construction d’une maison multifonctionnelle, d’un jardin urbain et d’un parking de 350 places sont également mis en perspective. En parallèle, une zone de rencontre (shared space) doit être créée dans la route d’Esch, un des axes de circulation majeurs de la commune.
«La voiture ne doit plus jouer le même rôle absolu. J’espère que l’État va vraiment jouer le jeu pour réaliser le shared space», affirme Gusty Graas (DP). «La création d’un shared space doit être accompagnée d’une offre encore renforcée des transports publics, sans quoi on ne va pas réussir à désengorger le centre du trafic routier», complète Josée Lorsché (déi gréng).
Le bourgmestre Laurent Zeimet (CSV) rappelle l’importance de penser aussi logements abordables lors de la transformation du cœur de la commune.
Le LSAP mise sur une autre idée. «On propose de délocaliser le cœur même de la commune vers l’autre côté du parc du château, en direction du CGDIS. Il est également préférable de procéder en trois phases, avec une priorité à donner à la construction d’une maison intergénérationnelle et d’un café du parc», avance Marco Estanqueiro.