Le formateur Luc Frieden annonce qu’une des priorités du futur gouvernement sera la lutte contre la pauvreté. Un état des lieux a été dressé, vendredi, avec Caritas et la Croix-Rouge luxembourgeoise.
Il aurait été un souhait partagé du CSV et du DP d’accorder une priorité à la lutte contre la pauvreté. «Il s’agit d’une thématique d’une très grande complexité», admet le formateur Luc Frieden, à la sortie d’un échange avec les représentants de Caritas et de la Croix-Rouge luxembourgeoise, invités au château de Senningen en clôture de la première semaine de pourparlers pour mettre en place un nouveau gouvernement.
Caritas a soumis au formateur et aux délégations un document comprenant cinq domaines d’action qui seraient à inscrire dans le prochain accord de coalition, dont la réduction de la pauvreté, des inégalités sociales, du sans-abrisme et de l’exclusion liée au logement. Pour vraiment avancer en la matière, il est notamment revendiqué d’«allouer un budget spécifique pour la lutte contre la pauvreté (pourcentage du PIB)». Une «véritable réforme fiscale qui vise plus de justice sociale» est une autre grande priorité définie par Caritas.
«Il n’existe pas de solutions simples»
CSV et DP ont accordé une grande importance à cette réforme fiscale. Se pose la question si la marge financière sera présente pour la réaliser (lire ci-contre). La fiscalité ne sera néanmoins qu’un levier à activer pour réduire la pauvreté. Luc Frieden dit en avoir conscience. «La complexité de la problématique réside dans le fait que la pauvreté est composée de beaucoup de dimensions. L’argent est un aspect, mais beaucoup est lié à la situation du logement. S’y ajoutent des questions de santé, sans oublier la situation des migrants», détaille le formateur.
Il est d’ores et déjà acquis que plusieurs des 12 groupes de travail mis en place par les futures partenaires de coalition seront amenés à livrer des solutions pour lutter contre la pauvreté. Il ne s’agira pas d’une thématique qui sera réservée au groupe intitulé «Lutte contre la pauvreté». «Le problème est solide. Il n’existe pas de solutions simples», prévient Luc Frieden.
Un secrétaire d’État pour piloter la lutte ?
Caritas demande d’«améliorer la coordination entre les différents ministères pour faciliter une approche plus transversale» en vue de réduire la pauvreté et les inégalités sociales. «Pour agir sur les besoins des plus démunis, il est souvent nécessaire de prendre des mesures qui dépassent le périmètre d’un seul ministère afin de permettre une prise en charge plus individualisée. Le pilotage de cette discussion transversale pourrait être confié à un secrétaire d’État rattaché au Premier ministre», peut-on lire dans le document présentée vendredi par l’ONG.
Le très probable futur Premier ministre a précisé que, dans un premier temps, les délégations du CSV et du DP étaient à l’écoute. Comme dans d’autres domaines, évoqués depuis le lancement des pourparlers, mercredi, aucune décision formelle n’a encore été prise, précise Luc Frieden. Les différents groupes de travail vont se consacrer à partir de la semaine prochaine aux différentes thématiques afin de poser les bases d’un programme gouvernemental.
Un point en séance plénière sera fait vendredi prochain. Le formateur veut dresser à ce moment un bilan intermédiaire, qu’il pourra aussi présenter au Grand-Duc Henri, qui avait décidé dès lundi, au lendemain des élections législatives, de confier à Luc Frieden la mission de réunir CSV et DP dans un nouveau gouvernement.
Le maintien du triple A, la «seule» décision entérinée
Le formateur Luc Frieden confirme que la situation économique et financière du Luxembourg est «très difficile». Comme indiqué dans notre édition de vendredi, le Statec n’exclut plus une stagnation, voire même une récession pour cette fin d’année 2023. Cela aura aussi des répercussions négatives sur le budget de l’État. «Le déficit prévu sera plus important que prévu en début d’année», informe Luc Frieden.
Au vu de ce contexte, CSV et DP sont rapidement tombés d’accord de tout faire pour maintenir le triple A auprès des agences de notation. «Il ne s’agit pas seulement de trois lettres, mais cette notation permet surtout à l’État de contracter des emprunts à des taux raisonnables. Et on sera amené à le faire en 2024», annonce d’ores et déjà Luc Frieden.
L’engagement à ne rien entreprendre pour mettre en danger le triple A aurait été la «seule» décision formelle, entérinée cette semaine par les futurs partenaires de coalition.