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Coalition à 4 : le CSV amuse la galerie


Les déclarations de Marc Spautz jeudi soir ont été tournées en dérision par les principaux concernés. (Photo : archives editpress)

Quelle mouche a piqué Marc Spautz pour brandir la menace d’une coalition à quatre? Cela apparaît comme une manœuvre désespérée pour mobiliser les électeurs selon David Wagner (déi Lénk) et Alex Bodry (LSAP).

Les déclarations de Marc Spautz jeudi soir ont été tournées en dérision par les principaux concernés.

Les principaux concernés se sont tordus de rire. « Je n’aurais jamais cru que le CSV pourrait tant m’amuser », lâche David Wagner, qui n’en revient toujours pas. La menace d’une coalition à quatre (DP–LSAP–déi gréng–déi Lénk) agitée par le président du CSV jeudi soir lors de la cérémonie des vœux du parti à Niederanven a beaucoup inspiré le député déi Lénk David Wagner.

Hier, il s’est fendu d’une réponse aussi cinglante qu’amusante diffusée sur les réseaux sociaux, lui qui d’ordinaire fiche la paix au CSV, comme il l’écrit. Il s’adresse à son «cher CSV», en le tutoyant comme on parle à un vieil ami accoudé au comptoir. Un ami à qui l’on doit remettre les pendules à l’heure parce qu’il «semble avoir un problème» et il ne concerne pas «le porte-parole de sa très droitière politique étrangère, « The Lori »», ironise le député en parlant de Laurent Mosar qui commente abondamment sur internet l’actualité internationale en débordant sur les plates-bandes de l’extrême droite.

Cette fois c’est bien Marc Spautz qui inquiète le député. David Wagner décoche ses flèches avec un réel plaisir en direction du président du Parti chrétien-social qu’il moque allégrement pour sa naïveté de croire encore à saint Nicolas. Le malheureux aurait donc cette fois «des visions», de celles qui obligent à aller «consulter un médecin».

Pas très charitable, le député poursuit son pamphlet en rappelant au CSV qu’il a comme seule ambition de récupérer «son jouet», c’est-à-dire le pouvoir, et qu’il n’a pas grand-chose à mettre en avant, à part peut-être «Lori», qui ne trouve pas plus grâce aux yeux du député.

«Mais mentir est un péché», prévient-il. Pas question que le président Spautz aille raconter à qui veut l’entendre que déi Lénk est prête à s’engager aux côtés des trois partenaires actuels de la coalition, car «c’est un mensonge».

«Manœuvre délibérée»

Or le CSV, selon David Wagner, n’a pas besoin d’en arriver là pour «récupérer le gouvernement». Il lui suffit de faire le minimum «et ça viendra tout seul», sans trop se fouler. David Wagner s’est bien moqué, mais il n’est pas le seul. Sur les ondes de RTL Radio hier matin, le président de la fraction parlementaire socialiste, Alex Bodry, a pensé à carnaval avant l’heure en entendant les derniers faits d’armes de Marc Spautz.

« C’est n’importe quoi! », a déclaré le député socialiste, qui y voit une manœuvre désespérée afin de mobiliser les électeurs. Le CSV semble perdre ses moyens et agite n’importe quel épouvantail pour appeler les électeurs à voter massivement pour lui afin d’affaiblir tous les autres partis en lice et empêcher l’actuelle coalition de se reformer. « La question de la future coalition reste ouverte », dit Alex Bodry, et les trois partis au pouvoir mènent chacun leur campagne sans toujours ramer dans la même direction. Le désaccord entre le DP et le LSAP sur une augmentation du salaire social minimum est déjà inscrit dans la campagne électorale. Il faut imaginer les concessions.

En attendant, Alex Bodry affirme ne pas avoir plus d’affinités avec le DP qu’avec le CSV qui sont tous les deux des concurrents à ses yeux.

Quant au DP, il n’a même pas évoqué le principal parti de l’opposition lors de la cérémonie des vœux qui se déroulait jeudi soir également. Hier, la présidente des libéraux, Corinne Cahen, a sobrement déclaré qu’elle ne voyait pas du tout son parti « sur la même longueur d’onde » que déi Lénk. Et en écho à l’humour grinçant de David Wagner, elle rappellera qu’aucun drapeau africain ne porte les couleurs de la coalition imaginée par Marc Spautz. « Je suppose qu’au CSV le crémant a été servi avant les discours », ajoute-t-elle espiègle.

La campagne est bel et bien lancée et toutes les amabilités qui l’accompagnent.

Geneviève Montaigu

Marc Spautz et ses sources

Le président du Parti chrétien-social se défend d’avoir des visions ou de défiler pour carnaval avant l’heure.

Il se base tout simplement sur un sondage paru dans le Tageblatt en novembre 2017 que David Wagner qualifiait hier de «quiz astrologique». La question posée au panel consistait à savoir quel ministre du Travail ferait le mieux l’affaire dans l’hypothèse d’une coalition à quatre. Le vainqueur était l’actuel ministre Nicolas Schmit. Bingo! Il n’y a pas de fumée sans feu pour Marc Spautz et si une telle question est posée, c’est qu’il y a anguille sous roche, estime-t-il.

En tout cas, il a trouvé le moyen d’exploiter ce sondage.