Burn-out digital, problèmes de santé et maladies… Les nouvelles technologies et le réchauffement climatique imposent de nouveaux défis et risques aux travailleurs. Mais des solutions existent pour y faire face.
Avec l’arrivée de toujours plus de nouvelles technologies et les conséquences toujours plus nombreuses du réchauffement climatique, le monde du travail doit faire face à beaucoup de changements et de défis. Alors, comment rendre les lieux de travail plus résilients pour en faire des environnements professionnels où les employés peuvent faire face efficacement à ces défis, s’adapter aux changements et se remettre des difficultés? C’est la question à laquelle ont tenté de répondre différents professionnels des services de santé au travail du Luxembourg lors du Forum sécurité-santé au travail.
«Dans le secteur tertiaire, ce qui nous touche le plus, c’est surtout le digital burn-out», souffle le Dr. Patrizia Thiry de l’ASTF. Les nouvelles technologies amènent avec elles une accélération du travail. Les employés sont constamment interrompus par des notifications, ils se doivent d’être toujours disponibles et flexibles, font du multitasking (NDLR : travail multitâche), et la frontière entre leur vie privée et leur vie professionnelle disparaît de plus en plus. «Si les technologies évoluent, notre cerveau, lui, est resté le même. Nous n’arrivons plus à suivre.»
Résultat, la concentration et la motivation dysfonctionnent, ce qui entraîne des comportements compensatoires, une perte d’appartenance et de sécurité, un sentiment d’impuissance ou encore un manque de dopamine. Pire encore, l’anxiété peut engendrer des symptômes physiques dérangeants. Mais fort heureusement, des remèdes existent : «Il faut rendre le focus possible, bien gérer le télétravail, avoir un bon esprit d’équipe, une bonne gestion des conflits et rendre visible le lien affect-résultat», énumère la docteure.
Transformer le travail grâce à l’ergonomie
Et même si les nouvelles technologies créent de telles problématiques chez les salariés, elles peuvent également être de précieux outils pour améliorer leur vie au travail… Mais seulement si elles sont bien utilisées et adaptées. Alors que l’usage d’une IA peut amoindrir la charge de travail et réduire les tâches répétitives, les exosquelettes peuvent de leur côté assister les mouvements ou redistribuer les forces des travailleurs pour les aider dans leurs tâches physiques. Et bien sûr, le travail hybride est quant à lui devenu un incontournable.
«Mais même si on a l’impression que les nouvelles technologies sont magiques, il faut être vigilant», expliquent Ayşe Kaya et Ingrid Lempereur du STM. Car, mal adaptée, une IA peut détériorer les conditions de travail, créer des pertes d’emploi et avoir des conséquences désastreuses, tandis que le télétravail peut amener de l’isolement, de la sédentarité ou encore des problèmes physiques et oculaires.
Il faut donc faire attention à leur mise en place. C’est là le rôle de l’ergonomie : «Pourquoi? Parce qu’elle contribue à la transformation du travail en tenant compte de la santé, de la sécurité et du confort des travailleurs, mais également du fonctionnement et de l’amélioration des entreprises.» Les ergonomes sont là pour analyser les besoins, accompagner et sensibiliser salariés et employeurs.
40 % des travailleurs impactés
Les nouvelles technologies ne sont pas les seules à bouleverser le monde du travail, le changement climatique y apporte également son lot de problématiques. «Les conséquences du réchauffement climatiques ont une incidence sur le travail car elles transforment les environnements de travail, en plus de créer des inégalités entre les secteurs et les populations», rappelle Clément Bolzinger, technicien prévention au sein du STI.
Selon les données de l’Organisation internationale du travail (OIT), 40 % des travailleurs de l’UE sont impactés par le changement climatique. «Les plus touchés sont bien sûr ceux qui travaillent à l’extérieur», souligne Anne Matz, infirmière du STI. Fortes chaleurs, rayonnement ultraviolet, maladies vectorielles, exposition aux produits agrochimiques, pollution de l’air et froid extrême sont autant de conséquences du réchauffement climatique, qui exposent les travailleurs concernés à des risques plus élevés de problèmes de santé et de maladies. «Les travailleurs en intérieur ne sont pas épargnés non plus si les locaux ne sont pas adaptés.»
Des mesures sont à mettre en place pour prévenir ces risques : matériel, aménagement des lieux de travail, replanification des horaires de travail, formation des employés et suivi des alertes. «Les dispositifs de santé au travail et de prévention doivent aussi s’adapter à ces nouveaux risques, des risques qui sont souvent mal connus ou mal documentés, et l’évaluation des risques est à réinventer», appuie Clément Bolzinger.