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Coach parentale : «La charge mentale, c’est le poids de la perfection»


C’est après un voyage au Bénin durant lequel elle a échangé avec des mères que Nadège Fassi a pris la décision de lancer «Maman respire».

À travers un livre et un site nommés «Maman respire», Nadège Fassi, mère de trois enfants, propose d’aider les parents en difficulté.

Trois ans après son deuxième accouchement qui la mènera à un burn-out, Nadège Fassi lance «Maman respire». D’abord un livre de conseils basé sur son histoire, ce projet se transforme en rencontres durant lesquelles cette Luxembourgeoise de 47 ans accompagne et oriente les parents en difficulté.

S’appuyant sur son expérience personnelle, ce coaching, comme elle le décrit, vise à surmonter les nombreux défis auxquels font face les mères et les pères, comme le manque de sommeil, la culpabilité ou encore l’équilibre dans le couple. Tour d’horizon des problèmes que rencontrent les familles et des clés que Nadège Fassi propose.

Qu’est-ce que vous proposez aux femmes qui viennent vous voir car leur enfant ne dort pas ?

Nadège Fassi : Le manque de sommeil, c’est dévastateur. L’une de mes patientes a une fille de neuf mois qui ne dort pas. Elle a tout essayé, mais rien n’y a fait. Quand elle est venue me rencontrer, je lui ai dit : quand tu seras détendue, ton enfant dormira.

Elle était dans un état de stress permanent et je lui ai proposé de faire des temps calmes, de prendre du temps pour elle avec son bébé. Elle a décidé d’aller se promener dans la nature avec son enfant en écharpe. Elle m’a raconté qu’après quelques minutes d’apaisement, sa fille s’était endormie contre elle

Pour moi, la charge mentale, c’est le poids invisible de la perfection. Tout ce qu’on a intériorisé sur le fait d’être une bonne mère produit une pression intérieure. Plus on se sent tendue, plus on est poussée à tout faire pour que ça fonctionne bien, moins ça fonctionne finalement. Il est nécessaire de relâcher, de respirer, de se détendre.

Quelles clés donnez-vous à vos clientes pour lutter contre le fait de se sentir coupable dans l’éducation de leurs enfants ?

Et si ce n’était pas nécessaire de crier ? Et si on pouvait créer une hiérarchie claire dans la relation avec son enfant ? Souvent, on ne s’en rend pas compte, mais les enfants ne savent pas pourquoi ils doivent obéir à un parent. Ce que je recommande, c’est de clarifier ce sentiment de hiérarchie familiale.

Est-ce que l’enfant a conscience de ce qu’est un père ? De ce qu’est qu’une mère ? Quel est le rôle des parents ? Quel est le rôle de l’enfant ? On se rend compte qu’ils acceptent plus facilement nos limites quand on les partage de façon claire et factuelle. Quand on met en place des règles, il y a de moins en moins de tensions et de conflits. Souvent, ce problème de culpabilité vient d’un manque de clarté dans la hiérarchie familiale.

La clé, c’est de respirer, de prendre du recul et de se poser les bonnes questions

Comment arrive-t-on à se dégager du temps quand on devient parent ?

Souvent, je demande aux mères qu’elles me montrent leur emploi du temps. Il est complet ! Elles se lèvent, travaillent, s’occupent des enfants. Ensemble, on regarde là où elles peuvent se dégager du temps. Sont-elles obligées de faire telle ou telle activité ? Comment peuvent-elles se délester ?

La charge mentale joue un rôle fort dans cette manière de remplir son emploi du temps. La clé, c’est de prendre du recul, de respirer, de se poser les bonnes questions et de réajuster sa vie en fonction de ce qu’on désire.

Comment conserver un certain équilibre dans un couple après la naissance d’un enfant ?

Il est essentiel de prendre conscience qu’il y a le couple parental et le couple amoureux. Quand on a clarifié ça, on se rend compte qu’on est appelés à être une équipe. Le problème vient souvent de la communication. Plutôt que de râler et de se fâcher, est-ce qu’on peut apprendre à communiquer en parlant de nos besoins de façon claire ?

Je pense que le problème du couple, c’est vraiment quand les deux personnes n’ont pas pris conscience de la différence entre être un couple parental et être un couple amoureux. Par exemple, il faut que certains hommes se rendent compte qu’ils peuvent jouer leur rôle de père tout simplement sans mériter de récompense de la part de leur femme. C’est un travail à mener au sein du couple que de bien établir les rôles.

Sur votre site, vous parlez de « leadership maternel aligné« . Est-ce que vous pouvez définir cette formule ?

C’est la capacité à faire des choix qui nous ressemblent et à diriger sa vie de famille. Par exemple, je dis à mes enfants et à mon chéri que je sors avec mes copines tous les vendredis soirs, car j’ai besoin de respirer. J’accepte aussi le fait qu’ils ne soient pas d’accord, j’accepte le fait qu’ils soient en colère, j’accepte le fait de laisser mon mari s’occuper des enfants s’ils sont malades…

a a l’air simple, mais c’est un cheminement parfois dur à tenir. Il faut oser le faire. En fait, je laisse un vide, mais mon mari va trouver sa façon de faire, ma famille va s’ajuster. Mais il faut que j’ose libérer cela, que j’ose rester dans cette direction que j’ai décidée.

Pour moi, le leadership maternel, c’est vraiment cette capacité à me rendre compte que la puissance de mon rôle de mère ne réside pas dans le sacrifice, mais dans le lâcher-prise, dans cette certitude intérieure que, de toute façon, je suis déjà une bonne mère.